Populisme, démocratie, modèle citoyenniste, Samuel Hayat, représentativité, clivage droite gauche, technocratie, discriminations sociales, Chantal Mouffe, Philippe Petit, démocratie délibérative, inégalité politique, activisme, démocratie agonistique
La démocratie est en crise, un modèle remis en question, notamment par les partisans de la démocratie délibérative. D'autres contre-modèles s'élèvent aussi contre la démocratie représentative, parfois appelés citoyennistes et qui ont fait émerger à grande échelle la proposition du RIC pendant le mouvement des Gilets jaunes. Dans un billet ultra stimulant, le politise Samuel Hayat note que cette revendication en partie justifiée contre le modèle représentatif n'est que le revers de la médaille néolibérale puisqu'elle se repose elle aussi sur un refus des idéologies, des affiliations partisanes incarnées par exemple par le clivage droite/gauche.
[...] De son côté, le populisme de droite en profite pour faire émerger un modèle nous contre eux. Nous le peuple contre eux l'élite, souvent accompagné du nous le peuple contre eux, les étrangers. Mouffe écrit « quand une politique démocratique a perdu sa capacité à mobiliser le peuple autour de projets politiques distincts et qu'elle se limite au bon fonctionnement du marché, tous les éléments sont réunis pour permettre aux démagogues d'exprimer la frustration populaire. » Une démocratie qui n'oublierait pas le politique et qui s'appuie sur le conflit permet alors d'apprivoiser les antagonismes à travers de procédures que Mouffe appelle agonistiques ; il s'agit de transformer des relations entre ennemis en des relations entre adversaires. [...]
[...] Pour Pettit, le gouvernement doit répondre de ses actes. Pour ce faire, et dans le cadre d'une démocratie de contestation, les citoyens concernés doivent pouvoir s'organiser en organisations capables de rendre visible à l'opinion publique les préoccupations qui sont les leurs. Il s'agit d'offrir à ces coalitions ou organisations contestataires un forum apte à les rendre visibles. Il ne s'agit en rien de donner une image « héroïque » ou « spectaculaire » à ce forum, mais de donner la possibilité institutionnelle de contester la législation. [...]
[...] Dans son dernier livre, « Pour un populisme de gauche », Mouffe, refroidie par le succès des populismes de droite et l'enlisement de la gauche, vient modifier sa thèse en suggérant que le clivage gauche/droite n'est plus suffisant et qu'il faut repenser un clivage peuple/oligarchie. Pour qu'il soit véritablement émancipateur, démocratique et antiautoritaire, il faut que ce populisme soit de gauche et s'oppose à celui de droite. Radicaliser la démocratie, en ce sens, c'est faire en sorte que l'émancipation, la liberté et l'égalité, promise par la démocratie libérale soit effective pour tous et non pour quelques-uns. [...]
[...] Pour Chantal Mouffe, le consensus ne fait au final que refouler antagonismes et risque de provoquer après coup des conflits bien plus importants et violents. Une démocratie qui revient aux sources de ce qu'est le politique, fondée sur la mise en avant des conflits et reflétant les antagonismes serait la seule manière, pour Mouffe, de penser et de faire vivre une démocratie véritablement radicale et plurielle. Dans son livre « L'illusion du consensus » et qui résume sa pensée initiée depuis l'ouvrage « Hégémonie et stratégie socialiste » coécrit avec Ernesto Laclau, Mouffe rappelle que le propre du politique est de faire émerger des antagonismes et des adversaires dans une lutte pour le pouvoir. [...]
[...] À cet égard, la philosophe française Alice Le Goff apporte des éléments précieux. Le Goff cherche à penser les liens qui peuvent unir la démocratie délibérative et ce qu'on peut appeler la démocratie de contestation ou peut-être bien la démocratie contestative, à travers notamment les mouvements sociaux ou les formes d'activismes. En effet, aux égards de la contestation sociale et de l'activisme militant, Le Goff note que si l'amendement du paradigme délibératif par Pettit est intéressant, son caractère officiel et institutionnel fait toujours obstacle à une existence authentique des mouvements sociaux contestataires. [...]
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