La démocratie est en crise, un modèle remis en question, notamment par les partisans de la démocratie délibérative. D'autres contre-modèles s'élèvent aussi contre la démocratie représentative; comme la démocratie néo-républicaine ou la démocratie agnostique. Nous allons donc commencer par l'analyse de la théorie néo-républicaine avant de poursuivre avec le modèle agnostique notamment pensé par Chantal Mouffe.
[...] Reprenant des éléments de l'idéal délibératif, Pettit déclare, que « les contestations avancées sur la base d'un débat ont en revanche ceci de séduisant qu'elles sont accessibles à tous ceux qui sont en mesure d'avancer des arguments plausibles à l'encontre de l'orientation prise par le processus de décision politique. » Si Pettit reprend à son compte républicain le paradigme délibératif en l'amendant sur le mode de la contestation, il ajoute que si la démocratie doit être effectivement délibérative, elle doit à plus forte raison être inclusive. L'inclusivité est une condition nécessaire à la contestabilité. Reprenant les thèses de la philosophe Iris Marion Young, Pettit va dans le sens d'une représentativité réelle des groupes dominés. Il s'agit bien de faire entendre toutes les voix qui existent dans la communauté. [...]
[...] » Ce qu'écrit Pettit à l'égard de la contestation peut faire apparaître l'idée selon laquelle les groupes ou individus dominés ou défavorisés pourraient désavouer les décisions prises contre leur intérêt ou sans avoir entendu leurs revendications. Une telle modalité politique pourrait être une voie intéressante pour engendrer une certaine égalité politique qui évite les écueils de la règle de la majorité ou encore de l'aveuglement aux rapports de force que l'on retrouve dans le citoyennisme ou dans le modèle considéré parfois comme trop formel et abstrait, et donc trop excluant, de la démocratie délibérative. Pettit joue ainsi la démocratie délibérative contre la démocratie délibérative pour amender le modèle. [...]
[...] Le seuls consensus recommandé par Mouffe est le consensus sur les procédures démocratiques, tout le reste peut rentrer dans le cadre d'un conflit politique entre adversaires. Dans son dernier livre, « Pour un populisme de gauche », Mouffe, refroidie par le succès des populismes de droite et l'enlisement de la gauche, vient modifier sa thèse en suggérant que le clivage gauche/droite n'est plus suffisant et qu'il faut repenser un clivage peuple/oligarchie. Pour qu'il soit véritablement émancipateur, démocratique et anti-autoritaire, il faut que ce populisme soit de gauche et s'oppose à celui de droite. [...]
[...] L'antagonisme devient alors agonisme. Pour Chantal Mouffe, une démocratie pluraliste et cohérente ne peut être qu'agonistique. Elle écrit : « les conflits antagonistiques sont moins susceptibles d'émerger dès lors qu'il existe des circuits politiques légitimes qui permettent aux voix dissidentes de s'exprimer. » Samuel Hayat dans son article et dans une inspiration agonistique, rappelle que la politique citoyenniste oublie que la démocratie s'organise autour de la division du corps politique, et cette division, je cite « est nécessaire car sans elle les antagonismes qui traversent la société ne trouvent pas d'expression, de mise en visibilité. [...]
[...] » Si Fung propose une version contestataire de la démocratie délibérative, il oublie selon Le Goff que ce modèle peut être intégré au sein même de la contestation. Comme le montrent certains travaux de sociologie des mouvements sociaux, la démocratie délibérative pourrait être intégrée au sein de ses mouvements. Reprenant la thèse de la sociologue Francesca Polletta, Le Goff écrit qu' « en donnant aux individus un rôle dans la prise de décision, on leur donne un plus grand rôle dans le succès du groupe de sorte qu'ils s'attachent davantage à la survie de ce dernier. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture