80%. C'est le taux d'abstention dans toute une frange de banlieue aux dernières élections régionales de 2010. Après un net regain de participation à l'élection présidentielle, le système électoral de la Vème République connaît de nouveau une abstention des plus fortes. S'interroger sur le degré d'implication des individus revient alors à s'interroger sur l'état de santé même de la démocratie. Les habitudes démocratiques changent et cette institution qu'est le vote soulève aujourd'hui quelques questions. Institué par l'article 3 de la Constitution, le vote est l'un des fondements même de notre société. Cet article constitutionnalise la Souveraineté appartenant au peuple qui l'exerce pour élire ses représentants, cette participation légitime la démocratie représentative. Le peuple est donc l'instance centrale de légitimation des pouvoirs même s'il ne décide pas. Jusqu'alors considéré comme atypique, ce comportement est apparu comme plus ordinaire.
L'abstention nous conduit-elle vers une crise de la représentation ou n'est-ce simplement qu'une nouvelle forme d'expression ? (...)
[...] L'exemple des nouveaux mouvements sociaux est ici révélateur de cette révolution silencieuse qui s'accompagne d'un désir d'une participation politique nouvelle. A ce titre, ces mouvements sont donc révélateurs des déficiences du système politique et électoral. Les nouvelles classes moyennes qui y prennent part se différencient du mouvement ouvrier tombé en désuétude, et défendent de nouveaux enjeux post-matérialistes, davantage axée sur la connaissance et la reconnaissance. Certaines minorités qui ne se reconnaissaient pas dans les mécanismes de la représentation politique, de type syndicale ou partisane, ont utilisé ces nouveaux mouvements sociaux comme mode d'expression politique. [...]
[...] En banlieues, on n'attend plus rien de la politique. Ce soupçon systématique sur le fonctionnement des institutions et la représentativité des hommes politiques est la plupart du temps synonyme d'abstention. Le manque d'intérêt pour la politique favorise le désengagement, c'est le cas de la tranche d'âge 18-35 ans, la plus marquée par l'abstention. Selon Olson, cette abstention pourrait s'expliquer par la rationalité des individus. En effet, les électeurs comprenant qu'ils ne représentent à eux seul qu'une infime partie du corps électoral, ne se déplacent pas et espèrent tirer les fruits de la mobilisation de leurs concitoyens. [...]
[...] Ces derniers sont fondamentalement impliqués dans la vie civique et politique. Ils se repèrent dans l'échiquier politique et manifestent des signes d'intérêt. Ils se recrutent dans des catégories socialement valorisées telles que les cadres et les diplômés de l'enseignement supérieur. Un approfondissement de la culture démocratique, de façon plus individualisée et critique caractérise le comportement de ces classes. Il faut cependant souligner que le développement de tels comportements n'a été possible que par l'atténuation de l'imposition normative et du contrôle social. [...]
[...] Ils se sentent souvent marginalisés, oubliés par les politiques toute au long de l'année, et ne réagissent donc pas à l'appel des urnes. Ainsi, appréhendée de façon isolée, l'abstention apparaît immédiatement comme un indice de moindre insertion. La question reste de savoir si, réinsérée dans un ensemble de scrutins successifs, l'abstention n'apparait pas comme un nouveau mode d'expression politique L'abstention signifie t-elle un désintérêt pour la politique Science-Politique II. L'abstention ou l'apparition d'une nouvelle forme d'expression et de civisme. A. Une mutation de l'engagement politique . [...]
[...] L'intérêt qu'ils portent à la politique est quasi nul, et ils n'arrivent pas à se placer sur l'axe droite-gauche. Ils se caractérisent par un retrait partiel voire total de la vie civique. B . ou bridé par un cens caché? D'autres variables qui relèvent de la sociologie électorale peuvent expliquer le phénomène abstentionniste. Daniel Gaxie a introduit la notion de cens caché pour expliquer la marginalisation de certaines catégories d'électeurs. Les abstentionnistes dits passifs se recrutent particulièrement dans les catégories socio-professionnelles telles que les ouvriers, les employés ou les sans diplômes. [...]
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