« Tout Empire périra ».
Telle est la conclusion à laquelle arrive Jean-Baptiste Duroselle, historien réputé des relations internationales. En effet, selon lui, un empire nait, grandit et meurt comme n'importe quelle autre réalité humaine dans la mesure où il n'est que la traduction d'une volonté de puissance qui doit être soutenue par une dynamique expansionniste. Or cette fuite en avant dans la nécessité d'intégrer constamment de nouveaux territoires rend l'ensemble de plus en plus hétérogène et donc de plus en plus difficile à gérer. Populations et cultures différentes se côtoient et assurer l'unité et la cohérence de l'Empire devient un effort vain face aux velléités d'indépendance ou d'autonomie.
Ainsi d'après Duroselle, pour ne pas s'écrouler sur lui-même, l'Empire doit s'étendre, mais ce faisant, il court à sa perte.
En opposition aux empires, produits de conquêtes militaires, s'est peu à peu développée l'idée de nation qui recouvre l'idée d'une volonté de vivre ensemble. Ernest Renan parle d'un « plébiscite de tous les jours ». Le siècle dernier semble marquer le triomphe de la nation sur l'empire. Ainsi, après la Première Guerre mondiale disparaissent les empires austro-hongrois, allemand, russe et ottoman tandis que la fin de la Seconde Guerre mondiale marque l'écroulement du Reich hitlérien, de l'empire du Japon puis des empires coloniaux. A la fin du siècle, les empires Yougoslaves et soviétiques connaissent le même sort funeste.
Ainsi, on peut se demander si l'avènement des nations qui se sont construites en opposition aux empires au cours du XXème siècle ne marque pas la fin de la notion d'empire en tant qu'acteurs de l'espace mondial ?
[...] L'empire ne subsiste plus alors que sous la forme d'un titre honorifique. Ainsi, l'Etat se construit progressivement pour devenir peu à peu la nouvelle configuration politique moderne en Europe et ce processus se fait en opposition aux Empires. Ainsi, l'Empire est caractérisé par la personnalisation du pouvoir autour de l'Empereur tandis que l'Etat dépersonnalise son pouvoir et s'institutionnalise. La sécularisation progressive des Etats remplace le fondement divin et religieux de l'Empire. Et pour finir, l'Etat se construit sur une forte territorialisation et une stricte définition des frontières alors que l'empire était par définition illimité et virtuellement toujours extensible. [...]
[...] Ainsi, nous avons vu qu'un empire est une entité soumise à la contradiction entre universalité et besoin de cohésion qui ne cesse d'essayer de concilier unité et diversité. Fortement centralisé, hiérarchisé, l'empire repose également sur une dynamique guerrière pour se maintenir. La période actuelle ne peut donc qu'être hostile au concept de l'empire dans la mesure où la paix, la stabilité des frontières sont l'intérêt mutuel de la majorité des Etats. De plus, la vague démocratique a consacré le libéralisme politique. Cependant, le concept d'empire est tenace. A l'Empire romain s'est substitué l'Église catholique et l'empire carolingien puis le Saint-Empire Romain Germanique. [...]
[...] Cette tendance se retrouve jusqu'en dans les titres qu'ont portés les différents empereurs. Certains souverains assyriens se faisaient appeler roi de la totalité les Incas prétendaient régner sur les Quatre Directions tandis que Gengis Khan portait le titre d'empereur universel De plus, l'Empire romain se considère comme étant le seul à être. Les pays en dehors de son influence sont indignes ou inexistants à ses yeux et cherche à les annexer ou à les rendre dépendants. L'Empire de Chine lui ne nie pas les pays alentours, mais il utilise, en plus de la conquête, l'assimilation progressive de ces Etats dans la mesure où ces derniers doivent reconnaître la pleine autorité du Fils du Ciel Ainsi dans la plupart des Empires, l'ordre international n'est que le prolongement de l'ordre intérieur fondé sur l'idée d'une souveraineté universelle, à la fois rituelle, morale et politique et chacun se revendique comme étant le monde essentiel entouré de mondes périphériques réduits à des quantités négligeables L'avènement des nations et la disparition des empires. [...]
[...] Se réclamant des valeurs démocratiques, elle en dispose également des institutions avec une Assemblée Générale où chaque Etat dispose d'une voix et d'une Cour Internationale de Justice garantissant le droit international. La hiérarchie impériale y est également présente avec une base composée des Etats, sous le contrôle du Conseil de Sécurité, en particulier les 5 membres disposants du droit de véto. Un empereur collégial garant de l'ordre mondial. Il note toutefois qu'il s'agit d'un empereur faible, puisqu'il est soumis au véto de l'un des cinq membres permanents et qu'il ne dispose pas d'une force armée en dehors des situations prévues par la Charte. De l'Empire à l'impérialisme. [...]
[...] A la fin du siècle, les empires Yougoslaves et soviétiques connaissent le même sort funeste. Ainsi, on peut se demander si l'avènement des nations qui se sont construites en opposition aux empires au cours du XXème siècle ne marque pas la fin de la notion d'empire en tant qu'acteurs de l'espace mondial ? Le déclin des Empires et l'avènement des États Nation Les difficultés de la définition du concept d'Empire Empire : Etat gouverné par un empereur Cette définition tautologique, qui n'est autre que celle du dictionnaire Littré, marque toute la difficulté à définir ce qu'est l'Empire. [...]
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