“Populisme” est un terme générique, qui ne permet pas de comprendre l'essence même du populisme en Amérique Latine, si une telle essence existe. En effet, comment définir le terme « populisme » de manière à pouvoir comparer différents mouvements revêtant à la fois similitudes et disparités? Deux angles d'approche complémentaires ont été adoptés pour capturer la signification du terme populisme, un se concentrant en priorité sur ses caractéristiques supposées inhérentes (telles que coalitions électorales, leader charismatique, style corporatif), l'autre sur l'importance de la conjoncture historique (Cammack 2000). L'aspect dynamique de ce dernier est plus approprié pour refléter la contingence du populisme, et c'est celui qui sera ici utilisé. Ainsi, le populisme est une réponse à une certaine conjoncture historique, caractérisée par un vide politique et la montée de nouvelles classes sociales. Mais il ne faut pas réduire le populisme à une simple « coalition verticale dont la raison d'être n'est que l'intégration des masses populaires sans réellement modifier le système existant » (Stein 1980, 6). Autrement dit, si le projet populiste semble être au premier abord l'intégration des classes populaires afin de mieux les contrôler, ces dernières ne doivent pas être considérées que passives dans le processus : le moment populiste n'a été rendu possible que par un mariage d'intérêt dans une conjoncture historique particulière.
[...] Le populisme est alors la création un nouvel ordre social (dans le sens d'organisation sociale) afin de favoriser l'ordre (dans le sens de stabilité), nécessaire au développement économique. Les populistes ont donc trouvé une alternative viable au modèle d'accumulation et aux institutions politiques et sociales qui étaient devenues un obstacle au développement capitaliste (Cammack 2000, 6). Mais l'ordre n'est pas maintenu par un simple mécanisme de contrôle social comme Stein (1980) le propose. La notion de contrôle social implique une relation à sens unique, pose la masse comme agent passif et non-acteur. [...]
[...] Quels ont été les facteurs déclencheurs de l'industrialisation dans les différents pays d'Amérique latine ? L'histoire économique du continent depuis l'indépendance est inextricablement liée au reste du monde. Avant la Première Guerre mondiale, le développement du commerce basé sur la division internationale du travail a permis de poser les bases futures pour le développement industriel, en ouvrant les marchés et en construisant des infrastructures telles que les chemins de fer (Conde 1992). Néanmoins, ceci a fragilisé les économies latino-américaines en les rendant dépendantes sur un ou plusieurs produits premiers (le mais et le blé pour l'Argentine par exemple), augmentant par la même leur vulnérabilité aux chocs extérieurs. [...]
[...] Roberto Cortes Conde, “Export-Led Growth in Latin America: 1870-1930,” Journal of Latin American Studies 24 (1992 Supplement): 163-179. Richard Graham, Independence in Latin America. A Comparative Approach (New York: McGraw-Hill 1994: 136-157.) Daniel James, Resistance and Integration: Peronism and the Argentina Working Class, 1946-1976 (Cambridge: Cambridge U. Press, 1988: 7-40.) Benjamin Keen and Keith Haynes, A History of Latin America, vol Independence to the Present, 7th edition (Boston: Houghton Mifflin, 2004.) Steve Stein, Populism in Peru: The Emergence of the Masses and the Politics of Social Control (Madison: U. [...]
[...] Le populisme est donc un mouvement urbain pour les classes moyennes et supporté par les classes moyennes. Ainsi, malgré la rhétorique de la propagande d'APRA, son premier souci est resté les classes moyennes (Keen et Haynes 2004, 410). De plus, selon Haya de la Torre, la classe ouvrière péruvienne, rurale ou urbaine, n'avait pas la conscience de classe nécessaire et la maturité pour prendre en main la future révolution (Ibid.) Cette nouvelle vision de l'ordre des populistes doit incorporer la vision et les intérêts de l'autre nouveau groupe social issu de l'industrialisation, la classe ouvrière. [...]
[...] En effet, comment définir le terme populisme de manière à pouvoir comparer différents mouvements revêtant à la fois similitudes et disparités? Deux angles d'approche complémentaires ont été adoptés pour capturer la signification du terme populisme, un se concentrant en priorité sur ses caractéristiques supposées inhérentes (telles que coalitions électorales, leader charismatique, style corporatif), l'autre sur l'importance de la conjoncture historique (Cammack 2000). L'aspect dynamique de ce dernier est plus approprié pour refléter la contingence du populisme, et c'est celui qui sera ici utilisé. [...]
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