Les termes « nation » et « peuple » sont polysémiques. Leur sens a évolué avec l'histoire et porte encore aujourd'hui à confusion. Qu'est ce qu'un peuple ? Qu'est ce qu'une nation ? Quelles sont leurs caractéristiques propres qui nous permettent de les distinguer ? En quoi se distinguent la souveraineté populaire et la souveraineté nationale ?
Le Peuple au sens de Gérard BRAS : un terme polysémique
D'après Gérard Bras -membre du Groupe d'étude du matérialisme rationnel qui travaille sur des questions de philosophie politique- la notion de peuple recouvre trois acceptations: ethnique/culturelle, sociale et politico-juridique.
-Le « peuple ethnique » en tant qu' « ethnos» renvoie aux modes de vie, aux coutumes qui cimentent les membres de la communauté à un temps et un lieu donné de l'histoire. Le « Peuple ethnique » en tant que « genos» renvoie à l'origine et à la filiation qui fonde l'unité de la communauté. On parle ainsi des Gaulois, des Bretons, des Corses… La majuscule indiquant le nom d'un peuple.
- Le terme de peuple prend aussi une connotation sociale. Le « peuple social » (au sens de plebs) représente l'ensemble des individus appartenant aux couches inférieures de la société, aux dominés. Le peuple s'oppose ici à l'aristocratie, aux couches supérieures de la société.
- Le « peuple juridique » où « peuple du droit » renvoie à l'ensemble des citoyens organisés sous l'autorité d'un Etat. Le peuple représente alors l'ensemble des citoyens qui disposent de droits politiques et juridiques. C'est le sens adopté par la constitution de la Vème République indique que « la république est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». (art2-5)
[...] La culture s'oppose à la civilisation. La première est particulière pour chaque nation alors que la deuxième veut dépasser les particularismes nationaux. La civilisation est un modèle qui promeut l'idée de cosmopolitisme. A l'inverse, la culture ne peut s'exporter au- delà des frontières nationales. L'idée de civilisation renvoie à la Rome antique. L'Empire romain se veut porteur d'un idéal civilisateur destiné à se répandre par l'annexion des peuples auxquelles ils s'opposent. Cette opposition anime toute l'Europe du XIXe siècle. Le fossé qui se creuse entre les deux théories de la nation, entre culture et civilisation n'est pas à extraire de son contexte : le contentieux territorial opposant l'Allemagne à la France. [...]
[...] D'après G.Bras, la notion de peuple ne prend sens que par ce double jeu d'opposition ; explicite et externe ; implicite et interne. En cela, l'état de peuple n'est jamais acquis. Il est toujours mis en danger de l'extérieur comme de l'intérieur (par une partie de lui-même). De là, G.Bras dit que l'emploi du mot peuple (et ses dérivés populace, populisme ) n'est jamais neutre et qu'il s'inscrit toujours dans un contexte bien particulier. La Nation : un double concept Il n'y a pas d'acceptation universelle du terme. [...]
[...] Dès le départ, un fossé a séparé les deux définitions. La nation française ou le legs de l'idéal révolutionnaire La première théorie de la nation s'inscrit dans le prolongement de la théorie du contrat social de Rousseau. Elle se réfère à 1789 et à la vision des révolutionnaires sur l'idée de nation. Ils voient en chaque homme une part d'humanité commune. C'est en ce sens qu'ils ont rédigé la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen. L'idée est que chaque homme possède une part d'autonomie et que ce sont eux qui créent et qui façonnent une nation. [...]
[...] Pour eux, la nation s'impose à l'homme par le passé. Chacun de ses membres est porteur du fonds national commun identifié par de Maistre Ils privilégient tous deux la langue. Ils s'inscrivent dans une longue tradition issue du luthéranisme. Comme Luther traduisant la bible en allemand, ils sacralisent la langue nationale. La langue allemande devient un principe fédérateur. Dans de l'origine des langues en 1772, Herder va même jusqu'à dire qu'il faut purifier la langue germanique de tout apport extérieur. [...]
[...] Ce désir de vivre en commun est à la source du sentiment national. Malraux ajoute que la nation est une communauté de rêves Cela implique que les membres de la communauté partagent un projet et un idéal communs. C'est en cela qu'elle est tournée vers l'avenir. La nation allemande Une théorie opposée se développe. Font partie de la même nation tous les hommes de même sang. L'homme est donc le produit de sa nation définie par sa filiation. Un lien unit l'homme, sa filiation (ancêtres), et sa terre (son lieu de naissance). [...]
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