« L'Homme est libre et partout il est dans les fers ». JJ ROUSSEAU . Si chacun ressent une liberté dans ses actes, enfin la plupart des individus, une partie de nous semble toujours opprimée, contrôlée. Ces libertés cloisonnées induisent une sorte de frustration, et les régimes politiques, notamment les démocraties, tentent de trouver un équilibre entre les libertés de chacun et les freins que l'on met à celles-ci pour vivre ensemble, pour atteindre un ordre social parfait.
Le sujet tel que formulé « la perfection de l'ordre social réside dans le concours de la loi et de la force ; mais il faut pour cela que la loi dirige la force » invite à distinguer plusieurs éléments. J.J. ROUSSEAU écrivain-philosophe du XVIIIème siècle, nous propose par cette déclaration, une réflexion sur la stabilité, sur les possibilités de maintien d'une société organisée et juste. Mais la perfection existe-t-elle ? Peut-on atteindre un idéal social et qu'entendons-nous par ordre social ? « Une organisation sociale ; stabilité des institutions, paix civile » semble convenir à caractériser l'ordre. Pour comprendre « social », arrêtons-nous sur le sens que nous voulons mettre derrière « société » : « ensemble d'individus unis au sein d'un même groupe par des institutions, une culture, etc… » . L'ordre social serait ainsi un ensemble de règles permettant à une collectivité de vivre ensemble pacifiquement.
Il s'agit ici de comprendre comment le relais « lois - force » garantit à un groupement d'individus de vivre le plus paisiblement possible, et en en quoi ils sont les deux piliers idéal à l'ordre social.
Nous nous ferons l'avocat de Rousseau puis nous montrerons que ses deux critères pour le maintien de l'ordre ne sont pas toujours les plus pertinents et efficaces et qu'un ordre social parfait pourrait s'atteindre à travers d'autres critères.
[...] Car avouons que si nous faisons appel aux lois et à la force pour réguler la société, ce n'est pas parce que l'ordre est un idéal en soi, mais une nécessité pour vivre ensemble. Que l'on s'inspire de l'État de nature de Hobbes ou au contraire du point de vue de Rousseau, l'Homme ne sait vivre sans être régi par des lois, sans contraintes fixées. Pour Hobbes[13], l'unique remède à l'anarchie et à la guerre, [ c'est l'abandon de tout droit et de tout pouvoir des citoyens entre les mains d'un seul homme ou d'une assemblée donc le recours à des voies autoritaires, voire totalitaires. [...]
[...] Par perfection n'y a-t-il pas une vision idéale de la chose ? Ne peut-on pas se permettre, parlant d'idéal, de rêver un peu ? Telle sera la tache de notre seconde partie : proposer un système social ordonné, peut-être plus sain et moral qu'un système fondé sur la crainte de la sanction, dont nous aurons montré les risques d'abus et de dérives II. L'ordre social : ses dérives et ses sous-entendues A'. Les risques d'une volonté d'ordre poussée à l'extrême L'ordre social que nous propose Rousseau, et bien d'autres auteurs, s'il permet une stabilité et pacification de la vie en société, ne nous parait pas pour autant incarner une perfection Comment peut-on dire de quelque chose qu'il est parfait, idéal : pour qui ? [...]
[...] Cousin note que l'homme passe de l'état de nature à l'état social, de la liberté à l'Empire, par les vérités naturelles que Hobbes appelle lois de nature. Ces lois seraient fondées sur un besoin de paix. Puis il ajoute que ces vérités seraient impuissantes à maintenir la paix parmi les hommes, sans l'existence d'une force suprême capable de dominer toutes les forces individuelles et de conserver la société C'est pour cela que l'on doit impérativement, à en suivre Rousseau, prévenir le danger en instaurant une sorte de puissance supérieure, gérant la collectivité de manière égalitaire. [...]
[...] La plus haute perfection de la société se trouve dans l'union de l'ordre et de l'anarchie écrivait Proudhon dans Qu'est-ce que la propriété. Nous disions que l'anarchisme est resté à l'état théorique : pourquoi ? L'Homme semble en effet incapable de vivre avec ses semblables, de s'autoréguler. Prenons divers exemples : les sociétés occidentales possédant le plus souvent un gouvernement démocratique, appliquent plutôt le système de Rousseau, à savoir des lois issues de la souveraineté du peuple[18] et la force qui en découle. [...]
[...] Le remettre en question, c'est désorganiser tout le système mondial et ceci est impensable. Pour que ceci ne se produise pas, les gouvernements resserrent les sanctions, espérant ainsi garder une majorité dans ses fers JJ. ROUSSEAU, DU Contrat social. Les définitions d' ordre et de société sont extraites de Hachette, le dictionnaire du français, HACHETTE, octobre 1992. V. COUSIN, Cours de l'Histoire de la Philosophie Moderne, Paris, LADRANGE, TOME Pp 287 F. GUENARD. Philosophie : les textes essentiels, Rousseau, HACHETTE, Paris 188pages, pp 124 V. [...]
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