S'intéresser à l'Islam et à son rapport avec l'Etat, c'est d'abord relever que cette religion monothéiste entend incarner une croyance mais aussi un Etat, c'est-à-dire une entité politique dont la caractéristique principale serait l'Islam. Or, le système étatique moderne est apparu avec les concepts de souveraineté, de droit, et de nation en Europe avec le traité de Westphalie de 1648. Celui-ci fixe l'Etat dans sa composante territoriale et affirme le primat du politique sur le religieux. Progressivement, on a donc assisté à la sécularisation de la vie sociale et politique permettant l'exercice impersonnel de la souveraineté. Dans quelle mesure l'Islam en tant que double concept (de la religion et de l'Etat) se fond-il dans le système Etat-Nation ?
[...] On doit nuancer cependant le propos : l'Iran n'est pas un Etat islamique au sens théorique puisqu'elle a lieu dans un cadre national et institutionnel donné. L'Iran s'est doté d'une constitution qui fait fonctionner des institutions. Là où on peut faire le parallèle avec l'Etat islamique, c'est que l'Iran a su se doter d'un dirigeant qui est à la foi chef politique et issu d'une institution cléricale (cf. concept de l'Amir). P.J. Vatikiotis, L'Islam et l'Etat, collection le Débat, Paris, éditions Gallimard pp.76-77. [...]
[...] Or, l'Islam demeure une composante essentielle de la vie culturelle, à tel point qu'elle deviendra centrale et développera les mouvements de l'Islam politique (ou islamisme) qui souhaitent la mise en place d'un Etat islamique. Ces mouvements ont pour objectif principal de mettre en place la Umma, c'est-à-dire la nation au sens le plus ancien du terme, et qui comprend la société musulmane des premiers temps de l'Islam. Or l'Etat-Nation est un concept étranger à l'Etat islamique. D'un point de vue historique, l'Islam s'identifia immédiatement à un Etat, devant renverser l'ordre ancien (celui des idoles), et toucha un peuple : les Bédouins. [...]
[...] En conclusion, on peut dire que les concepts islamistes ont échoué dans la réalisation de la Umma et de l'Etat islamique, puisqu'ils continuent d'exister uniquement dans le cadre d'Etats-Nation. L'écrivain maghrébin Abdallah Laroui écrit dans La crise des intellectuels arabes[3] que le problème pour la société arabe, est qu'elle ne peut plus se réfugier et se contenter de sa propre vision et encore moins l'imposer aux autres Le problème de la modernisation et de la démocratisation de l'Etat dans les pays musulmans reste de décider si le concept d'Etat doit se définir en terme strictement religieux, ou en termes de nation (dans laquelle la religion n'est pas le seul critère ni de l'identité, ni de l'intégration nationale) signes Bibliographie Olivier ROY, L'échec de l'Islam politique, collection Esprit, Paris, éditions du Seuil P.J. [...]
[...] Progressivement, on a donc assisté à la sécularisation de la vie sociale et politique permettant l'exercice impersonnel de la souveraineté. Dans quelle mesure l'Islam en tant que double concept (de la religion et de l'Etat) se fond-il ou non dans le système de l'Etat-Nation ? Nous verrons que si le panarabisme a utilisé des concepts occidentaux pour définir la nation arabe, l'Islam politique s'attache à promouvoir un idéal utopique de l'Etat loin des critères utilisés dans l'Etat-Nation. Enfin, nous analyserons la réalité des Etats musulmans d'aujourd'hui et la persistance de mécanismes assimilables à ceux de l'Etat-Nation. [...]
[...] Pourtant, même si l'idéologie islamiste a une place prégnante dans les pays musulmans et même si elle a abouti à la réalisation concrète de cet Etat[2] (en Iran par exemple lors de la révolution islamique), il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui les pays à majorité musulmane demeurent toujours dans le cadre de l'Etat-Nation, au sens territorial, voire culturel du terme. Au- delà de la religion, il existe des particularismes nationaux au sein des pays musulmans tels que l'Egypte ou la Turquie par exemple. [...]
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