Depuis l'Indépendance du Maroc en 1956, la monarchie chérifienne donne l'image d'une autorité forte et immuable, alors que le pays a connu, en 50 ans, d'importantes transformations économiques, sociales et politiques. En faisant se rejoindre la sphère politique et la sphère religieuse, le souverain marocain, « commandeur des croyants » légitime cette autorité, tout en opérant un contrôle assez large sur l'Islam. Mais, la construction du système politique marocain, originale, n'en est pas moins récente et sujette à des changements.
[...] Mohammed VI semble abandonner en partie la dimension religieuse du monarque : missive de Abdessalam Yacine adressé au roi Hassan II. Début de l'islamisme marocain. Internement de Yassine dans un hôpital psychiatrique. Mais Yassine prône la non-violence ce qui lui a permis de créer par étapes, à partir de 1983 son mouvement Justice et Bienfaisance Al-Adl wal Ihssane Actions caritatives (alphabétisation, premiers soins, etc.) et envers les jeunes intellectuels (prise de contrôle du grand syndicat étudiant, l'UNEM). Prenant conscience du danger islamiste, la monarchie a voulu intégrer cette mouvance islamiste dans le système politique. Mais Yassine incontrôlable. [...]
[...] Manifestations en 2000 à Casablanca. Proximité idéologique très forte entre les hommes du PJD et des personnalités politiques de premier plan au sein des autres partis politiques (Istiqlal, USFP). Après les attentats de Casablanca du 16 mai 2003, triple réponse de la monarchie : - répressive, avec la mise au pas de la frange la plus radicale de l'islam politique et l'emprisonnement souvent arbitraire de nombreux islamistes - institutionnels, par la remise en forme du conseil des oulémas auquel elle semble vouloir conférer un pouvoir d'interprétation - discursive, par la réappropriation de la parole religieuse par le souverain. [...]
[...] Mouvement Populaire Démocratique et Constitutionnel (MPDC) et Istiqlal. les partis qui se réclament du socialisme, mais entretiennent une relation confuse à l'islam : ils tentent de trouver une interprétation de l'islam l'excluant du champ politique, mais ne revendiquent pas explicitement l'option laïque. Union socialiste des forces populaires (USFP), Parti du progrès et du socialisme (PPS). les partis dont les leaders ont choisi d'opter pour une sorte de retraite anticipée du champ politique, pour des raisons à la fois personnelles et idéologiques. [...]
[...] Quelles sont les relations de la monarchie avec les acteurs de la sphère politique et ceux de la sphère religieuse ? Nous verrons comment, à partir de 1961, le souverain marocain regagne le pouvoir politique qui lui avait été enlevé pendant le Protectorat faisant ainsi converger sacralisé religieuse et sacralisé politique. Mais, peu à peu, cette sacralisée politique s'atténue à la faveur de l'ouverture démocratique, favorisant, au sein du système monarchique, la disjonction entre sphère religieuse et sphère politique. LA MONARCHIE MAROCAINE, ENTRE AUTORITARISME POLITIQUE ET VOLONTE DE FRAGMENTATION DE LA SPHERE RELIGIEUSE Le commandeur des croyants construction du pouvoir marocain Le monarque constitue la clef de voûte du système politique marocain. [...]
[...] Le système politique marocain est construit sur une double tension qui neutralise toute velléité de transformation radicale (Tozy) : enracinement d'une culture autoritaire tant au niveau de la monarchie que de la classe politique ; centralité de la religion, dans un dispositif de légitimation et de construction de contre-projet de société. Avec l'ouverture démocratique, la monarchie a de plus en plus de mal à garder le monopole religieux et politique. [...]
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