« Si la politique va mal, tout va mal, et si tout va mal, à qui la faute ? Evidemment à ceux qui ne s'y intéressent pas et n'en font pas ».
Cette citation de Jacques Ellul est extraite de l'ouvrage Exégèse des nouveaux lieux communs paru en 1966.
La question peut se poser : le débat sur le dépérissement de la politique n'est-il pas, comme le soulignait déjà Jacques Ellul, un lieu commun, une idée reçue qui, des discussions de comptoirs aux débats télévisés cautionnés par de doctes spécialistes, masquerait une réelle réflexion sur ce qu'est la véritable nature de la politique ?
Une analyse historique du concept montre un glissement sémantique évident : de manière d'être ensemble au sein de la cité, la praxis des grecs dans la polis , la politique s'est transformée à l'époque moderne en technique de gouvernement où l'individu n'est plus acteur direct mais représenté.
Cet éloignement de l'individu des centres de décisions où se joue le destin collectif est-il synonyme de dépérissement ?
Si toute pratique de la politique est inséparable de la manière dont est organisée la société, la question ne serait plus celle d'un éventuel dépérissement, mais d'une fragilité consubstantielle à cette activité humaine : une perpétuelle remise en question qui entraînerait une constante adaptation.
Nous allons donc tenter d'analyser la question en deux moments : dans un premier temps par une revue historique du dit dépérissement de la politique, des Anciens aux Modernes ; dans un deuxième temps nous tenterons par une analyse contemporaine des symptômes susceptibles d'indiquer ce déclin de comprendre pourquoi la question peut se poser et surtout pourquoi ce questionnement qui montre la fragilité de la politique est-il nécessaire à sa vitalité.
[...] Nous allons donc tenter d'analyser la question en deux moments : dans un premier temps par une revue historique du dit dépérissement de la politique, des Anciens aux Modernes ; dans un deuxième temps, nous tenterons par une analyse contemporaine des symptômes susceptibles d'indiquer ce déclin de comprendre pourquoi la question peut se poser et surtout pourquoi ce questionnement qui montre la fragilité de la politique est-il nécessaire à sa vitalité. Analyse d'un dépérissement Revue historique de la question : des Anciens aux Modernes A La politique dans l'Antiquité Origine d'un dépérissement ? Ce sont les Grecs qui ont inventé la politique. Indépendamment du mot lui- même, tous les termes de la science politique d'aujourd'hui ont une origine grecque : démocratie, aristocratie, monarchie, ploutocratie, oligarchie, tyrannie. Seule la dictature est d'origine romaine (quoique version romaine de la tyrannie). [...]
[...] La preuve lorsque ressortent des vieilles affaires de corruption au sein du R.P.R. ça n'a pas empêché son ancien dirigeant Jacques Chirac d'être réélu à la présidence. Ou alors par exemple au Brésil avec Fernando Collor de Mello, élu démocratiquement en 1990 sur un programme d'ouverture, de modernisation, de lutte contre la corruption, et destitué le 29 décembre 1992 pour avoir détourné six millions de dollars. Que ce soit en France où dans le monde cela n'étonne plus personne, n'est qu'un corrompu de plus déclaré, de toute façon ils le sont tous Pour retourner sur l'exemple français, avec l'affaire Clearstream et de nombreuses accusations de financements occultes au sein des partis, de droite notamment, c'est un dépérissement certain des partis, devenus presque des institutions de la République, donc de la politique. [...]
[...] Leurs actions et lignes politiques vont souvent à l'encontre de ce que les politiciens voudraient faire, et nous assistons encore une fois ici à une certaine forme de dépérissement de la politique, dans le sens où il y a perte d'indépendance du pouvoir politique d'un Etat. B La fragilité nécessaire du politique Une remise en cause constante, mais justement nécessaire de la politique Cette accusation de dépérissement ne serait-elle pas le symptôme d'un problème tout autre ? Le symptôme d'une fragilité, d'une remise en cause constante de la politique depuis sa création une fragilité nécessaire donc, une critique continuelle qui lui permettrait de s'adapter à son époque et de répondre aux besoins de gérance de la société sans en devenir obsolète. [...]
[...] En effet, pour un régime qui se dit démocratique, il n'y a de démocratique que le nom. Les citoyens ne représentent que 10% de la population et sont exclus de la citoyenneté les femmes, les étrangers les esclaves, mais, aussi et surtout, il faut insister sur le fait que, parmi ces seule une minorité peut se permettre financièrement d'assister à la vie politique de sa cité : paysans, commerçants et artisans dans leur grande majorité n'assistent pas au débat politique malgré une compensation symbolique offerte aux plus nécessiteux d'entre eux. [...]
[...] Ce comportement souligne une réelle déchéance du monde politique, une déchéance grave, car le citoyen semble bien avoir perdu, pour sa grande majorité, tout espoir envers ses représentants. En effet jusque-là la politique, le politique aussi à travers des icônes charismatiques, avaient toujours représenté un espoir, un espoir d'une vie meilleur, de meilleures conditions sociales ou encore économiques. Aujourd'hui cet espoir est déchu, sans petit jeu de mots aussi déçu. Ce sentiment est d'autant plus aggravé que souvent les hommes politiques ne tiennent pas leurs promesses. Corruption, tous pourris : Accusation très grave, mais pourtant devenue presque banale. [...]
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