Transitions démocratiques, coup d'Etat malien, régime autoritaire, démocratie, fluidité politique, Michel Dobry
Ce n'est pas sans surprise que l'opinion publique a appris le coup d'Etat malien la nuit du 21 au 22 mars 2012. En effet, en pleine période présidentielle, la vie politique du pays était agitée par des débats, des espoirs mais aussi des contestations. La situation est alors vécue comme un véritable chaos, les soldats qui se sont emparés du pouvoir ont rétabli le couvre-feu et la fermeture des frontières tandis que le Président sortant Amadou Toumani Touré a pris la fuite. Cette situation rappelle alors au pays la dictature militaire de Moussa Traoré entre 1968 et 1991. Mars 1991 est une date mémorable pour le pays, elle marque la chute du régime et l'entrée dans une aire de transition vers la démocratie. La transition démocratique se caractérise par un ensemble de processus faisant progressivement muer un régime autoritaire en démocratie.
[...] Le rôle des alternances dans le jeu des acteurs politique est primordial dans le processus de transition démocratique selon S. P. Huntington et Moore. En effet, les transitologues considèrent la réussite d'une transition démocratique lorsque le pays met en place une double alternance au niveau des élections. Cela consiste en un véritable jeu politique, au sein duquel le pouvoir politique ne sera pas le domaine réservé d'un parti unique. L'exemple espagnol témoigne du fait qu'à la chute du franquisme, se sont succédés un Premier Ministre centriste, A Suarez un Premier Ministre Socialiste (PSOE), F. [...]
[...] Rustow quant à lui délaisse la variable politique, qui ne nous instruit selon lui jamais sur le comment mais seulement sur le pourquoi des transitions démocratiques. Les préconditions socio-économiques, qui ont contribuées à la compréhension des conditions d'émergence, de consolidation et de stabilité des démocraties, ont été critiquées pour leur biais déterministe, finaliste et leur tendance à confondre des corrélations statistiques avec la causalité historique. Il est nécessaire de ne pas uniquement prendre en compte l'héritage des Etats en transition démocratique. [...]
[...] En effet, l'histoire du pays va avoir une influence plus ou moins grande sur les phases de démocratisation et sur la démocratie elle-même par la suite. C'est le concept majeur qui compromet la comparaison des transitions démocratiques. L'exemple du Sénégal qui est considéré comme territoire d'Outre-mer après la Seconde Guerre Mondiale et où des élites africaines avaient l'habitude de siéger au Parlement français depuis 1914 n'a éprouvé que des difficultés relatives (par rapport aux autres pays) dans sa transition démocratique. On peut apparenter cela au fait qu'il y avait une sorte de culture des institutions démocratiques. [...]
[...] La phase dite de consolidation ou de cristallisation et d'institutionnalisation d'un système pluraliste de valeurs permet d'assurer la stabilité du nouveau régime démocratique en faisant en sorte que les règles autour desquelles les nouveaux accords se sont constitués deviennent l'unique référent des comportements politiques. Il ne s'agit plus du changement de la nature des régimes politiques, mais du degré d'institutionnalisation des règles les définissant. Le degré d'incertitude y est restreint, car l'éventail des choix possibles l'est aussi. Cette phase privilégie le consensus social autour des nouvelles ressources institutionnelles et procédurales d'après D. Ethier. Ce consensus ne repose pas sur l'agrégation d'une multitude de choix, mais sur un effet engendré par l'existence même de ces nouvelles règles et institutions d'après Schmitter et Guilhot. [...]
[...] Ces singularités seraient alors le reflet des branches de l'arbre, ayant des circonstances liminaires communes, elle prendrait alors chacune une direction différente. Il est donc possible de conclure que si la structure est la même, les transitions démocratiques varient selon les conjonctures diverses. A. Les processus de transition démocratique ont tous des caractéristiques uniques à distinguer La difficulté majeure qui réside dans le fait d'établir une comparaison entre les transitions démocratiques est que ces dernières sont des processus. Cela signifie qu'elles sont en constant mouvement, constante mutation. [...]
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