Dans un pays aussi riche que la France, en quoi le traitement de la pauvreté ne permet pas de soigner cette tare de la société ?

Thèmes abordés

France, pauvreté, société, Rousseau, état français, inspiration beveridgienne de la France sociale, Marx, Engels, économistes, politiques, assurance sociale, emploi, Nicolas Duvoux, RSA revenu de solidarité active, RMI revenu minimum d'insertion, pauvreté monétaire, inégalité

Résumé du document

"Les riches cesseraient d'être heureux, si le peuple cessait d'être misérable", écrivait ROUSSEAU dans son discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes en 1755. La vision du porte-parole des humiliés remet alors, déjà en cause, l'ordre social établi, mais aussi la nature d'une société dystopique.
La pauvreté forme une caractéristique inaliénable à l'histoire de l'humanité. Ce mot traduit l'état d'un être moral ne disposant pas des ressources matérielles suffisantes et indispensables afin de vivre dignement.

Extraits

[...] Malgré tout, la pauvreté absolue ne disparaît pas, particulièrement pour les êtres non inclus dans la structure de l'emploi. Certains s'alarment de la condition des plus démunis tels que l'abbé Pierre ou Joseph Wresinski. Ces hommes déchirent le silence de leur cri d'alerte afin d'éveiller les consciences en faveur des plus fragiles, souvent invisibles. Finalement, la période d'aspiration vers le haut des « trente glorieuses » se clôturera brutalement via une crise majeure qui mettra à genoux cette société de bien-être. La société française subit la mise à mort du plein emploi qui marque le début de la fin du pacte social À partir des années 70 et particulièrement une fois 1980, la nation se confronte à un dérèglement majeur : la fin du plein emploi. [...]

[...] Enfin, le sociologue démontre que malgré le stigmate, l'individu développe des moyens de résistance afin de faire reconnaître sa légitimité culturelle. On peut évoquer l'importance de la culture rap dans la société contemporaine qui donne parole aux exclus majoritairement implantés dans les banlieues. Le chercheur Nicolas Duvoux a particulièrement bien traité la réaction de l'individu multiple face à l'assistance. Le RSA, anciennement RMI concerne une catégorie d'individus à la fois hétéroclite et ambiguë. L'intégralité de ce groupe hétérogène se voit néanmoins soumise à la même injonction à l'autonomie. [...]

[...] Milton Friedman défendra ce courant en s'opposant à l'héritage idéologique keynésien d'après-guerre. L'économiste remet en perspective l'État social qui ne serait qu'une gigantesque machine bureaucratique, décourageant l'effort et nuisible au marché. Ce cadre économique sera rendu populaire par Margaret Tchatcher au Royaume-Uni, Ronald Reagan aux États-Unis jusqu'à devenir la norme à l'échelle du monde. En 1944, l'anthropologue Karl Polanyi via son ouvrage « la grande transformation » était alarmé face à la « société de marché ». C'est un danger pour la démocratie, car le marché façonne l'ordre social plutôt que l'inverse. [...]

[...] La société, incite toujours plus, les précaires à reprendre le cours de leur vie via l'emploi. Pourtant, ce dernier se précarise et ne permet plus de quitter la pauvreté. De plus, la lueur d'une nouvelle crise du travail liée à l'avènement de l'intelligence artificielle devient de plus en plus tangible. Il impose alors de trouver une voie de sortie, de repenser la société d'assistance fondée sur le labeur. Un élan du collectif tout entier est nécessaire afin de mettre en place un système de production de biens et services compatibles socialement et environnementalement. [...]

[...] Instaurer à nouveau un système d'imposition progressif, remettre au cœur du débat la taxation sur les héritages, réguler la taxation des grandes entreprises, combattre l'évasion fiscale, etc. Néanmoins, dans un système qui présente des symptômes de dysfonctionnement toujours plus alarmant, repenser le jeu au lieu de changer simplement les règles est une voie à envisager. La dépendance au marché se trouve à l'origine du mécanisme créateur des inégalités. Ainsi, pourquoi ne pas chercher l'égalité par la démarchandisation, par la démocratisation de biens essentiels à la vie tels que la nourriture de qualité, l'éducation, la santé, l'énergie, les transports, l'énergie, etc. [...]