La révolte des Antilles le 30 janvier dernier a ouvert encore une fois (sous couvert de motifs économiques : coût de la vie trop chère, baisse du pouvoir d'achat, etc.) la fracture profonde qui existe et qui date de la colonisation entre esclaves et négriers Blancs (les « békés »). Cette nouvelle manifestation de violence montre que les politiques, désignant de manière générale les différents modes d'action publique qui visent à avoir un effet sur un problème donné, ont échoué en tentant de faire accepter l'histoire coloniale par les descendants des esclaves. On élargit ici le problème et l'on constate qu'il en va de même de manière plus générale pour les descendants des victimes de grands crimes perpétrés au cours de l'Histoire, qui même s'ils n'ont pas manifesté de manière aussi violente et aussi explicite, ne méritent pas moins que les autres les moyens nécessaires à l'acceptation de la partie douloureuse de leur histoire.
La mémoire est le processus mental qui permet de se ré-évoquer des souvenirs révolus. Les politiques de la mémoire visent à défendre une mémoire collective contre l'oubli, conçus comme un moyen de lutter contre les crises évoquées plus haut et de manière plus générale contre le ressentiment . «Ressentiment qui peut être aussi le sentiment renouvelé et intensément vécu de la chose inexpiable; un ressentiment qui proteste contre une amnistie morale qui n'est qu'une honteuse amnésie... l'oubli serait ici une grave insulte...» (V. Jankélévitch, L'Imprescriptible, pardonner). L'enjeu central des politiques mémorialistes se résume pourtant ainsi : il faut faire accepter l'Histoire aux victimes. Il faut malgré tout remarquer qu'il existe un problème inhérent aux politiques mémorialistes : il s'agit en effet de faire accepter l'Histoire, autrement dit, d'agir activement sur un processus qui est par définition passif, on n'ordonne pas d'oublier et de pardonner. Au-delà de cela, le problème est bien plus complexe qu'il n'en a l'air, en effet, où situe-t-on la limite entre acceptation et oubli?
[...] Un décret avait été adopté en 1983 qui prévoyait l'instauration le avril de chaque année ou à défaut, le jour le plus proche, une heure consacrée à l'abolition de l'esclavage dans toutes les écoles primaires, les collèges et les lycées.». Malheureusement, ce décret est resté dans l'opinion française comme fondamentalement associé à «l'outre-mer». Analyser le procès de Barbie en utilisant de Alain Finkielkraut, La Mémoire vaine. Du Crime contre l'humanité, Gallimard 1989. a dit un peu vite de ce procès qu'il fut une grande leçon d'histoire . [...]
[...] Cela semble a priori très dangereux comme ne le verrons dans une seconde partie, mais ne peut être malgré tout totalement dénigré. Le devoir de mémoire constitue un impératif, une obligation morale qui désigne une obligation, par son lien avec l'histoire collective, quelque chose qui se doit d'être universellement valable pour répondre aux victimes. Nous verrons ici pourquoi le devoir de mémoire est un enjeu à la fois intemporel et actuel. Le devoir de mémoire concerne chacun de nous de manière intemporelle d'une part. [...]
[...] pour tenter de réfléchir sur une forme viable de politique mémorielle. Différents moyens peuvent être mis en place, moyens qu'Antoine Garapon divise en trois. La première catégorie de moyens est les moyens symboliques qui expriment le remords, c'est l'exemple de la repentance, l'acte public de contrition ou encore l'érection de monuments à la mémoire de communautés oubliées ou victimes d'événements tragiques. Le deuxième moyen est le politique pur, il vise à l'acceptation en tâchant de gommer les traces visibles d'injustices, qui témoignent encore d'un héritage historique négatif. [...]
[...] On élargit ici le problème et l'on constate qu'il en va de même de manière plus générale pour les descendants des victimes de grands crimes perpétrés au cours de l'Histoire, qui même s'ils n'ont pas manifesté de manière aussi violente et aussi explicite, ne méritent pas moins que les autres les moyens nécessaires à l'acceptation de la partie douloureuse de leur histoire. La mémoire est le processus mental qui permet de se ré-évoquer des souvenirs révolus. Les politiques de la mémoire visent à défendre une mémoire collective contre l'oubli, conçue comme un moyen de lutter contre les crises évoquées plus haut et de manière plus générale contre le ressentiment . «Ressentiment qui peut être aussi le sentiment renouvelé et intensément vécu de la chose inexpiable; un ressentiment qui proteste contre une amnistie morale qui n'est qu'une honteuse amnésie . [...]
[...] Ce signe permet aux populations victimes ou à leurs descendants de mieux trouver leur place au sein de la nation, d'une part, et de dédiaboliser les individus ou groupes toujours affectés de culpabilité. Il faut malgré tout distinguer responsabilité et culpabilité. Tout les problèmes prennent source dans la difficulté à distinguer ces deux termes, distinction qui est pourtant la clé de la troisième phase d'acceptation, la réparation. Selon l'historien Ali Mazrui, la culpabilité ne se transmet pas de génération en génération au contraire de la responsabilité. La culpabilité est fortement connotée péjorativement, tandis que la responsabilité est dénuée théoriquement d'affects négatifs. [...]
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