Mafia et politique, voilà deux concepts en théorie contradictoires, mais dans les pratiques tout comme dans les mentalités collectives, ces deux notions sont perçues comme étroitement liées, voire indissociables l'une de l'autre.
Si dans les ressorts officiels, elles s'inscrivent dans une logique de confrontation avec d'un côté une mafia qui tenterait de déstabiliser et de contrôler l'Etat, la démocratie, les institutions,… et de l'autre, un Etat qui multiplierait les mesures de lutte anti-mafieuse, dans les ressorts officieux il s'agit d'une étape supplémentaire dans « l'échelle du pire », ajoutant à l'immoralité du clientélisme et à l'illégalité de la corruption, une dimension criminelle, une dangerosité sociale, d'autant plus que les structures mafieuses se servent de la corruption et du clientélisme pour atteindre le politique et réaliser ses buts.
Or, le mot « mafia » est lourd d'évocations fantasmatiques dans l'opinion publique, renforcé en cela par son aspect secret, souterrain, invisible. En fait, partant d'un mot sicilien dont l'origine n'est pas établie, signifiant au XVIè s. « vaillance », « courage », « sûreté de soi » et « arrogance », il va désigner des unions secrètes, puis vite évoluer vers une association secrète de malfaiteurs, et si certains chercheurs n'emploient ce terme que pour caractériser la Cosa Nostra, la plupart ont choisi d'universaliser cette notion et de l'appliquer à de multiples organisations criminelles opérant aux quatre coins du monde.
Attractif et équivoque, le mot « mafia » souffre de l'absence d'une définition qui fasse consensus.
A ce propos, la France, qui est dépourvue de mafias indigènes, ne propose pas de définition de la grande criminalité organisée. Quant à celle de l'ONU, adoptée lors de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée à Palerme en décembre 2000, elle est très laconique : « un groupe structuré de trois personnes ou plus existant depuis un certain temps et agissant de concert dans le but de commettre une ou plusieurs infractions graves, pour en tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage matériel ». Mais c'est celle de l'UE qui est la plus précise en fournissant onze caractéristiques 1) collaboration entre plus de deux personnes, 2) des tâches spécifiques attribuées à chacune d'elles 3) sur une période de temps assez longue ou indéterminée, 4) avec une forme de contrôle ou de discipline, 5) suspectées d'avoir commis des infractions pénales graves, 6) agissant au niveau international, 7) recourant à la violence ou d'autres moyens d'intimidation, 8) utilisant des structures commerciales ou de type commercial, 9) se livrant au blanchiment de l'argent, 10) exerçant une influence sur les milieux politiques, les médias, l'administration publique, le pouvoir judiciaire ou l'économie, 11) agissant pour le profit et/ou le pouvoir.
Face à ces ambivalences, il est nécessaire, pour clarifier l'analyse, d'adopter une définition précise et opérationnelle de la criminalité organisée, quitte à ce qu'elle soit arbitraire et restrictive. Il s'agit d'une organisation structurée, utilisant des moyens d'intimidation et recourant à diverses formes de crimes ou délits, devant nouer des contacts et/ou pénétrer les institutions politiques du pays ou les moyens d'administration locale, avec pour finalité la maximisation des profits et ressources ainsi que l'aspiration au pouvoir.
L'approche et l'infiltration du milieu politique représentent la forme la plus achevée d'organisation des éléments criminels-mafieux, distinguant les mafias des autres catégories de criminalité et d'associations de malfaiteurs. (en Russie, la criminalité s'identifie à une mafia dans la mesure où les « gangsters » sont liés à des cercles politiques nationaux)
Surtout, cela nous conduit à nous interroger sur la manière dont la sphère criminelle et la sphère politique s'interpénètrent, et nous demander si l'on peut parler de « criminalisation » du politique.
Pour cela, on va évoquer les collusions politico-mafieuses à travers deux trajectoires différentes, avant de voir les relations entre crime organisé, Etat et démocratie, pour enfin s'intéresser aux questions polémiques découlant de ces liens.
[...] La mafia comme entrepreneur privé de justice, notamment dans la résolution des conflits commerciaux (cf. Anton OLEÏNIK : face à la lenteur de la justice on peut user des services de la mafia, bien que cela soit dangereux, mais de manière générale dans le recouvrement de créance la règle est le plus fort gagne, avoir la mafia pour soi est un atout. En Afrique, les répertoires culturels ou répertoire d'ascension sociale, favorisent une image positive de la mafia ou d'activité criminelle, notamment par le concept du métis (ou trickster) et l'invisible, couplé à un individualisme fort (dans le sens aventuriste, débridé). [...]
[...] La fiction religieuse a laissée place à la fiction politique. Le fait est que les individus croient en ce besoin de légitimité, parce qu'elle est véhiculé par les normes internationales-nous y reviendrons-, mais aussi parce que ces États l'ont inscrit dans leur constitution et ont organisé leurs administrations en ce sens. Durant nos développement nous nous sommes accordés sur ce qu'était la mafia et le crime, nous l'avons fait dans le but de faciliter nos développement, cependant peut-on véritablement s'accorder sur une définition commune. [...]
[...] En fait, partant d'un mot sicilien dont l'origine n'est pas établie, signifiant au XVIè s. vaillance courage sûreté de soi et arrogance il va désigner des unions secrètes, puis vite évoluer vers une association secrète de malfaiteurs, et si certains chercheurs n'emploient ce terme que pour caractériser la Cosa Nostra, la plupart ont choisi d'universaliser cette notion et de l'appliquer à de multiples organisations criminelles opérant aux quatre coins du monde. Attractif et équivoque, le mot mafia souffre de l'absence d'une définition qui fasse consensus. [...]
[...] D'autre part ils pourront, contre un certain nombre d'avantages, assurer aux hommes politiques le soutien des territoires qu'ils contrôlent. Les liens entre ces deux derniers acteurs se sont amplifiés en particulier avec l'accroissement des ressources publiques et la consolidation des systèmes démocratiques, les groupes mafieux ont de plus en plus intégrés le système politique. Cependant cela ne veut pas dire qu'ils utilisent désormais des méthodes légales, leur pouvoir est encore fondé sur la violence. En fait les mafias ne sont pas des anti-États, elles sont des contre- États, ce qui signifie qu'elles s'y appuient et s'y enracinent. [...]
[...] Une exploitation par cette structure collégiale d'activités criminelles. L'insertion des activités économiques dans des réseaux internationaux. Une osmose entre l'imaginaire culturel et historique et l'imaginaire transnational qui véhicule un processus de globalisation. L'importance macroéconomique et macropolitique de ces pratiques dans le processus de structuration de ces sociétés. La complexité de ces six indices a pour objectif, nous semble t-il, d'éviter toute confusion avec la corruption ou le clientélisme, la criminalisation de l'État signifie bien que tout une institution s'inscrit dans un procédé d'accumulation. [...]
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