"Humour" n.m. (mot angl., de l'anc. Fr. humor, humeur)
Forme d'esprit qui cherche à mettre en valeur avec drôlerie le caractère ridicule, insolite ou absurde de certains aspects de la réalité, qui dissimule sous un air sérieux une raillerie caustique.
L'humour, c'est un fait, n'est pas une création moderne : il a traversé les siècles et les frontières pour arriver jusqu'à nous. Et ce sont ses origines lexicales, son évolution historique et ses conceptions sociales qui le rendent si difficile à cerner.
Paul Valéry pose les bases de la problématique : " Le mot humour est intraduisible. S'il ne l'était pas, les Français ne l'emploieraient pas. Mais ils l'emploient précisément à cause de l'indétermination qu'ils y mettent, et qui en fait un mot très convenable à la dispute des goûts et des couleurs. Chaque proposition qui le contient en modifie le sens : tellement que ce sens lui-même n'est rigoureusement que l'ensemble statistique de toutes les phrases qui le contiennent, et qui rendront la couleur."
Nous voici donc projetés dans la sphère globale de l'humour.
Il est difficile de donner de l'humour une définition synthétisant l'ensemble de ses constituants, mais ne peut-on pas au moins essayer ?
C'est Voltaire qui introduit le mot humour dans notre langue. « Les Anglais, dit-il dans une lettre à l'abbé d'Olivet, ont un terme pour signifier cette plaisanterie, ce vrai comique, cette gaieté, cette urbanité, ces saillies qui échappent à un homme sans qu'il s'en doute ; et ils rendent cette idée par le mot humeur, humour, qu'ils prononcent yumor ; et ils croient qu'ils ont seuls cet humeur, que les autres nations n'ont point de terme pour exprimer ce caractère d'esprit. ». Cependant, c'est un ancien mot de notre langue, employé en ce sens dans plusieurs comédies de Corneille. En effet, « rien n'est plus consternant que la lecture des traités scientifiques, esthétiques, psychologiques sur le comique, l'esprit et l'humour ». C'est ce que dit courageusement Georges Elgozy en commençant son livre « De l'humour ». Il y démontre, après tant et avant tant d'autres, que le rire, le comique et l'humour échappent à toutes définitions, qu'il est vain de vouloir les enfermer dans une formule.
Qui n'a pas vu des images de cour avec son fou du roi habillé d'un justaucorps coloré et d'un capuchon à cornes ? À quoi servait-il ? À faire rire le roi bien sûr, mais pas aux dépens de celui-ci. On tenait trop à conserver sa tête sur ses épaules. En fait, le roi se servait de son fou pour ridiculiser les raseurs qui s'accrochent aux basques des grands de ce monde pour s'élever un peu plus au-dessus des autres. Humoriste avant de le savoir, le fou du roi avait donc un rôle social.
Le Bourgeois gentilhomme et Tartuffe sont certainement des personnages qui ont choqué. Le théâtre de Molière est devenu une institution royale, il a su tracer la ligne entre le permis et le défendu. Jamais dans ses pièces, l'auteur du « Malade imaginaire » ne critiqua ouvertement son protecteur.
Aujourd'hui, l'humour est véritablement présent dans tous les domaines de la société.
L'humour politique est apparu en même temps que les leaders politiques. Comme toutes les formes d'humour, il comporte un genre grossier, un genre mesquin et un genre perspicace. Tous ceux qui s'amusent du monde politique ont quelque chose à dire.
Actuellement, l'humour s'est banalisé grâce ou à cause de sa diffusion dans les médias. Parfois, l'humour prend en otage, blesse ou n'est pas fondé.
Peut-on alors rire de tout ? Jusqu'où l'humour peut-il aller dans la dérision ?
Après avoir vu dans une première partie que l'humour et la politique s'accordent à l'unisson depuis des siècles et que leur union s'intensifie avec le temps, nous verrons que leur harmonie en fait un véritable vecteur de l'information, mais peut se heurter à des problèmes relationnels quand ils se heurtent à l'éthique.
[...] Liberté d'expression ou provocation médiatique ? L'une de ces caricatures (voir ci-dessous) représente la tête du Prophète surmontée d'un turban en forme de bombe. Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), y voit un nouveau signe d'islamophobie envers les musulmans et leur religion Au-delà de l'amalgame entre l'islam et le terrorisme, présent dans quelques dessins, c'est l'interdit de la représentation de Mahomet qui est mis en cause. Selon le Coran toute effigie du Prophète relève de l'idolâtrie, et transgresser ce tabou est un blasphème. [...]
[...] Ce n'est qu'en 1526 que Paracelse tente de mettre en relation la médecine du corps et celle de l'âme. Mais ce rapport entre physique et psychologique demeure du côté du sérieux, et il faudra attendre Ben Jonson pour introduire dans l'humeur, la nuance comique qui spécifie l'humour dit moderne. Car pour qu'un fou, un excentrique ou un marginal, s'impose en personnage humoristique, il lui faut un fond de normalité ou d'anormalité contradictoire à son état : un décalage. Yves Delage dit alors : " il faut qu'entre l'effet et la cause, il y ait disharmonie En 1959, Ben Jonson définit l'humour comme une manie, une idée fixe, une humeur bizarre : La difficulté vient d'abord de l'acception française et contemporaine du terme (d'un flottement perpétuel entre un sens étroit et un sens étendu), entre une disposition d'esprit propre au locuteur ou au récepteur et la " matière " comique elle-même. [...]
[...] Mais son action politique est mal reçue, le monde politique et tous les espaces d'expressions vont se fermer pour Coluche. Il se décide finalement à mettre fin à sa campagne électorale le 7 avril 1981. Coluche se retire peu à peu, ses apparitions se font de plus en plus rares. Il décédera à la suite d'un accident de moto en 1986 à l'âge de 42 ans. Après Coluche d'autres humoristes suivent la même voix tels que Pierre Desproges, Thierry Le Luron. [...]
[...] Caricature de Gustave Doré 1835 : lois sur la presse et interdiction de la satire politique en France. La caricature disparaît, Le charivari autre journal crée par Philipon subsistera. Caricature de Cham ; journal Le Charivari 1865 : La lune crée par André Gill qui met à la mode le portrait chargé. L'insolence de la revue et des portraits de Gill amène à son interdiction par la censure. La lune devient L'éclipse en : lois sur la liberté de la presse et de la caricature. [...]
[...] Les humoristes et la politique i. Coluche ii. Pierre Desproges iii. Thierry Le Luron I. L'humour, vecteur d'information a. L'impact de l'humour I. La presse I. Charlie Hebdo II. Le Canard Enchainé III. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture