La science administrative naît au dix-huitième siècle avec Nicolas Delamare en France et avec de nombreux auteurs allemands comme Von Justi, Von Stein. Il s'agissait à l'époque de rassembler des données techniques, financières, statistiques, économiques, politiques mais sans réelle méthode ni communauté constituée. A ce titre, il ne s'agit pas réellement d'une science mais on l'appelle néanmoins science de la police. Avec le développement de l'Administration au 19ème siècle s'instaure peu à peu cette communauté scientifique qui manquait et les penseurs se spécialisent peu à peu sur l'étude de l'administration. Les travaux de Georges Cuvier, Alexis de Tocqueville ou A. Vivien en sont emblématiques. Au 20ème siècle, la discipline évolue peu : elle s'enrichit cependant de nombreux travaux. Mais après la seconde guerre mondiale, certains chercheurs cherchent à se démarquer de cette discipline pour en créer une autre : l'analyse des politiques publiques. En effet, ces chercheurs ne se reconnaissent plus dans la discipline et veulent proposer un nouvel éclairage, d'autres méthodes afin de toujours mieux comprendre l'administration. La science administrative est une discipline composée de chercheurs publicistes et de représentants de l'Administration (dont des membres éminents des grands corps d'Etat, notamment le Conseil d'Etat). Je retiendrai ici cette conception de la science administrative incarnée par l'Institut français de la science administrative (IFSA) et non celle de J. Chevallier. Ce dernier considère en effet que la science administrative englobe la totalité des sciences étudiant l'administration mais il n'est pas aujourd'hui représentatif d'une communauté de chercheurs partageant cette vision des choses. Au sein même de l'analyse des politiques publiques, il existe aussi plusieurs courants et la discipline évolue. Les divergences existent donc au sein même des disciplines pour délimiter leurs contours : cela ne facilite pas les tentatives de comparaison mais il faut néanmoins s'y essayer. Les divergences entre ces deux courants sont en effet claires. Tout d'abord, les chercheurs en science administrative étudient l'Administration pour voir son état : il s'agit de voir ce qui ne va pas et proposer des solutions à ces problèmes. Pour faire sa place, une nouvelle discipline doit montrer les insuffisances des autres disciplines. A ses débuts, l'analyse des politiques publiques s'est alors constituée contre le droit public et la science administrative. Elle supplante aujourd'hui cette dernière. Je vais dans ces développements essentiellement retenir une approche de l'analyse des politiques publiques telle qu'elle est exposée par le Professeur J. Caillosse.
On peut alors se demander pourquoi des chercheurs en sont venus à vouloir créer une nouvelle discipline. Quels sont donc les reproches qu'ils adressent à la science administrative ? Que proposent-ils pour pallier ces insuffisances ? En étudiant ces reproches et ces dépassements, nous aurons alors un panorama des divergences opposant les deux disciplines qui ont néanmoins le même objectif : expliquer l'administration
[...] Les points de divergence entre la science administrative et l'analyse des politiques publiques La science administrative naît au dix-huitième siècle avec Nicolas Delamare en France et avec de nombreux auteurs allemands comme Von Justi, Von Stein. Il s'agissait à l'époque de rassembler des données techniques, financières, statistiques, économiques, politiques mais sans réelle méthode ni communauté constituée. A ce titre, il ne s'agit pas réellement d'une science mais on l'appelle néanmoins science de la police. Avec le développement de l'Administration au 19ème siècle s'instaure peu à peu cette communauté scientifique qui manquait et les penseurs se spécialisent peu à peu sur l'étude de l'administration. [...]
[...] Durand explique que l'Etat ne constitue pas un phénomène qui peut être étudié directement, il n'a de sens qu'au concret, c'est-à-dire à travers les choix effectués en matière de politiques publiques. Les chercheurs veulent montrer combien nous sommes prisonniers de conceptions du pouvoir, de l'Etat dont nous avons hérité au fil des siècles. Ces conceptions que la science administrative contribue d'ailleurs à faire exister sont tenaces. La science administrative cache alors une partie de la réalité. En effet, le pouvoir n'est pas localisable dans des appareils matériels, parce qu'il est partout. [...]
[...] C'est la théorie des politiques publiques qui a pu permettre de comprendre le phénomène. Le concept de référentiel de Pierre Müller est à cet égard extrêmement parlant, notamment le référentiel global de marché. Le concept de médiateur qui lui est associé permet également de mieux comprendre l'action publique dans ses évolutions actuelles. La place accordée aux matrices cognitives aux représentations mentales, aux idées dans l'étude de l'action publique permet un nouveau regard sur l'administration. Le rôle central des acteurs et des idées contribue à mettre de côté le droit et les institutions qui se révèlent moins pertinentes ou en tout cas insuffisants. [...]
[...] Les chercheurs en théorie des politiques publiques vont donc privilégier les méthodes empiriques avec une approche bottom-up plus particulièrement. Des nouveaux outils d'analyse pour comprendre des phénomènes nouveaux : la construction européenne et la décentralisation La science administrative, en se focalisant sur l'Etat, ne parvient pas à expliquer les évolutions actuelles de l'action publique. L'action publique n'est pas seulement le fait de l'Etat et l'administration : de nombreux acteurs tendent à prendre de plus en plus d'importance et modifient le processus d'émergence d'un problème sur la scène politique, d'élaboration, de mise en œuvre de l'action publique. [...]
[...] La science administrative est aujourd'hui en net recul par rapport à l'analyse des politiques publiques qui publie des recherches fort intéressantes. La science administrative n'a de fait pas grand chose à voir avec la scientificité puisqu'elle est tournée vers l'administration, vers la recherche de solutions. La travail scientifique désintéressé est donc mis de côté. Les débats sont vifs au sein de chaque discipline sur ces questions. La communauté scientifique en théorie des politiques publiques est beaucoup plus dynamique et productrice du fait d'une stimulation fructueuse des chercheurs, portés notamment par le centre de recherche de Grenoble de B. [...]
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