La pensée politique libérale de Benjamin Constant

Thèmes abordés

Pensée politique libérale, Benjamin Constant, Anciens et Modernes, concepts de liberté, système politique constantien, système représentatif, neutralité de l'état, constitutionnalisme, Stephen Holmes, Ephraim Harpaz, Marcel Gauchet

Résumé du document

La théorie politique, depuis l'époque de Rousseau, a été considérablement marquée par une idéalisation des polis grecques. Plusieurs penseurs, notamment Robespierre, ont exalté le citoyen antique et spécifiquement le sacrifice de soi spartiate. De la même manière, au XXe siècle, la société libérale a été fortement condamnée au nom de la pensée politique grecque. Toutefois, Benjamin Constant, est l'un des théoriciens à contester la légitimité de la référence à l'Antiquité. Il estime que la conception de la politique antique, ravivée à l'époque moderne, ne sert qu'à sur légitimer des instances bureaucratiques dotées de pouvoirs de polis. Il privilégie alors, l'individu et sa liberté, et vise à limiter les pouvoirs de l'Etat au regard des libertés individuelles.

Extraits

[...] Conclusion : Dans sa réflexion sur le libéralisme, Benjamin Constant, défend tout d'abord la liberté des Modernes, qu'il oppose à celle des Anciens. Sa thèse repose fondamentalement sur la protection de la sphère privée et des libertés individuelles. Il a donc cherché à montrer que l'émancipation libérale de l'individu représentait un progrès par rapport au civisme antique. Il veut rompre avec les aspirations Rousseauiste et jacobines. Cette liberté des modernes d'après Constant fait une large place à la liberté politique. [...]

[...] Une autre mesure importante préconisée par Constant est le suffrage par arrondissement plutôt qu'un suffrage unitaire. Toutefois, constant éprouve une méfiance face à l'institution parlementaire comme agent de l'autorité. Pour garantir l‘efficacité du système représentatif, la constitution doit donc prévoir la possibilité de sa dissolution. Face à un législatif responsable et susceptible d'être dissous, en tout cas pour la Chambre des députés, doit siéger un exécutif. Ainsi la constitution doit assurer une transition douce d'un gouvernement à un autre, sans violence. [...]

[...] De même, il établit des relations fréquentes entre les diverses classes de la société Par le système représentatif alors, l'Etat représente la société. La représentation permet simultanément d'inclure les citoyens dans la vie politique et de les libérer de la vie politique. En effet, l'élection directe est l'une des caractéristiques de ce système représentatif. Constant estime que celle-ci garantit la stabilité dans laquelle l'élection populaire serait vidée de ses effets. Constant va être bien suivi par la chambre, et va voir le succès de son système. [...]

[...] Constant face aux critiques modernes : La pensée libérale de Constant a fait l'objet de nombreuses critiques. A la fin de son étude de 1984, sur Benjamin Constant, Stephen Holmes fait un certain nombre de reproches au libéralisme constantin. Il estime que Constant a maintenu certaines tares de l'Ancien Régime, comme les vielles dépendances personnelles. Pour lui, la croissance économique a plutôt mis en danger les droits individuels. D'un autre côté Holmes s'étonne du silence de Constant sur le nationalisme, la paralysie politique, la concentration du pouvoir politique et aussi l'obligation de redistribution des richesses par l'Etat, sans pour autant aller jusqu'à breveter la pensée constantine d'un archaïsme révolu. [...]

[...] Le plus important de son œuvre reste ses écrits politiques : De l'Esprit de conquête et de l'usurpation 1814, Principes de politique 1814 et son ouvrage longuement médité : De la Religion 1824. Il est mort en 1830. Dans ce cadre politique tumultueux- révolutionnaire et post- révolutionnaire de quelle manière Benjamin Constant parvient-il à établir une pensée politique libérale révélatrice de la modernité ? Nous serons amenés tout d'abord, à analyser la théorie fondamentale de Benjamin Constant sur la liberté des Anciens et des Modernes, pour ensuite s'intéresser au système politique qu'il propose. [...]