1,7 milliard d'habitants vivent aujourd'hui dans un Etat régi par une femme. Dès lors, pourquoi se demander si la politique est un métier particulièrement masculin alors que le progrès sociétal semble répondre d'amblée par la négative.
Pourtant la question mérite bel et bien d'être posée. Ainsi, lors des primaires internes au Parti Socialiste en 2006, l'ancien Premier Ministre Laurent Fabius s'exclamait publiquement « Mais qui va garder les enfants ?! » dans l'optique d'une victoire de la candidate Ségolène Royal. Ce n'est pas tant cette attitude sexiste qui témoigne de l'importance de la question de la place des femmes dans la sphère publique, mais bien les réactions qu'elle a suscitées puisque journalistes, politistes et sociologues se sont empressés de répondre théoriquement aux craintes Laurent Fabius.
On entendra ici le terme de métier comme un travail dont on tire des revenus, qui suggère un savoir-faire professionnel conféré par l'expérience. Dans le même temps on définira la politique dans un sens très large à savoir tout ce qui touche aux affaires de la Cité, à la sphère publique.
Dès lors nous nous demanderons si l'on doit considérer que la domination du champ politique par les hommes est incompatible avec l'exercice féminin des responsabilités politiques.
[...] Et la liste pourrait être aisément étoffée. De même que des sanctions financières et/ou symboliques peuvent constituer un outil supplémentaire de discrimination. Ainsi les hommes seront-ils en charge du budget et manifesteront le peu de crédit qu'ils portent aux propos des oratrices via une agitation intense, des bavardages incessants et des railleries de tout genre. Dulong et Matonti insistent sur la symbolique du silence qui témoigne sinon de l'intérêt du moins de l'estime à l'égard de l'intervenant, au cours des séances plénières. [...]
[...] Il s'agit donc de considérer que la féminité peut constituer une ressource politique non négligeable (Braud p.491). Dans les représentations sociales, la compétence féminine mobilise les caractéristiques suivantes -la liste étant non exhaustive- : une plus grande proximité, un plus grand sens des affaires concrètes et quotidiennes, une plus grande sensibilité, un sens de l'écoute, une vision plus altruiste, parce que moins carriériste. Les femmes apparaissent alors comme moins politiciennes, et semblent être choisies pour leur extériorité au politique (Deruville et Pionchon page 102). [...]
[...] Dans le même temps, on définira la politique dans un sens très large à savoir tout ce qui touche aux affaires de la Cité, à la sphère publique. Dès lors, nous nous demanderons si l'on doit considérer que la domination du champ politique par les hommes est incompatible avec l'exercice féminin des responsabilités politiques. La différenciation sexuelle à l'œuvre dans la sphère publique : d'une domination politique des hommes observée à un verrouillage avéré du fonctionnement des institutions. II- La frontière entre sphère publique et sphère privée en question : de la féminisation du champ politique au questionnement des considérations de genre La différenciation sexuelle à l'œuvre dans la sphère publique : d'une domination politique des hommes observée à un verrouillage avéré du fonctionnement des institutions Des facteurs sociohistoriques L'apport religieux : la femme pécheresse. [...]
[...] À défaut de pouvoir subvertir l'ordre politique, elles s'y fondent et en acceptent les codes. Réalisant une étude sur les professions de foi de candidats aux élections législatives de 2002 à Paris, Sandrine Levêque a observé que dans les présentations que les candidat(e)s faisaient d'eux-mêmes ils ne mettaient en avant que rarement leurs ressources personnelles au profit de ressources plus collectives et plus traditionnelles. Loin d'accentuer la différence de présentation de soi des candidats et des candidates, les professions de foi uniformisent au contraire les qualités et les ressources effectivement mobilisables à un moment donné Son analyse permet de mieux saisir la perception de la société du métier politique : le candidat susceptible d'être élu est celui qui est soutenu par une entreprise collective, ses qualités ne dépendant vraisemblablement pas de son genre. [...]
[...] et allii (dir.) ; Genre et action publique : la frontière public-privé en question, L'Harmattan PAOLETTI M. La parité dés-enchantée Travail, genre et sociétés, nº18, 2007/2. PISIER E., BRIMO S. Le droit des femmes, Dalloz-Sirey MEDA D. Le deuxième âge de l'émancipation, La République des idées LEVÊQUE S. La féminité dépassée Usages et non-usages du genre dans les professions de foi des candidates parisien(ne)s aux élections législatives de 2002, Presses universitaires de Rennes, 2000. [...]
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