Dans cette synthèse, la question du tirage au sort est étudiée du point de vue contemporain. Dans le contexte de la crise de la représentation, de la dénonciation de la politique comme métier, le tirage au sort aurait-il sa place ? Après avoir présenté les origines antiques de cette forme de sélection des gouvernants, nous expliquerons l'impossibilité de l'utiliser aujourd'hui.
[...] Aujourd'hui, ce n'est bien entendu plus le cas. Par ailleurs, la pratique du tirage au sort pose le problème des compétences. Même dans la Grèce Antique, la fonction de Stratège, la plus importante, faisait l'objet d'une élection particulière montrant par là, que n'importe quel citoyen n'avait pas les compétences requises. Aujourd'hui, dans des régimes qui sont dominés plus que jamais par des questions institutionnelles, juridiques et économiques, il semble donc que la technique et les compétences soient un préalable nécessaire à toute nomination. [...]
[...] Elle évite également la formation d'une couche de professionnels politiques et d'hommes d'appareil visant le carriérisme. Le tirage au sort empêche pour cela le cumul ou la reconduction des mandats qui figent la vie politique. Cependant, cette pratique n'est pas exempte d'effets pervers. En effet, Jacqueline de Romilly exprimait déjà ces effets dans la démocratie grecque avec la réélection des mêmes hommes pour chaque mandat qui s'explique par le fait que les fonctions n'étaient pas rémunérées et que les riches familles aristocratiques bénéficiaient des ressources et de la renommée nécessaire. [...]
[...] Ces Etats ont tendance à combiner deux procédures : celle du tirage au sort et celle de l'élection indirecte. Il est mis en application à Rome pour les présages, mais il est aussi utilisé dans les cités Italiennes pour la neutralité qu'il apporte réglant des problèmes de factions. Florence, qui le pratiquera du XIV au XVIs, le choisira pour son impartialité contre les cooptations de l'aristocratie et sa distribution plus équitable. Il en va de même pour Venise. Cependant, c'est cette pratique qui fera dire à Harrington que la chute d'Athènes s'explique par le fait que le Sénat ne choisissait pas dans l'aristocratie. [...]
[...] Cependant, ce mythe démocratique a bien vite été remis en cause et apparaît maintenant comme une dangereuse illusion. Les béhavioristes mettent effectivement en avant l'existence d'un cens caché : en raison de leurs conditions sociales, la majorité des électeurs se tiennent à l'écart de la vie politique et n'ont ni intérêt, ni compétence. Le développement de l'abstention a manifesté cela et les électeurs ont plus tendance à agir pour leurs propres intérêts, au contraire du devoir civique qui leur est normalement imposé. [...]
[...] Peut-on encore envisager le tirage au sort comme un mode de sélection des gouvernants ? Le tirage au sort aurait tendance à revenir au goût du jour, et particulièrement sous l'impulsion des manifestations de démocratie participative. En effet, cette pratique revient à désigner quelqu'un par le sort en faisant tirer au hasard un nom ou un numéro. Ceci apparaît donc comme très démocratique, du fait notamment de son caractère impartial. Cependant, cette pratique ne semble pas pouvoir être adaptable à volonté, et si le tirage au sort est en vigueur dans la Grèce Antique ou dans les cités Italiennes, c'est que ces lieux ont des caractéristiques communes qui le permettent. [...]
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