La poignée de main en politique est un outil standard, mais aussi crucial, qui en dit souvent long sur la relation entre deux pays. C'est un réel défi que doivent relever les hommes politiques, surtout quand ce geste a lieu devant un public et des journalistes. De ce fait, une poignée de main trop ferme ou trop éloignée, par exemple, la poignée de main entre les présidents Clinton et Arafat seuls en 1993, peut laisser paraître des relations tendues entre deux hommes, et par extension entre deux pays.
L'on note que le bras gauche de Clinton tient le bras droit d'Arafat l'empêchant de s'approcher davantage, ce qui témoigne d'un manque de confiance ou d'une prise de précaution. À l'inverse, une poignée de main trop confiante ou trop proche traduirait un signe d'amitié entre deux pays, ou d'une prise de décision particulièrement satisfaisante.
Une poignée de main est donc un passage crucial dans la vie quotidienne de l'homme politique. Elle en dit long sur son état, son humeur, son caractère, et l'homme politique se doit donc toujours de donner des poignées de main fermes et généreuses. Ne pas serrer la main en politique est également mal perçu, ce qui rend ce geste incontournable.
La poignée de main officielle effectuée devant et pour un public, et par laquelle les deux parties doivent endosser leurs rôles politiques est de loin la plus importante, et mérite toute notre attention. Dans un contexte officiel, la symbolique de la poignée de main est d'autant plus forte qu'elle représente l'accord et l'union entre des nations représentées par leurs chefs d'Etat.
On peut penser dès lors qu'il y a deux dimensions de lecture, deux niveaux à analyser pour comprendre la symbolique de la poignée de main, car, en effet, une poignée de main vue sans son contexte peut laisser voir des réalités différentes que celle vue avec du recul par rapport au contexte de l'action. La poignée de main est-elle un déclencheur d'action ?
[...] La poignée de main est puissante, en face à face, leur posture est droite, les mains à équidistance de chacun. Rien ne laisse présumer une proximité personnelle entre les deux. Bien qu'ils se tiennent plutôt rigides, particulièrement Hitler, Pétain semble probablement qu'il s'adressait à Hitler qui parait fixe sur la conversation. Il y a quatre personnes en arrière-plan, la personne les entourant est un adjuvant, il semble témoigner de la poignée de main. Il semble aussi être en suspend, écoutant probablement ce que disait le maréchal. [...]
[...] Ensemble, ils incarnent l'espoir d'un futur uni pour leur pays. Schéma passionnel : cette poignée de main traduit à la fois un discours mythique de la nation - les valeurs passionnelles, sacrées qui ressortent de cette union sont la victoire de la paix, de la démocratie, de l'égalité, de la liberté, de l'union et un discours éthique de la nation des valeurs non utilitaires, non profanes telles que l'unité, la stabilité, la croissance et le progrès de la nation, au niveau politique, économique et social. [...]
[...] Mandela et De Klerk reçoivent simultanément le prix Nobel. Première lecture Schéma actanciel : nous avons ici deux sujets, Mandela et De Klerk, qui se joignent par la main en signe victorieux célébrant la fin d'un long combat. L'on peut lire l'enthousiasme partagé par ces deux personnes, particulièrement perceptible par le sourire de Mandela qui, après 26 ans d'incarcération (l'ANC African National Congress - était alors un parti clandestin), voit enfin ses ambitions se réaliser. Cet événement est d'autant plus marquant pour lui que la fin de l'Apartheid signifie un réel changement au niveau national, surtout pour les Noirs qui ont été les victimes de cette ségrégation. [...]
[...] L'accord entre Pétain et Hitler, cependant, est tout autre. La poignée de main entre les deux chefs d'Etat reflète, certes l'approbation du maréchal des ambitions d'Hitler, mais avant cela, la résignation de la France à l'Allemagne. Il s'agit donc de l'obligation du perdant de se rendre au vainqueur. Toutefois, cette obligation d'armistice mène à la paix entre les deux nations qui s'unissent pour mener ensemble la guerre en Europe. La paix entre la France et l'Allemagne est donc, paradoxalement, un moyen pour atteindre une finalité antinomique, la guerre. [...]
[...] Dès lors, elle traduit peut-être un rapprochement entre ces deux pays alors que pendant huit ans, les relations qui les unissaient furent difficiles. Cette interprétation de la poignée de main ainsi a donné matière aux médias américains, et les républicains se sont vite empressés de créer la polémique en accusant Obama de sympathiser avec l'ennemi. Toutefois, on peut également percevoir ces deux hommes comme des unités intégrales qui, loin de se préoccuper pour l'instant des intérêts de la nation, se saluent amicalement comme il se doit. [...]
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