A l'heure où les Etats-Unis mènent une action en Irak pour essayer de promouvoir la démocratie par la force afin de lancer un processus général de démocratisation au Proche-Orient, s'interroger sur les moyens nécessaires à la construction d'une société démocratique représente une question concrète et brûlante. Il convient donc de comprendre, dans un premier temps, dans quelles mesures les approches diffusionniste et culturaliste posent problème avant de s'intéresser aux meilleures façons de permettre l'essor de la démocratie.
[...] On peut et on doit appliquer des pressions extérieures mais on ne peut imposer la démocratie par la force. Puisque l'Occident estime que la démocratie possède une séduction universelle, l'imposer de force à des Etats soumis ne semble pas s'avérer la solution la plus adaptée. Une approche culturaliste hors de propos L'argument culturaliste prétend que la démocratie est le propre de la culture occidentale. D'un point de vue culturaliste, il s'avère inutile de tenter de mettre en œuvre le processus de démocratisation dans certaines zones de civilisation. [...]
[...] On a vu que la contestation à l'égard du modèle démocratique libéral occidental tenait davantage à la volonté d'imposer la démocratie à tout prix et sans tenir compte des réalités propres à chaque pays. La démocratie n'est pas un modèle unique. Elle se fait et se construit en fonction des caractéristiques propres à chaque société. Elle doit s'adapter. Certes, la démocratie est le résultat du transfert de technologie, d'outils politiques en provenance de l'Occident mais les sociétés réceptrices doivent se les approprier et les intégrer. C'est à ce moment précis que le rôle des élites locales est primordial. [...]
[...] La religion est la source du pouvoir et cela rend la mise en place d'une structure bureaucratique hiérarchique plus difficile. Le peuple n'est pas souverain. Il ne semble donc pas, sauf dans des cas bien précis, que la démocratie soit le propre de certaines sociétés. Elle apparaît comme un modèle capable de s'adapter. Une adaptation progressive nécessaire de la démocratie Il a fallu plus de deux cents ans aux Etats-Unis d'Amérique pour pouvoir asseoir leur démocratie qui continue encore aujourd'hui d'évoluer. [...]
[...] De plus, l'argument d'Huntington offre une vision sélective du monde arabe. En effet, si l'on s'en tient à son analyse, nous sommes obligés d'ignorer la Turquie, et par-là même, le monde arabe se limite aux Etats de la Ligue arabe. La Turquie est la preuve flagrante que le développement démocratique est compatible avec un islam modéré. Il ne faut pas oublier que l'Inde ou encore la Malaisie sont également des démocraties à fortes populations musulmanes et ont toutes deux des régimes démocratiques. [...]
[...] Les élites y voient souvent un moyen pacifique de réguler les conflits qui les opposent les unes aux autres. Enfin, La culture n'est pas un frein à la démocratie. La démocratie doit être en mesure de s'adapter aux différentes cultures. Il n'y a pas de destin d'enfermement culturel déclare A.-N Sindzingre. Aucune culture n'est totalement démocratique ou antidémocratique ou soumise à la modernité démocratique ou à l'autoritarisme. Il faut inciter à l'expérience individuelle de nouvelles formes de démocratie. L'innovation est possible et même nécessaire. [...]
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