Sujet : "Choisissez un exemple de nationalisme balkanique majoritaire ou minoritaire et décrivez son histoire, ses principales caractéristiques ethniques et confessionnelles, son projet politique. Analysez-le à la base de la conception de W. Kymlicka du pluralisme libéral et des théories de l'ethnicité."
Dans cet essai, il sera question de l'identité des Pomaks : comme nous le verrons, il s'agit d'un groupe à l'identité incertaine, à l'identification délicate. Ils existent en tant que groupe puisque l'on peut les désigner comme "Pomaks", comme "Bulgares Mahométans", comme "Bulgares musulmans", etc. Néanmoins, dire qu'ils sont un groupe revient à les distinguer de la majorité bulgare : sur quel(s) critère(s), pour quelle(s) raison(s) ? En quoi sont-ils différents des Bulgares? Leur ‘groupe' est-il un peuple, une ethnie, une nation ? Le choix de traiter d'une telle minorité s'explique par la difficulté pour tous les auteurs de définir son identité. Peut-on vraiment parler de nationalisme balkanique ? Pour cela, on suppose un projet politique : quel est-il ? Dans les Balkans, le panorama ethnoculturel peut s'illustrer par un ethnobaromètre qui permet une classification sommaire des minorités et de leurs revendications vis-à-vis de la majorité à laquelle elles sont confrontées.
[...] Après 1989, il n'est donc pas surprenant que la politique ethnique change radicalement. Il n'est plus question d'assimiler de force les différentes ethnicités au sein d'une nation bulgare homogénéisée à outrance. Néanmoins, la Bulgarie est un pays à majorité forte : les bulgares orthodoxes[5] constituent près de 80% de la population. La question de l'intégrité de la culture majoritaire face à l'acceptation des autres cultures est donc importante : si l'assimilation est hors de question, il ne s'agit pas non plus d'encourager les Turcs de Bulgarie, les Pomaks, les Macédoniens et autres à préserver leur culture, à la rendre im perméable à la culture majoritaire. [...]
[...] Michail, “From ‘locality' to ‘European identity': shifting identities among the Pomak minority in Greece”, Ethnologia Balkanica No pp. 139–158. Voir: John Rex, “Ethnic Mobilization in a Multicultural Society,” Innovation in Social Sciences Research p.72. Regions, minorities and European policies: A state of the art report on Muslim Minorities (Turks and Pomaks) in the Central South Planning Region”, Op. cit. p.25. Maria Todorova, “Identity (Trans)Formation among Bulgarian Muslims,” in Beverly Crawford and Ronnie D. Lipschutz, eds. The Myth of Ethnic Conflict: Politics, Economics, and Cultural Violence (Berkeley: International and Area Studies) p.500. [...]
[...] Les Pomaks sont perçus comme des Bulgares égarés et non plus comme des descendants de colons ottomans. Dès lors, les politiques bulgares affectent les Turcs et les Pomaks différemment : les premiers sont incités à émigrer quand les autres sont incités à rester (et où iraient-ils par ailleurs : ils parlent bulgare). Les politiques de bulgarisation des noms touchent d'abord les Pomaks (dès 1942), et sont seulement ensuite étendues aux Turcs. Le revival process i.e. la reprise de ces politiques par le régime communiste, a tout de même permis que certaines générations pomaks voient leurs noms changer cinq à six fois. [...]
[...] Le principe des théories du groupe d'intérêt est que l'ethnicité est utilisée pour exercer une influence sur les politiques sociales et économiques. Elle est en fait une solidarité de groupe émergeant dans des situations conflictuelles entre des individus ayant des intérêts matériels en commun La différence entre ethnicité et classe est finalement la nature des liens unissant les individus : l'ethnicité comporte une dimension affective concrète. Bell estime d'ailleurs que c'est ce qui fait de l'ethnicité un facteur de mobilisation efficace : elle allie intérêts et affectif. De ce fait, elle est moins abstraite que la classe. [...]
[...] The group interests of Pomaks were seemingly focused on the manifestation and the preservation of their religious and cultural rights, on the one hand, and on the improvement of their economic situation, on the other. The reluctant attitude of the community towards its own ethnic identity induced the specialists in the field both Bulgarian and foreign ones to agree that at the moment the Pomak's identity was not only fluid but in a process of formation as well.”[30] Les conditions économiques et sociales des Pomaks : des revendications qui nécessitent une mobilisation Les régions à majorité musulmane, et notamment les Rhodopes, ont été parmi les plus touchées par la crise des années 1990. [...]
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