Contrairement à ce qu'avait prédit Malraux, le problème religieux n'est pas le problème principal de cette fin de siècle. Pour paraphraser l'affirmation qu'on lui attribue, mais qu'il n'a jamais prononcée, le XXIème siècle sera, sans nécessairement être spirituel.
Alors que l'idée de Dieu et la religion ont été des piliers au fondement de la construction des sociétés humaines, aujourd'hui ce sentiment religieux est en perte de vitesse manifeste dans nos sociétés Occidentales contemporaines.
Ce fait prend un sens particulier, un siècle après que Max Weber ait, le premier, mis en évidence le phénomène de Désenchantement du monde ; qu'il définit comme « l'élimination de la magie en tant que technique de salut ». Ce processus décrit comme une perte d'illusion des hommes quant à l'explication divine du sens du monde, est indissociable d'un processus historique de rationalisation du monde datant de la genèse de l'Etat moderne. Par ce dernier, l'individu est devenu autonome et s'est libéré de la prédestination divine. Toutefois, malgré son recul, le sentiment religieux n'a pas disparu, le problème étant de savoir si cela s'apparente comme une survie précaire ou comme une véritable adaptation à la disparition du magique.
On peut dès lors se demander si l'autonomie de l'esprit a éliminé l'instinct religieux ?
Nous verrons dans une première partie que la perte des illusions, inhérente au désenchantement, est due aux contradictions d'un monde anciennement enchanté ; Puis dans un second temps nous verrons que bien que ce désenchantement se manifeste de manière effective, on observe des formes de résistance et de ré enchantement du monde.
[...] Selon Hitzler, on a l'impression que les individus agissent comme des bricoleurs. A partir de ce qui est à leur disposition ou qu'ils peuvent se procurer sans qu'il leur en coûte trop ils assemblent n'importe comment ce qui leur paraît nécessaire Ainsi les deux formes étudiées marquent le retour du sentiment alors qu'on pensait la raison triomphante. Cette réaction au rationalisme n'est pas l'unique forme de la vivacité de l'instinct religieux, puisqu'on observe chez les athées et les nihilistes la demande de sens. [...]
[...] Elle correspond à un questionnement quant au sens de la vie dans ce monde Occidental ou l'on naît, on travaille et on meurt. L'homme est-il sur terre uniquement pour consommer ? Le développement de l'individualisme, de la société de consommation et du tout économique en tant que norme de mode de vie dans les sociétés Occidentales entraîne des questionnements contemporains profonds quant au sens de la vie. L'homme est-il sur terre uniquement pour consommer ? On naît, on travaille, on meurt. Métro-Boulot-Dodo Ces angoisses se traduisent de différentes manières. [...]
[...] L'instinct religieux apparaît même chez ceux qui nient l'existence de Dieu, il prend la forme du réenchantement du monde. Paradoxalement, on peut expliquer que les nihilistes sont en quête de sens, du moins chez la plupart des cyniques et ceux qu'on appelle les pessimistes de salons Cette critique vient notamment de Nietzsche qui considère ce bouddhisme mou comme une récupération européenne : tandis qu'en Inde la philosophie considère que tout est vide, tout est illusoire, on s'appuie sur ces considérations pour nier l'existence de Dieu en Europe. [...]
[...] Celles-ci plus conditionnantes mais pas encore instituées marquent la vivacité de l'instinct religieux. Effectivement en France, un rapport d'enquête parlementaire dénombre en mouvements sectaires. De plus, malgré des critères de dénombrement complexes, ce dernier nous fait part d'une augmentation du nombre de personnes impliquées dans ces mouvements : en 1982 il y avait 100000 adeptes et 50000 sympathisants, contre 160000 adeptes et 100000 sympathisants en 1995. Cette forme de retour du religieux consiste plus une négation du désenchantement du monde. [...]
[...] Cette sortie de la religion, c'est-à-dire le desserrement de la contrainte qui va rendre possible l'émancipation individuelle moderne, est avant tout l'œuvre d'une transformation du rapport au temps dans les religions Occidentales. En effet dans la religion première (nous verrons que ce sont celles qui sont antérieures aux religions transcendantales) on ne fait que suivre les pratiques de héros ou Dieux passés, qui guident notre manière d'être. Avec les religions transcendantes, il y à une ouverture à l'histoire, au temps passé, mais également présent et futur. C'est l'épanouissement du Christianisme en Occident. [...]
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