La politique du Général de Gaulle à l'égard de la construction européenne a souvent irrité ses partenaires. En effet, dicté par sa volonté de rendre à la France le rôle et la place dans le monde qu'il estimait devoir lui revenir, il défendait qu'aucune Europe autre que celle des Etats ne pouvait exister car les seules réalités internationales sont les nations. « Construire l'Europe, c'est-à-dire l'unir, est pour nous un but essentiel. Pour cela il convient de procéder non pas d'après les rêves mais suivant des réalités. Or quelles sont les réalités de l'Europe... ? En vérité, ce sont les Etats. ».
Charles De Gaulle avait posé l'essence de l'Etat national tel qu'il avait pu exister dans le passé comme parfaite, toute supranationalité portant donc atteinte à sa perfection : ce qui était inconcevable. L'Europe gaullienne a par conséquent toujours été conçue comme une ligue d'Etats, une libre association d'Etats souverains au sein de laquelle l'existence d'une organisation politique est indispensable. Dans cette optique, il proposa le Plan Fouchet en 1962 qui prévoit un Conseil réunissant les chefs de gouvernement, une Assemblée parlementaire européenne et une Commission politique européenne. Le 17 avril 1962, les gouvernements belge et hollandais rejetèrent ce projet car ils ne souhaitaient pas se rapprocher de Paris et s'éloigner des USA. « Je me demande si la Belgique et la Hollande n'ont pas peur de faire l'Europe tout en prétendant que c'est leur plus cher désir. Elles se sentent toutes petites en face des plus grands. {...}. Les deux exigences des Belges et des Hollandais « il nous faut l'Angleterre » - « Il nous faut la supranationalité » sont évidemment incompatibles ».
Guidé par l'idée que la France doit acquérir et conserver l'autonomie de ses décisions politiques dans un monde où se resserrent les relations d'interdépendance mais dans lequel elle doit aussi agir conformément à ses intérêts propres et décider librement de ses actions et réactions, il conçoit l'Europe comme un espace d'entraide et de solidarité, où aucun membre n'abdique ni son identité nationale, ni les prérogatives de sa souveraineté. C'est pourquoi, une Europe soumise aux règles de la supranationalité ne serait pas seulement une menace intolérable pour l'indépendance du peuple français. Elle serait également une Europe sans intérêt parce qu'y triompherait le point de vue de partenaires pour lesquels la protection des Etats-Unis restera encore longtemps la considération prioritaire. Or, c'est précisément à l'idée d'une telle Europe atlantique que le Général s'est toujours opposé. (...)
[...] Finalement, l'importance de l'idéologie - idéaliste/réaliste étant la distinction la plus classique de la philosophie politique et également de la religion des décideurs nous semble constituer une dimension peu exploitée par les auteurs étudiés et pourtant non-négligeable. Dans le cas présent, la pensée politique du Général de Gaulle guide véritablement toutes ses décisions et, sans aucun doute, son veto à l'adhésion britannique.[48] BIBLIOGRAPHIE MONOGRAPHIES BOSSUAT, G. Faire l'Europe sans défaire la France ans de politique d'unité européenne des gouvernements et des présidents de la République française (1943-1003). Bruxelles : PIE Peter Lang BOZO, F. Deux stratégies pour l'Europe. De Gaulle, les Etats-Unis et l'Alliance atlantique 1958-1969. [...]
[...] MASQUET, B. La politique étrangère de la France In Regard sur l'actualité, La Documentation française n°332, juin-juillet 2007. Sondages effectués par l'I.F.O.P. Revue française de science politique, année 1966, pp. 187-189. TACHIN, A. La Grande-Bretagne dans l'imaginaire des Français, Opinions, représentations de 1958 à 1969, thèse de doctorat : sous la direction de Robert Frank, soutenue à l'université de Paris I Panthéon- Sorbonne DE LA GORCE, PM. De Gaulle entre deux mondes : une vie et une époque. [...]
[...] Paris : Mame MANGOLD, P. The Almost Impossible Ally: Harold Macmillan and Charles De Gaulle. London : I.B.Tauris PLANTEY, A. De Gaulle et les médias. Paris : Plon ROOSENS, C. ; ROSOUX, V. ; DE WILDE D'ESTMAEL, T. La politique étrangère, le modèle classique à l'épreuve. [...]
[...] Tout d'abord, au niveau du système global, international, il y a lieu de mentionner la crise de Cuba qui survient en 1962. Cet évènement concerne l'un des sujets clés de la décision du Général de Gaulle : la défense et le nucléaire. En effet, le premier ministre britannique ne partageait pas la vision française de politique étrangère et de défense. La Grande-Bretagne soutenait le besoin d'impliquer les Etats-Unis dans la défense européenne et rejetait l'établissement d'une force nucléaire européenne. Or, la question d'une future défense européenne indépendante des Etats-Unis était chère à de Gaulle. [...]
[...] De Gaulle et la candidature britannique aux communautés européennes. in Histoire, économie et société, n°1. pp. 131- 142, année 1994. FENBY, J. De Gaulle et le positivisme du non in Le Monde (En ligne) juin 2010. Consulté le 30 novembre 2010 Seul Brecher évoque les médias par leur biais de la variable canaux de communication PLANTEY, A. De Gaulle et les médias, Paris : Plon ibidem Duroselle et Morgenthau insistent particulièrement sur cela. [...]
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