Populisme, peuple, convictions religieuses, déni de démocratie, exclusion, intolérance, classes populaires, stigmatisation d'une population, démocratie, crise de la démocratie, élites politiques, crise financière, guerre froide, mondialisation, multiculturalisme, démocrates, crise économique, crise identitaire, crise politique, peuple-nation
L'objectif premier des populistes est de rapprocher les gouvernés des gouvernants. Pour ce faire, ils ont recours à l'opposition, en marquant un clivage entre les élites politiques et le peuple. Ils se montrent proches de ce dernier, les seuls représentants à même de comprendre les difficultés, peurs et volontés de ceux qui les suivent. En France, le terme populiste ne fait son apparition qu'en 1929, tandis qu'il était déjà ancré depuis plusieurs années dans les langues américaine (populism), allemande (Volk), etc. Antérieurement, il n'y avait dans la langue française pas d'appellation globale qui pouvait rassembler par exemple le boulangisme, le bonapartisme, ou encore le poujadisme. Ce caractère abstrait entraîne donc, aujourd'hui encore, un usage abusif. Très péjoratif, le populisme à la particularité de n'être revendiqué par personne, ce qui achève de rendre sa définition équivoque.
[...] Y a-t-il une légitimité à vouloir éliminer ces groupes fermés et dissidents ? La question ne peut pas véritablement être tranchée, car le populisme, en se faisant la critique des régimes et de leurs corps intermédiaires, la voix et le soutien du peuple, est une composante inhérente de la démocratie. Eric Hobsbawm dans Nation et nationalisme depuis 1780 va jusqu'à dire que « l'action même de démocratiser le politique, c'est-à-dire de transformer les sujets en citoyens, tend à produire une conscience populiste » 8 Bibliographie 1Taguieff, P., Le nouveau national-populisme, Paris, CNRS éditions 2Valéry, P., Regards sur le monde actuel, Paris, Gallimard p « Nous n'admettons pas facilement que ceux qui ne pensent pas comme nous aient le même droit que nous à exercer leurs professions, parce que, pensons-nous, ce serait donner un droit égal à la vérité et à l'erreur. [...]
[...] C'est donc intelligible qu'il se développe davantage à mesure que les pays s'ouvrent à la mondialisation, au libre commerce et au multiculturalisme. L'Europe est ainsi l'incarnation de ce que ces partis redoutent le plus : une acculturation, la dilution de l'identité sur un territoire trop vaste et trop peuplé pour un jour espérer être un. Pour maintenir le peuple unifié, les populistes ont recours à a la persuasion, à l'instrumentalisation des émotions, de la peur de l'autre. Néanmoins, faut-il continuer d'exclure systématiquement du débat public les partis populistes ? [...]
[...] Qu'est-ce que le "populisme" aujourd'hui ? « Le populisme selon Taguieff, avant d'être de droite ou de gauche, avant d'être un contenu programmatique, est un discours structuré autour de la notion centrale d'« appel au peuple »1. En effet, nous pouvons retrouver autant dans le parti de gauche radicale La France Insoumise que dans celui d'extrême droite le Rassemblement National cette velléité de s'adresser au peuple, se rapprocher de lui : Marine Lepen utilise la formule « au nom du peuple », tandis que Mélanchon parle de « la force du peuple ». [...]
[...] Si théoriquement le pluralisme d'idées est un principe démocratique, il suffit parfois de cataloguer un discours de « populiste » pour le discréditer, le faire taire. Cependant, au lieu de stigmatiser toujours plus les partis populistes, il pourrait être préférable d'engager un dialogue avec eux, leur donner une parole publique pour d'une part désamorcer leur sentiment grandissant d'être laissés pour compte, et d'une autre leur présenter un véritable débat susceptible de faire fléchir leurs idées, rancœurs et convictions. Car le populisme s'appuie sur différentes passions : la première, l'émotion dite de position : c'est la colère de ne pas être reconnu, d'être abandonné par les puissants. [...]
[...] Les populistes les encouragent, voire les propagent carrément. Enfin, il y a l'émotion d'intervention, lorsque la passion des foules est telle que les populistes les invitent à chasser les gouvernements en place (Trump). Ainsi, engager un dialogue avec les partis populistes pourrait endiguer au moins les émotions de position et d'intellection. Mais si les démocrates et les populistes sont autant opposés et si peu enclins à discuter, c'est que, comme le dit Hermet, ils « se disputent le peuple »4. [...]
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