D'après un sondage TNS SOFRES* réalisé en janvier 2006, respectivement 54% et 36% des individus interrogés considèrent que l'esprit de décision et le sens de la communication sont parmi les qualités les plus importantes attendues d'un président de la République. Les Français donneraient ainsi la priorité à l'action sur la communication. Mais qu'entend-on exactement par agir et communiquer ? Communiquer est plus que parler ; la communication, c'est certes la discussion, l'échange, mais c'est aussi l'annonce d'une nouvelle ou l'exposition d'un point de vue à quelqu'un. Quant à l'action, le Robert en donne la définition suivante : « le fait de produire un ou des effets dont on est la cause en modifiant des objets et ainsi, réaliser volontairement une intention ». Agir, c'est donc bouger, décider et exécuter. Ainsi la communication serait du domaine de l'abstrait et du conceptuel, quand l'action serait au contraire concrète et visible. Agir et communiquer seraient alors deux termes a priori tout à fait distincts et opposés. Dans la vie de tous les jours et a fortiori en politique, il semble impossible de confondre les deux termes. Par « politique », nous entendrons ici la sphère dans laquelle évoluent les acteurs qui, de près ou de loin, ont un rapport avec le pouvoir (gouvernants, leaders de partis, militants, mouvements collectifs). Une distinction épistémologique s'impose de fait entre communication et action politique. Est-il cependant possible de dépasser cette dernière et de réconcilier l'action et la communication politique ? En d'autres termes, doit-on séparer la communication de l'action politique et en quoi peut-on affirmer que la combinaison de ces deux notions est indispensable à l'exercice du pouvoir politique ?
[...] Dans l'agir communicationnel, communiquer et agir sont donc synonymes. Cette approche répond à un modèle structuro fonctionnaliste puisqu'elle joint signification et construction pour faire émerger le positif et le normatif et ne conçoit pas la communication comme étant avant tout transmission et circulation d'informations. La notion de répertoires d'action (C. Tilly, 1986) permet de réconcilier action et communication politiques De manière empirique, il est aisé de constater que les acteurs ou organisations politiques développent des interventions publiques où s'entremêlent étroitement agir et communiquer. [...]
[...] En politique, communiquer, est-ce agir ? D'après un sondage TNS SOFRES* réalisé en janvier 2006, respectivement 54% et 36% des individus interrogés considèrent que l'esprit de décision et le sens de la communication sont parmi les qualités les plus importantes attendues d'un président de la République. Les Français donneraient ainsi la priorité à l'action sur la communication. Mais qu'entend-on exactement par agir et communiquer ? Communiquer est plus que parler ; la communication, c'est certes la discussion, l'échange, mais c'est aussi l'annonce d'une nouvelle ou l'exposition d'un point de vue à quelqu'un. [...]
[...] En démocratie, on ne peut agir sans communiquer ; autrement, on a un Etat discrétionnaire (qui prend des décisions unilatéralement et sans en avertir les citoyens) et un régime autoritaire. La communication est nécessaire à l'exercice démocratique du pouvoir politique. Ainsi, c'est la combinaison de l'action et de la communication qui est indispensable en politique. III/ Il apparaît donc délicat de séparer l'action de la communication politique Quand communiquer c'est agir La philosophie du langage et l'énoncé performatif Austin a démontré que parfois, certains énoncés sont performatifs, en d'autres termes, dire une chose, c'est la faire Dans son ouvrage La condition de l'homme moderne, Hanna Arendt rappelle que chez les présocratiques déjà, agir et communiquer en politique étaient indissociables. [...]
[...] On ne saurait imaginer un politique qui communique tout le temps mais n'agit jamais. Néanmoins, l'inverse semble tout autant inenvisageable : la communication doit donc être vue comme un élément consubstantiel de la démocratie. II/ Pourtant, la communication est indispensable au processus démocratique de prise de décision La communication politique, accusée de tous les maux, ne doit pas être confondue avec le marketing politique ou la propagande On accuse la communication de pervertir le jeu démocratique, et notamment de mener à la désinformation, à la manipulation ou encore à des opérations séductrices douteuses pousser la chansonnette dans une émission télévisée pour reprendre l'exemple d'Eric Dacheux). [...]
[...] Cette communication est donc présente à différents niveaux et s'effectue à double sens : la communication n'est pas seulement la transmission d'informations ni la représentation à sens unique, c'est aussi l'écoute, la concertation et le dialogue entre l'ensemble des acteurs. Par ailleurs, ces notions sont aussi distinctes dans le temps : elles ne sont pas simultanées En effet, l'action est la transformation concrète, donc forcément ultérieure, d'une idée ou d'une politique. Le schéma est simple : on communique et ensuite, on agit. A l'échelle du gouvernement, ce peut être l'élaboration d'un projet de loi à la suite d'une discussion en Conseil des Ministres, puis de transmettre ce projet au Parlement en vue de sa ratification. [...]
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