Fraisse dans "Du consentement" pose l'incertitude du sens moderne du consentement et de restituer au long de sa réflexion les conditions et modalités de l'émancipation des femmes ainsi que la naissance du sens moderne du consentement. Ce qui lui permet de mettre en exergue les paradoxes des rapports entre sexes, l'argument du consentement comme légitimation/justification de l'action individuelle étant de plus en plus perplexe.
«J'y consens, donc ma pratique est légitime et au-dessus de tout critère de jugement moral ou politique» est le catalyseur de nombreux débats notamment autour de la prostitution.
[...] La transition entre ces deux dimensions collective et individuelle se fait avec la réflexion contractualiste. De cette transition nait les premiers argumentaires sur le divorce comme celle de Milton pour de la dissolution du mariage, car il doit prendre fin si les deux acteurs pensent en conscience de cause sa fin. C'est un acte individuel et consentement s'épure en acte de conscience». Milton est en avance sur les changements qui auront lieu entre le 19ème et le 20ème s. où le divorce est reconnu comme droit civil modifiant le statut des femmes de façon radicale. [...]
[...] Il doit être stérile et un local commercial destiné à une industrie privée Elle doit permettre de mettre entre sa face civilisée en pause pour en venir à l'animalité en dehors conscience morale, du péché inculqué par la religion catholique. Mirbeau inscrit son analyse dans le cadre d'une guerre des sexes. Mariage et prostitution sont des phénomènes mercantiles analogues: du marchandage et comme le montre Fraisse il s'agit d'une réalité, la prostitution, servant à critiquer une autre, le mariage. Une analogie qui change de sens au 20ème s. face à la faveur des avancées de la pensée contractualiste du consentement et de l'indépendance somme toute relative des femmes. [...]
[...] Fraisse montre une faiblesse de ces logiques si le sujet consent à la domination il faudrait que ce dernier sache qu'il y a un rapport de domination. Or, ce n'est pas le cas. Le problème est donc la conscience d'être dominé et sa négation prend deux formes : déni et dénégation. Donc il faut que les femmes de façon individuelle puis collective admettent leur part active dans le rapport de domination et de comprendre les logiques de leur consentement à celle-ci. Le concept de consentement apparait comme inapproprié. [...]
[...] Une parfaite illustration du consentement à la troisième personne et de son caractère charnel. Mirbeau s'agissant du mariage adopte le point de vue de la prostituée. Il prend le contre-pied des thèses qui prétendent que la prostituée est responsable du phénomène prostitutionnel. En s'interrogeant sur l'origine de la prostituée, il établit un rapport entre la misère imposée aux prolétaires par l'ordre social et la perte de repères moraux qui prédispose des femmes défavorisées à monnayer leurs charmes. Mais la précarité explique-t-elle et conditionne-t-elle les femmes à accepter de l'argent contre leur soumission ? [...]
[...] Le consentement individuel, formel cache des inégalités comme les rapports entre réciprocité, égalité et liberté, de domination et de consentement. Fraisse parle de «défauts du consentement». Son analyse des propos d'Émile Durkheim sur le divorce elle contextualise le consentement au sein contrat social plus étendu. Le mariage est plus qu'un accord entre individus libres. C'est un acte, un phénomène social plus qu'un contrat et n'est pas tant la fonction de la volonté individuelle de la dimension sociale d'un individu. Cette distinction contrat/consentement donne un sens politique au consentement: les rapports de domination du consentement. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture