Politique, spécialiste, peuple, détenteur, aristocratie, compétences en politique, démocratie, Gouvernement, Lincoln, politique mondialisée, ENA Ecole Nationale de l'Administration, fonctions publiques, citoyens, Tocqueville, despotisme doux, Benjamin Constant, animal politique, élite politique, politique horizontale
À l'occasion de la publication d'un nouveau rapport du GIEC, j'ai pu lire des réactions d'internautes dont une m'a paru assez révélatrice du problème que soulève ce sujet : « Ces gouvernements n'en ont rien à faire de nos enfants et de nous. » L'utilisation du démonstratif et de la troisième personne met une frontière entre l'énonciateur et « ces gouvernements ». Dans la société démocratique où nous vivons, où le pouvoir et la politique devraient incomber au peuple (demos cratos), ne devrions-nous pas plutôt dire « nos gouvernements », « la loi que nous votons » ? Force est de constater qu'à la lumière de cet exemple, la formule d'Abraham Lincoln, devise de notre République, « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » semble avoir mal vieilli.
[...] La politique est-elle l'affaire de tous ou celle d'une forme d'aristocratie ? A l'occasion de la publication d'un nouveau rapport du GIEC, j'ai pu lire des réactions d'internautes dont une m'a paru assez révélatrice du problème que soulève ce sujet : « Ces gouvernements n'en ont rien à faire de nos enfants et de nous. » L'utilisation du démonstratif et de la troisième personne met une frontière entre l'énonciateur et « ces gouvernements ». Dans la société démocratique où nous vivons, où le pouvoir et la politique devraient incomber au peuple (demos cratos), ne devrions-nous pas plutôt dire « nos gouvernements », « la loi que nous votons » ? [...]
[...] Cela a presque toujours été ainsi Dans la Grèce Antique, qui se veut être une référence dans la citoyenneté et la démocratie, que l'on vante comme étant la démocratie directe, le pouvoir était finalement aux mains d'une élite économique, puisque le pouvoir n'était donné qu'aux hommes, mais surtout à ceux dotés d'une grande force de persuasion qu'ils pouvaient acquérir en payant les leçons de rhétoriques des sophistes. La politique était déjà une affaire de spécialistes. Maintenant, la politique reste encore restreinte à des élites. En France, il y a peu d'écoles pour y accéder (ENA, écoles d'administration), les voies sont restreintes. Aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, les élites économiques gardent la main sur les fonctions politiques. [...]
[...] On peut aussi s'engager dans la politique horizontale, à son échelle et selon ses compétences, en participant à des associations, des débats, faire de la politique à l'échelle locale, ce qui ouvert à tous (le plus jeune maire de France a seulement 18 ans), et on peut aussi totalement porter un engagement à travers différents médias. Notamment le rap, qui est politique, et qui le témoignage que la politique est à portée de tous, en faisant résonner la voix et l'opinion d'une partie de la France la plus miséreuse (Kery James, Banlieusard, Lettre à la République). Ainsi, la présence d'experts au sein du corps politique est primordiale pour assurer la bonne direction d'un organisme de haute responsabilité politique. Mais cela n'exclut pas une politique qui soit du ressort de chaque citoyen à son échelle. [...]
[...] C'est là qu'une césure apparait. Comme le remarquait Benjamin Constant dans son ouvrage sur La Liberté des Anciens et des Modernes, l'accomplissement de l'homme n'est plus dans la politique (contrairement à ce que dit pourtant l'illustre Aristote dans son traité Les Politiques où il prononce la célèbre phrase « l'homme est un animal politique ») mais dans l'accomplissement de ses désirs personnels. Je ne suis plus libre parce que j'ai la liberté de créer les lois auxquelles je dois obéir, mais je suis libre parce que je peux faire ce que JE veux. [...]
[...] Dans le monde occidental, la démocratie n'a donné le vote que très tardivement aux femmes (au début du XXème siècle au Royaume-Uni et en Allemagne, en 1944, en France), de sorte que l'on peut dire que la politique peut s'adresser véritablement à tous seulement très récemment. Mais on constate au contraire que les gens s'y désintéressent, ce qui fait l'objet de ma seconde partie. II. La responsabilité des citoyens dans la confiscation de la politique par les spécialistes Si la politique est l'affaire d'une élite, c'est aussi à cause du désintéressement du peuple. Grâce aux progrès du niveau de vie et de l'avènement de l'Etat-Providence, nous pouvons consacrer de plus en plus à nos loisirs. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture