Peut-on encore parler du bipartisme au Royaume-Uni ?

Résumé du document

Depuis plus de 160 ans, la vie partisane britannique repose sur le bipartisme. Dès le XIXe siècle, le bipartisme conservateurs-libéraux, puis depuis l'après-guerre, conservateurs – travaillistes régit le système parlementaire. Le bipartisme, première caractéristique du régime britannique, désigne la situation où seulement deux partis obtiennent la majorité absolue, leur permettant de se succéder à la tête du gouvernement. Ce système s'explique par plusieurs facteurs, notamment celui du mode de scrutin qui apparaît comme étant le plus significatif.

Le sujet Peut-on parler encore du bipartisme ? nous met face à une remise en question et une contestation du bipartisme, par l'utilisation du mot « encore ». Cela nous emmène donc à nous demander dans quelles mesures le bipartisme semble contesté.
Nous étudierons la question, en observant dans un premier axe, l'âge d´or du bipartisme (1945-1970), avant de nous intéresser, dans un second axe, à la remise en question de ce modèle.

Extraits

[...] Cette naissance est considérée comme une sérieuse menace pour le bipartisme. En effet, lors des élections de 1983, le parti centriste récolte 7,8 millions de voix tandis que les partis travaillistes récoltent 8,5 millions de voix. Une seconde menace pour le bipartisme, provient de l'émergence des partis nationalistes qui provoquent une territorialisation des votes britanniques. Dans les années 1970, le Scottish national party créé en 1934, réussit à s'imposer lors des élections partielles de 1967, où il récolte des suffrages exprimés et lors des élections locales de 1968 où il obtient 30% des votes et une centaine de sièges. [...]

[...] Cette date, signifie deux choses: d'une part, elle ouvre le début d'une longue période de domination du parti conservateur, d'autre part, elle désigne la fin de la période d'alternance régulière entre les deux grands partis au pouvoir. Après cette longue période de suprématie, on passe au règne du New Labour. En effet, lors des élections de 1997 et 2001, le New Labour domine largement donnant lieu à de multiples coalitions d'intérêts. Les conservateurs perdent alors un grand nombre de députés ce qui va permettre au New Labour d'affirmer sa future position hégémonique. [...]

[...] Les problèmes économiques et sociaux entrainent donc une remise en cause directe du bipartisme. Une autre contestation provient du comportement des électeurs : le class désalignement. Il s'agit d'un phénomène qui remet en cause les équivalences working class = vote pour le parti travailliste, middle class = vote pour le parti conservateur. Ainsi selon Särlvik et Crewe, à partir des années 1970 aucune des grandes catégories socio-économiques ne fournit désormais le même degré de soutien solide et régulier à l'un des deux grands partis, comme cela avait été le cas dans l'immédiat après- guerre. [...]

[...] II.Le bipartisme en question (1979- . ) 1. La contestation du bipartisme par l'émergence de nouveaux partis Les élections : reflet de la remise en cause du bipartisme par le multipartisme On assiste à une évolution vers le multipartisme, conséquence de la multiplication des candidats. En effet, dès 1964, la compétition électorale type a désormais lieu entre 3 candidats. Les années 1980-1990 sont caractérisées par une augmentation des candidats pour chaque circonscription. Si l'on compare la moyenne de candidats par circonscription entre les élections de 1951 et celles de 1997, on constate que la moyenne du nombre de candidats par circonscription passe de 2,2 à 5,65. [...]

[...] Et du relatif post-war consensus Le Royaume-Uni est caractérisé de 1945 à 1970 par un relatif consensus partisan. A partir de 1945, le gouvernement Attlee met en place une politique dans les domaines économiques et sociaux qui ne sera pas véritablement remise en cause jusqu'en 1970. Cette politique promeut un programme social-démocrate d'inspiration keynésienne en matière économique et beveridgienne dans le domaine social. Ce consensus sur le fond est également recherché sur la forme par le biais d'une pratique politique fondée sur des négociations tripartites régulières avec les syndicats qui deviennent alors des acteurs centraux du débat politique. [...]