Peut-on envisager une société civile sans Etat ?

Résumé du document

La société civile ou l'état civil, qui s'oppose dans la tradition philosophique à l'état de nature est distincte du concept de l'Etat. Bien que indépendantes, ces deux notions sont en perpétuelle interaction. En effet, l'Etat est un instrument au service de la société civile, qui lui garantit son harmonie, sa sécurité, donc sa survie, mais cela n'est possible que si les individus acceptent de renoncer à une partie de leurs libertés individuelles. De nombreuses théories philosophiques et politiques modernes voient alors en l'Etat un oppresseur des libertés dont le pouvoir coercitif ne serait pas légitime. L'Etat tout puissant et légitimé dans les théories de contrat social, perpétue sa tâche de protection de la société civile, et cela quelque soit les moyens pour y arriver.

Extraits

[...] Hobbes n'envisage alors à aucun moment de l'évolution de la société civile la dissolution de l'Etat, car l'homme retournerait de fait à l'état de nature (quelle que soit la raison de cette dissolution). La protection des libertés et des individus justifie selon Hobbes la toute-puissance du Léviathan, faisant régner l'ordre, et cela par tout moyen (conception proche de Machiavel dans Le Prince). Ce radicalisme dans les théories du contrat social et cette conception de l'Etat et les justifications au renoncement à une partie des libertés (oppresseur des libertés individuelles) va être largement contesté par des courants philosophiques qui vont conceptualiser la possibilité de l'existence de la société civile sans l'autorité supérieure qu'incarne l'Etat. [...]

[...] Il n'est donc pas impossible d'imaginer une société civile qui finirait par trouver un mode de fonctionnement qui permettrait la disparition naturelle de l'Etat, du fait de son obsolescence, sans un retour à l'état de nature. Le travail de Pierre Clastres est d'ailleurs intéressant à ce sujet, puisqu'il montre qu'il existe dans les faits, des sociétés primitives de petite taille qui s'organisent sans pouvoir ni Etat, elles se construisent d'ailleurs de manière à éviter l'apparition de telles autorités, et cela dans en ne s'inscrivant pas dans une temporalité historique : L'histoire des peuples sans histoire, c'est l'histoire de leur lutte contre l'Etat Friedrich Hegel, Principes de la philosophie du droit (1821) Friedrich Hegel, idem Platon, La République, Livre IV (IVe siècle av. [...]

[...] Peut-on envisager une société civile sans Etat ? La société civile ou l'état civil, qui s'oppose dans la tradition philosophique à l'état de nature est distincte du concept de l'Etat. Bien qu'indépendantes, ces deux notions sont en perpétuelle interaction. En effet, l'Etat est un instrument au service de la société civile, qui lui garantit son harmonie, sa sécurité, donc sa survie, mais cela n'est possible que si les individus acceptent de renoncer à une partie de leurs libertés individuelles. De nombreuses théories philosophiques et politiques modernes voient alors en l'Etat un oppresseur des libertés dont le pouvoir coercitif ne serait pas légitime. [...]

[...] D'ailleurs, Hegel distingue clairement l'Etat de la société civile qui est un système réunissant les intérêts particuliers. L'Etat en revanche est ce qui autorise la réalisation individuelle et l'expression des libertés : L'Etat est la réalité des libertés concrètes L'Etat est alors reconnu comme légitime : à l'aide des lois qu'il crée et fait respecter, il perpétue cette harmonie au sein de la société civile. La théorie hégélienne défend également l'idée que l'Etat est la finalité, le résultat des mutations historiques de la société civile. [...]

[...] Selon les théories de Karl Marx, reprises ensuite par Lénine ou encore Rosa Luxemburg, l'Etat est l'instrument de la classe dominante pour régner sur la classe ouvrière. Ainsi, pour Lénine, détruire l'Etat, c'est mettre fin à cette oppression. Il s'agit dans un premier temps de détruire l'Etat bourgeois pour le remplacer par l'Etat ouvrier Cet Etat resterait un instrument d'oppression mais pour aboutir à la socialisation des biens Les classes disparaitraient de fait, tout comme l'Etat dont l'existence serait devenue obsolète. [...]