Après l'échec de la CED en 1954, le projet d'union politique est provisoirement écarté au profit de l'union économique. Cela dit au début des années 60 le thème est sérieusement remis à l'ordre du jour. Une commission d'études, chargée de préparer des propositions concernant une coopération en matière de politique et de défense, sous la direction d'un diplomate gaulliste, Christian Fouchet, est créée lors de la conférence de Paris en février 1961 en raison des difficultés à parvenir à un accord sur ces sujets. Cette commission est invitée à préparer un projet de traité à la suite de la conférence des chefs d'État et de gouvernement de Bad Godesberg, près de Bonn, le 18 juillet 1961, afin de préciser le statut de l'union politique dont il a été question lors de cette conférence. Il existe non pas un mes trois plans Fouchet, cela dit c'est la version du 18 janvier 1962 qui a cristallisé toutes les dissensions entre partenaires européens, il apparaît donc nécessaire de s'attacher plus particulièrement à cette dernière. Le plan Fouchet vise à la création d'une « union d'États » avec notamment pour objectif « l'adoption d'une politique étrangère et de défense commune.» Ce plan est pour l'essentiel une traduction directe des thèses françaises sur l'union politique européenne, on peut donc se demander dans quelles mesures l'échec du plan Fouchet est la traduction d'une ambition purement française qui, cependant, révèle déjà tous les dilemmes que met en exergue la volonté de créer une union politique européenne.
[...] L'absence de référence à l'Alliance atlantique dans le texte, dont les 6 membres de la CEE font partie, pose le problème d'une éventuelle remise en question, inacceptable et irréaliste pour tous sauf la France. Enfin, le plan pourrait entériner le déséquilibre des puissances en Europe puisque cette union se ferait sans la Grande Bretagne qui a toujours joué un rôle stabilisateur, avec un noyau dur franco-allemand et surtout sous l'influence/la domination privilégiée de la France. Le plan Fouchet à bien des égards reste une référence car il met déjà en exergue les trois dilemmes auxquels doivent faire face les Etats membres pour construire une union politique efficace en Europe : celui de la souveraineté nationale, du rapport aux Etats-Unis et de l'équilibre entre les puissances européenne avec notamment le problème de la spécificité britannique. [...]
[...] Cette Europe devrait affirmer son identité surtout le terrain politique et militaire. Pour de Gaulle, qui craint aussi bien la confrontation entre les blocs que la constitution d'une suprématie américano-soviétique, elle devrait permettre de surmonter la bipolarisation. Dans l'Europe des Six, la France a seule la possibilité et le devoir d'être la nation guide Elle seule bénéficie d'un statut de grande puissance, membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, et responsable, avec les USA, la GB et l'URSS, du sort de l'Allemagne. [...]
[...] Donc le plan Fouchet est crée dans un contexte favorable à la création d'une défense européenne forte afin de pallier les éventuelles défaillances du protectorat américain. Cela dit l'indépendance et donc la rupture ne sont à aucun moment envisagé par les partenaires de la France, et cette dernière se trouve donc isolée de ses partenaires Les États membres ne sont cela dit pas prêt à abandonner la chaise dorée du protectorat américain aux risques de l'indépendance européenne (F.O. Miksche) 2 La radicalité de la rupture proposée est une thèse purement française Si la coopération politique de l'Europe n'est pas purement française, sa radicalité en se qu'elle doit se faire en dehors de l'alliance atlantique est, elle purement française et voire purement gaullienne. [...]
[...] Aucun des gouvernements ne demandait le fédéralisme, mais aucun ne voulait renoncer aux structures communautaires. D'autant que l'Italie et surtout les pays du Benelux, craignant une hégémonie franco-allemande dans les Communautés, étaient attachés à un système qui leur donnait des garanties. = Si le projet d'Union ne garantissait pas le maintien et le développement des Communautés existantes, il était inacceptable. La Belgique et les Pays-Bas avaient proposé un secrétariat général indépendant à la place de la commission politique du projet français: ils ne voulaient pas se trouver obligés de suivre les grands et estimaient indispensable la garantie présentée pour les petits par un organe indépendant. [...]
[...] 211-220. Stelandre, Yves: La Belgique et le plan Fouchet. In: Revue d'Allemagne et des pays de langue allemande. Tome 29, avril-juin 1997: Du plan Fouchet au traité franco-allemand de janvier 1963 p. 221-230. Yakemtchouk, Romain: La politique étrangère de l'Union Européenne. Paris, L'Harmattan Zorgbibe, Charles: Histoire de la construction européenne. [...]
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