A un an des élections présidentielles en France, la presse ne manque pas de dénoncer la tentation populiste à laquelle cèdent certains candidats en compétition. En effet, les deux candidats actuellement en tête des sondages, Ségolène Royal (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP), se livrent, selon d'éminent politologue comme Guy Hermet, à des pratiques qualifiées de populistes ; l'une projetant de mettre en place des « jurys populaires » pour « redonner la parole au peuple » qui encadrerait l'action des élus, et l'autre déclarant à ses derniers meetings qu'« aller contre [lui], c'est aller contre l'opinion populaire » . Rappelons qu'il y a seulement quelques années, seul Jean-Marie Le Pen, le leader du Front National (FN), parti d'extrême droite, avait l'apanage de telles pratiques.
Il se pourrait alors que l'on observe, dans nos démocraties contemporaines, une banalisation de l'utilisation du concept de « populisme ». Mais qu'entend-on réellement par « populisme » ? Selon une définition de Pierre-André Taguieff, « le populisme ne s'incarne ni dans un type de régime politique, ni dans des contenus idéologiques déterminés » . Une approche complémentaire permet d'affirmer que le populisme est “un style politique susceptible de mettre en forme divers matériaux symboliques et de se fixer sur de multiples lieux idéologiques” . Ses détracteurs le présentent comme un phénomène dangereux pour les institutions et les pratiques démocratiques. Les partisans de ce terme opposent à cette critique le fait que le populisme constitue un élément de nature à conditionner l'exercice de la démocratie. Cependant, détracteurs et partisans avoueront en choeur que la notion de « populisme » est ambiguë au point qu'elle n'admet aucune définition unique et scientifiquement valable.
Il nous faudra alors déterminer en quoi le populisme peut-il être appréhendé comme une menace pour la démocratie mais également comme faisant partie intégrante du jeu politique démocratique ? Il sera alors intéressant d'étudier, dans un premier temps, le populisme comme une pratique déviante des pratiques démocratiques communément admises (I), en évoquant les caractéristiques et les dangers du populisme mis en exergue par une telle analyse. Une deuxième partie étudiera comment le populisme s'est peu à peu ancré dans la démocratie jusqu'à se revendiquer porteur de la nature même de la démocratie.
[...] En cela, les partis à tendance populiste ne peuvent être caractérisé de démocratiques Néanmoins, le fond de commerce idéologique que constitue la notion de peuple est donc une caractéristique clé pour comprendre les mouvements dits populistes et pour légitimer la rhétorique populiste selon laquelle il est possible de résoudre tous les problèmes sur l'instant à condition de neutraliser les élites qui bloqueraient la volonté de changement du peuple. C'est cette rhétorique simpliste et propre au populisme qui lui permet de s'intégrer au jeu politique démocratique à la vue de l'audience qu'elle lui octroie. B La démagogie, un moyen d'infiltrer le jeu politique En plus de constituer une pratique déviante et dangereuse, le populisme est négation même de l'art de la politique [qui consiste en] l'utilisation du temps et de la ruse”[29]. Son succès découlerait de l'assentiment populaire remporté en tirant “profit [des] émotions [du peuple]”[30]. [...]
[...] p.1 / p.67 Guy Hermet, op cit. p.8 / p.46 Guy Hermet, La trahison démocratique, Flammarion Annie Collovald, op cit. p.1 / p.27 Yves Meny, Yves Surel, op cit. p.5 / p.194 Annie Collovald, op cit. p.1 / p.26 Guy Hermet, La trahison démocratique, op cit. p.10 / p.2 Yves Meny, Yves Surel, op cit. [...]
[...] Les citoyens perçoivent mal les fruits de la mondialisation et commencent à douter de la démocratie représentative. La crise économique persistante que connaît nos démocraties contemporaines et dont la manifestation la plus évidente est le maintient du chômage à un niveau élevé est un contexte favorable à l'essor des mouvements populistes. Ces derniers stigmatisent les élites en place considérées comme incompétentes et donc responsables. En profitant ainsi d'un contexte de crise, ces mouvements nourrissent leur audience en pointant du doigt la faiblesse de la démocratie et peuvent, de ce fait, la mettre en danger. [...]
[...] Ses détracteurs le présentent comme un phénomène dangereux pour les institutions et les pratiques démocratiques. Les partisans de ce terme opposent à cette critique le fait que le populisme constitue un élément de nature à conditionner l'exercice de la démocratie. Cependant, détracteurs et partisans avoueront en choeur que la notion de populisme est ambiguë au point qu'elle n'admet aucune définition unique et scientifiquement valable. Il nous faudra alors déterminer en quoi le populisme peut-il être appréhendé comme une menace pour la démocratie mais également comme faisant partie intégrante du jeu politique démocratique ? [...]
[...] A Le notion fondatrice du populisme Pour tenter de conceptualiser le populisme, il faut revenir aux diverse interprétations du mot qui est même chargé d'une pluralité de sens”[24]. Ainsi, il se décline ne tant que “peuple- souverain”, “peuple-classe,” “peuple-nation”. Rappelons que le populisme n'est pas un système de pensée organisé. Il est ascientifique voire anti- scientifique, à tel point qu'on a pu parler à son égard d'une pensée molle Il demeure toutefois une dynamique idéologique construite autour de trois propositions : le peuple est le fondement de la communauté, sa supériorité légitime est bafouée par certains [ . [...]
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