« Avant, les évènements qui se déroulaient dans le monde n'étaient pas liés entre eux. Depuis, ils sont tous dépendants les uns des autres ». Contrairement à l'idée couramment répandue selon laquelle la mondialisation serait un phénomène récent inhérent à l'apparition de nos sociétés modernes, certains auteurs rejoignent la pensée développée dans cette citation de Polybe qui déjà, au IIème siècle avant J.C., décrivait l'idée d'une interconnexion et d'une interdépendance des échanges entre entités du système international. Or, si les avis divergent concernant l'apparition historique du phénomène de mondialisation, cela tient à la polémique entourant la définition même de la notion de mondialisation. En effet, certains auteurs la font remonter à l'époque néolithique voire à celle de la Renaissance, mais la plupart d'entre eux se contente de la caractériser au XIXème ou XXème siècle, avec l'expansion européenne (des XIX et XXèmes siècles) ou bien par l'évolution économico-libérale de l'après seconde guerre mondiale. Quoi qu'il en soit, les premiers théoriciens de la mondialisation, qui ne possédait pas alors le dénominatif qu'on lui connaît aujourd'hui, apparaissent au XIXème siècle en Europe. MONTESQUIEU en 1803 dans L'Esprit des lois et David RICARDO un peu plus tard en 1817 étudiaient donc déjà les conséquences du « doux commerce », et ce, à l'échelle interétatique aussi bien qu'entre les individus d'une même nation. D'après RICARDO, la différence entre les prix des biens ou des facteurs spécifiques aux situations d'autarcie , entraîne ainsi la mise en œuvre d'échanges commerciaux entre entités du système international. Il en résulte alors un gain mutuel de l'échange, « gain dont le partage peut évidemment être plus ou moins inégal selon les circonstances [et] est d'autant plus grand que les différences entre les partenaires à l'échange sont importantes » . Mais l'on remarque cependant, qu'autant RICARDO en déduit une répartition même inégale des gains entre les participants , autant MONTESQUIEU y voit déjà pire, un facteur d'injustice sociale . Aujourd'hui encore le débat persiste entre les personnes prônant la vision d'une mondialisation heureuse, notamment Alain MINC , et celles qui dénoncent « l'horreur économique » telle Viviane FORRESTIER . Un constat fait cependant l'unanimité, le débat sur la mondialisation intéresse le monde entier et reste particulièrement vif en France, « comme d'ailleurs dans tous les pays qui ont un Etat social-démocrate traditionnellement fort », car elle se traduit selon P.-N. GIRAUD par « une extension de la sphère du marché et une compétition accrue entre les firmes, celles-ci mettant elles-mêmes les territoires en compétition entre eux ». Cette compétition finit donc par toucher tout le monde, néanmoins, ceux sont les cercles de réflexion marginale de la côte Est des Etats-Unis qui ont les premiers lancé le débat dès le début des années 1990. Plusieurs courants d'interprétation en découlent. Il s'agit d'après Jean-Claude RUANO-BORBALAN , d'abord d'une prise de mesure des phénomènes en développement jusque dans les années 1995 parallèlement aux sciences politiques qui se sont alors focalisées sur la place de l'Etat-Nation dans ce nouveau système et donc aux phénomènes identitaires, conflits religieux ou ethniques analysés comme des réactions à la mondialisation. Il y a ensuite eut lieu à une relativisation de l'ampleur de cette dernière en montrant ses aspects complexes et contradictoires et la capacité d'action des Etats-Nations a été réévaluée, pour enfin aboutir à une phase d'étude faisant prévaloir la révolution des technologies de l'information et de la communication au fur et à mesure que le questionnement sur les aspects économique et politique de la mondialisation s'estompait. « Un constat fait cependant l'unanimité : les trente dernières années de la mondialisation contemporaine font que la planète va plus mal […] Mais le monde n'est pas pour autant au bord du chaos. Il reste constitué par des équilibres instables en quête de nouvelles régulations » . Ce à quoi Amitav ACHARYA ajoute « Aucune économie n'est assez forte pour arrêter la vague montante de la mondialisation. Il n'existe pas non plus d'alternative viable. Donc, ce que les gouvernements doivent faire, c'est embrasser la mondialisation, et renforcer les institutions nationales pour faire face aux contraintes imposées à leur société respective » .
Nous étudierons cependant cet aspect de dérégulation des structures traditionnelles du système international en second ( II ) après avoir préalablement décrit le phénomène de mondialisation tel qu'il se présente aujourd'hui ( I ). Nous expliquerons donc la nécessité de rééquilibrer le système mis en place par la mondialisation et nous verrons ainsi en quoi il nous est possible de voir le phénomène actuel de mondialisation comme une forme insidieuse d'imposition du modèle occidental.
[...] article, Mondialisation : entre réticences et résistances sur le site du Cairn. Op. cit. Op. cit. J. Nye, Bound to lead : the changing nature of american power Article de J. Le Cacheux précité. 2004, op. cit. [...]
[...] L'idéal diffusé par la mondialisation serait plutôt d'après nous au service de cette dernière en tant que promotrice de la société de consommation. L'on remarque que l'idée propagée est ici une logique propre aux entreprises ce qui confirme notre pensée concernant l'importance croissante prise par le modèle de l'entreprise. b . Thèse de l'Occidentalisation du monde. Mais d'autres auteurs y voient plus, ils pensent ainsi que la mondialisation ne produit pas elle-même sa propre idéologie, mais que cette dernière serait créée et utilisée de manière insidieuse aux dépens de la mondialisation par l'Occident pour parvenir à une occidentalisation du monde C'est en tout cas ce que défendent notamment D. [...]
[...] Etant donné que les Etats se sont ouverts à la mondialisation, une interdépendance s'est créée entre ces derniers et le marché, les rendant de fait plus vulnérables aux chocs provenant des autres entités étatiques, puisque nous nous trouvons dès lors dans un grand marché mondial. Ce phénomène renforce en outre la discipline qu'exercent à plus ou moins bon escient les marchés financiers, nous explique J. Le Cacheux[36]. Faut-il, pour autant, conclure que les phénomènes de mondialisation ont un caractère inéluctable et que, dès lors, les décisions politiques n'y ont aucune part ? [...]
[...] Vertus et limites du libre échange, traduction française, Paris, La Découverte L'auteur rejoint ici l'idée exprimée par Manuel Castells, les personnes devenant de plus en plus mobiles et l'économie ne nécessitant plus de place spécifique pour s'exprimer, la ville perd son statut traditionnel de lieu d'échange et de commerce. Op. cit. Op. cit. Op. cit. Op. cit. C'est le cas par exemple de Hong-Kong et Taïwan par rapport à la Chine. [...]
[...] Une mondialisation discriminante. Z. Laïdi parle de panne de l'ascenseur mondial Benoît Richard constate que les délocalisations ont peu d'effet sur le niveau de l'emploi, si ce n'est légèrement positif pour les pays développés[23]. S. Berger énonce de plus que les systèmes de production sont très fragmentés et très internationalisés aujourd'hui, la production s'effectuant alors en séquences du fait du fractionnement des systèmes de production[24]. Mais à quoi correspond exactement cette notion de fragmentation de la production ? Il faut pour la comprendre se rapporter à la théorie des leviers développée par Joel Mokyr[25]. [...]
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