Dissertation de sciences politiques répondant à la question suivante : Qu'est-ce que "parler vrai" en politique ? Ce document mêle analyse politique et philosophique, références aux auteurs anciens et contemporains. Les thèmes abordés sont les suivants : la particularité du langage et du discours politique, la rhétorique, les sophistes, la langue de bois, la vérité en politique.
[...] Il faut d'abord se demander quels sont les éléments qui fondent cette vertu et ce qui distingue ce nouveau mode de parole des autres discours politiques. Si le parler vrai implique une rupture avec la langue de bois, la vérité est-elle pour autant ce qui le définit ? I. Parler vrai implique une rupture avec la langue de bois L'irruption de la revendication du parler vrai en politique depuis quelques années se pose d'abord comme une nouveauté et se comprend comme un rejet implicite d'une autre forme de la parole politique. [...]
[...] Il est par exemple toujours possible de faire parler de vrais chiffres de façon à leur faire dire ce que l'on souhaite. L'opinion qui émane de la parole politique est certainement à distinguer d'une quelconque vérité même si chacun en revendique évidemment l'apanage. Quant à dire en permanence la vérité de ce que l'on pense, cela semble difficile dans une fonction ou la diplomatie est de mise. Même si certains osent parfois dire le fond de leur pensée, notamment pour sortir de la masse, le politiquement correct reste de mise si l'on veut durer dans le métier. [...]
[...] Pourtant, au-delà de l'emploi de quelques formules choc qui tranchent avec les discours habituels, cette volonté de rupture trouve déjà une limite dans l'analyse des discours de ceux qui défendent le parler vrai La déclaration suivante de Nicolas Sarkozy, qui n'est qu'un exemple parmi d'autres, reste en effet une parfaite illustration de la langue de bois : Au sein de l'UMP, il existe des sensibilités différentes qui reflètent la diversité française Car la langue de bois est bien l'art d'employer des termes et des formules auxquels on ne peut rien opposer. Il est dès lors impossible par exemple d'affirmer le contraire sans tomber dans le non sens ou le ridicule. Qui oserait en effet affirmer : Mon parti ne reflète absolument pas la diversité du pays ? [...]
[...] L'emploi du verbe parler pour définir l'action d'un homme politique qui s'exprime, apparaît déjà comme une façon de désacraliser le discours, en le ramenant à l'un des actes les plus universels qui soit chez l'homme. Surtout, le choix d'accoler à ce verbe l'adjectif vrai implique une opposition avec le faux voir avec le mensonge qui s'opposerait à une vérité émanant désormais du discours politique. Le parler vrai serait-il alors la nouvelle vertu du politique, le rendant digne d'exercer son rôle aux yeux des citoyens qu'il gouverne ? [...]
[...] Cette tendance est toujours présente dans les discours politiques contemporains. Ainsi, selon l'article intitulé Le marketing politique publié en 1989 dans la revue Hermès par Gilles Achache, sociologue, c'est le modèle marketing qui imprègne aujourd'hui la communication politique. L'obligation de plaire aurait poussé les locuteurs politiques, dès les années 1980, à emprunter au monde de la publicité commerciale des techniques de séduction, basées le plus souvent sur l'apparence. Michel Pêcheux, dans L'inquiétude du discours, en 1990, rappelle aussi que tout locuteur habilité à parler politique, emprunte à un préconstruit qu'il se contente d'aménager, piochant dans des expressions toutes faites et dans les répertoires du moment justice sociale mondialisation problèmes d'immigration . [...]
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