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L'Union européenne est souvent accusée d'être néolibérale ; on parle d'une Europe économique mais trop peu politique. L'intégration par le marché est moteur indéniable du processus d'intégration depuis la CECA à Maastricht et Lisbonne. Construction par le marché et politiques sociales, un jeu à somme nulle ? D'aucuns affirment que le marché exerce une force inexorable au détriment du volontarisme politique ; pour d'autres, il n'est pas de politique qui ne soit le fruit de décisions et de consensus. Les chercheurs spécialistes de l'intégration européenne s'attachent à prendre en compte différents aspects : rôle des élites et du compromis politique, de l'évolution des relations internationales et de la compétition, de la jurisprudence de la CJCE sur les politiques nationales... Chacun y va de son approche pour déterminer les dynamiques qui ont dominé et influencé la définition de ce qu'est l'Europe aujourd'hui.
Si certains auteurs analysent la place croissante du marché au coeur de la construction européenne comme étant le résultat du virage néolibéral opéré par les Etats membres, la notion de marché est assez ambiguë, assez polyvalente, pour servir des objectifs différents selon les acteurs qui en font usage. Elle rend possible les compromis nécessaires entre des forces politiques qui n'ont pas la même conception de l'Europe. Elle fonctionne alors comme un « répertoire stratégique d'idées » qui permet de « cimenter » une coalition hétéroclite. Margaret Thatcher, François Mitterrand et Helmut Kohl ont ainsi pu s'entendre sur l'Europe, au prix d'un certain flou et en dépit de visions divergentes sur son avenir. L'Europe s'est mise à incarner le marché comme principe de réalité de la scène internationale dans le but d'atteindre un objectif de bien-être et devenir un idéal normatif des politiques européennes ; l'espace commun est peu à peu considéré comme un espace de développement, les politiques européennes promeuvent, plus que des politiques de redistribution, une mise en valeur du potentiel européen par la création de fonds structurels (...)
[...] Contrairement à la Communauté (premier pilier), l'Union européenne n'a pas la personnalité morale et n'a donc pas la capacité de contracter. La partie jouit paradoxalement d'une plus grande légitimité que le tout[14]. Par ailleurs, les représentants jouent de ce flou dans leur discours. Afin de donner plus de visibilité à l'Union européenne, ils maintiennent l'ambigüité Communauté/UE et sur les compétences de chacune d'elle. Ce procédé révèle le manque d'unité. La perception du manque de cohérence est entretenue par l'harmonisation difficile entre intérêts commerciaux et promotion du développement. [...]
[...] Ceci est valable pour sa politique commerciale qui, on l'a vu, constitue le pilier de la diplomatie européenne, bien que dans sa vitrine figurent d'autres instruments d'action. Constatant qu'elle cherche à générer une attitude coopérative de ses partenaires, on peut aussi l'analyser comme une stratégie dans le contexte de guerre économique L'outil juridique est une arme dans la concurrence qui oppose les acteurs les plus puissants. L'enjeu du leadership est de parvenir à imposer son propre système juridique commercial (qui privilégie son créateur) au plus grand nombre de partenaires et au sein des organisations internationales. [...]
[...] Pour être parvenir à concurrencer véritablement les Etats-Unis en matière d'influence normative, l'Union européenne a encore du chemin à parcourir. Elle doit d'abord devenir un véritable acteur international et surmonter les faiblesses évoquées. Quatre critères doivent être remplis[17]: le reconnaissance effective de ce statut par les autres acteurs, l'autorité légale à agir dans l'ordre international, une certaine autonomie décisionnelle vis-à-vis de ses parties constituantes et une minimum de cohérence dans la gestion de ses relations extérieures. Pistes de recherche: l'influence des intérêts commerciaux des FMN européennes dans la définition de la politique extérieure européenne. [...]
[...] Delcour dans Mondes en Développement, Vol.31-2003/4 - n°124 Voir La stratégie d'influence de l'Union européenne: l'influence normative internationale de l'Union européenne, une ambition entravée, L. Cohen Tanugi, Notes de l'IFRI, Voir encore F. Petiteville La politique commerciale de l'Union européenne: le fédéralisme clandestin, R. Delpech et J-M. Paugam in Politique étrangère 4/2005 (Hiver), p. 743-754. L'Union européenne: une approche spécifique du développement? L. Delcour dans Mondes en Développement, Vol.31-2003/4 - n°124 Voir La stratégie d'influence de l'Union européenne: l'influence normative internationale de l'Union européenne, une ambition entravée, L. [...]
[...] La place et le rôle de la norme dans la politique extérieure européenne. La promotion de l'identité européenne est essentielle pour la cohésion et l'efficacité de la représentation de l'acteur et de sa position. Il s'agit d'être visible, de se faire entendre et de se faire comprendre. L'identité européenne se définit autour de valeurs universalistes et de préférences sociales marquées qu'elle cherchera à défendre. Du protectionnisme économique pur au concept de puissance normative, les analyses du modèle européen en soulignent ses caractéristiques dominantes[8]. [...]
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