Les événements au Tibet, la consécration de cinq évêques catholiques par l'Etat à Pékin, sans approbation du Vatican, l'arrestation de chrétiens ayant prié hors des canaux autorisés, les velléités d'indépendance des Ouïgours musulmans, ou encore la campagne de répression à l'encontre de la secte mystique Fa Lun Gong, déclarée " hérétique " par le dernier grand régime marxiste-léniniste de la planète, autant d'éléments indiquant que la question religieuse semble poser un sérieux problème à Pékin.
Au sens général, le pouvoir s'entend comme la faculté d'exercer sur une population une domination telle qu'on obtienne d'elle un comportement qu'elle n'aurait pas adopté spontanément. L'influence sur la population constitue un facteur clef du pouvoir notamment par l'impact sur les mentalités (la cohésion sociale et l'ouverture culturelle des membres de la société), et la formation intellectuelle des individus.
Appliqué à la Chine, le concept de pouvoir s'actualise à travers la figure du Parti communiste chinois (PCC), plus grand parti du monde, et qui est, en théorie, l'organe suprême du pouvoir d'Etat. Le Bureau politique du PCC, surtout son comité central (7 des 22 membres), détient le pouvoir.
Quelle est dès lors la perception du phénomène religieux par le pouvoir ? Comment cohabite pouvoir spirituel et temporel ? Comment concilier unité nationale et variété identitaire des minorités ? Comment, en somme, définir les relations entre religions et pouvoir ?
[...] Une première faille sociale : entre les privilégiés et tous les autres. Une seconde idéologique et morale : les sectes répondent au besoin de repères suscité par l'effondrement des dogmes anciens. Les institutions ont ainsi perdu la maîtrise des sentiments et plus complètement celles des valeurs morales Précisément, la difficulté vient des attentes morales qui s'adressent au pouvoir, qu'il entretient encore par son langage et que pourtant il ne peut pas satisfaire. Il s'agit donc d'une sorte de fuite des valeurs et des sentiments qui se logent désormais ailleurs : dans les adhésions à des valeurs voire à des causes extérieures à celles de la raison officielle. [...]
[...] La Chine connaît actuellement des taux de croissance économique de l'ordre de par an, mais les disparités sociales s'accroissent. Ainsi, si 250 millions de Chinois vivent bien milliard vivent mal. Ce qui explique un certain retour du religieux ! Les plus pauvres ne peuvent plus se fier au régime chinois, entraînant un refuge dans les "croyances populaires"; refuge également dans le communautarisme (surtout dans les régions de l'Ouest). Le développement du catholicisme se fonde également sur l'aspiration à la solidarité et au salut que suscitent les difficultés sociales : par exemple dans les campagnes du Jiangxi appauvries ou sur les bords du fleuve Jaune que ravagent régulièrement les inondations. [...]
[...] Comment, en somme, définir les relations entre religions et pouvoir ? Le phénomène religieux en Chine en quelques chiffres Toutes religions confondues, la Chine compte plus de 100 millions de fidèles lieux de culte clercs organisations religieuses, et 74 établissements d'enseignement théologique : c'est la part de la population se définissant comme bouddhistes, taoïstes, chrétiens, musulmans ou adorateurs du Dieu de la fortune (soit près de 300 millions) Que dit la Constitution ? La Constitution chinoise papier programmatique plutôt que loi fondamentale, qui est régulièrement remodelé en fonction des aléas de la politique) dispose en son article 36 que chaque ressortissant a le droit de " pratiquer ou de ne pas pratiquer " une religion, à condition de conformer son éventuelle pratique à des normes fixées par l'Etat, qui entend conserver le contrôle absolu des hiérarchies confessionnelles. [...]
[...] Conclusion Menace pendant longtemps, mais également adjuvant, le contrôle du phénomène religieux dépend principalement des circonstances politiques. Il s'est largement détendu à partir de 1978 puis durci aux lendemains des évènements de 1989 : en 1991 le PCC a même lancé une campagne contre la subversion causée par des forces religieuses hostiles De nos jours, la Chine n'est donc pas sortie d'une histoire où le phénomène religieux, malgré sa richesse, n'occupe finalement qu'une place secondaire, et où il très dépendant du pouvoir. [...]
[...] Aujourd'hui, la Chine a une attitude de quasi neutralité par rapport à la religion, reconnaissant même, en 2005, le rôle des religions dans la construction de la "société harmonieuse". Religions et croyances ne sont donc plus considérées comme nuisibles, mais potentiellement dangereuses sur le plan politique. Elles sont donc surveillées. B. Cependant, sur le modèle de l'idéologie confucianiste, il n'ait de phénomène religieux que soumis au pouvoir temporel Le confucianisme, dont le but est de créer une morale politique, est au fondement de l'idéologie politique chinoise. Il prône les rites comme moyen, à l'intérieur d'une société, d'échapper à la violence et au règne du plus fort. [...]
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