« Oui, je me voue à ma Patrie, comme je m'immole à l'honneur : je perdrais mille fois la vie avant de mentir à mon cœur. Que m'importe mon existence, hélas ! je ne puis qu'en changer ; mais ma Patrie est en danger, je céderais sans résistance ! Aux armes, Citoyens, punissons nos bourreaux ; marchons, marchons, la France entière est pleine de Héros. » C'est ainsi que finisse la Marseillaise sur la mort de Louis XVI, chantée en 1793. Contrairement à la version dite « officielle », ce chant accentue le fait que la Patrie « est en danger ». Une telle affirmation n'est pas seulement « historique », car la question de menace envers la Patrie – notamment face à la mondialisation et à l'immigration croissante - fait encore débat. Il s'agit donc de comprendre ses origines.
Qu'entendrait-on par une notion aussi discutable, ambiguë et quelque peu démodée que « la patrie » ? Du latin patria « la terre de naissance », cette notion a d'abord un sens juridique : c'est le pays dans lequel on naît et dont on détient la citoyenneté.Par extension, se rapprochant du latin pater, « père », elle est aussi un lieu auquel on est attaché et qui incarne des valeurs proprement nationales.
[...] C'est la pensée politique libérale du XIXe siècle qui va contribuer à l'affirmation de la Patrie, avec son nationalisme jacobin. B. Le nationalisme jacobin des libéraux et l'amour pour la Patrie Une large partie du XIXe siècle, suivant le coup d'Etat de Napoléon est une période très hétérogène. Toutefois, il n'est pas sans une cohérence certaine : le fil rouge de l'héritage révolutionnaire liera les aspirations nationales aux aspirations libérales, peu importe le degré auquel cet héritage est accepté. La fidélité à l'universalisme révolutionnaire s'exprime dès lors le Premier Empire de Napoléon Bonaparte (1804-1814), car dès 1980, en s'adressant aux dix-huit cantons de la république helvétique, il écria : unie, la nation française n'a jamais été vaincue C'est bien l'unité de la Patrie voulue par les révolutionnaires qu'il exprima à travers la grandeur de son œuvre de la codification, mais aussi par le maintien des tels principes juridiques comme l'égalité de tous devant la loi. [...]
[...] Ferry nota, rayonner sans agir sans se mêler aux affaires du monde, vivre de cette sorte, pour une grande nation, croyez-le bien, c'est abdiquer, et dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c'est descendre du premier rang au troisième et quatrième Il exprime ainsi une sorte du danger nouveau celui de perdre la supériorité de sa propre Patrie face aux autres. Malgré une certaine réticence comme celui de Clemenceau qui déclara mon patriotisme est en France - ce nationalisme d'expansion mondiale sera admis par la majorité. Mais c'est également face à l'expansion nationaliste allemande, et en souvenir de la guerre avec la Prusse, que dès lors la menace envers la patrie semblera bien réelle, donnant au nationalisme français une expression et une ferveur nouvelle. [...]
[...] On perpétuera ainsi le culte de la gloire française, notamment militaire, se faisant comme le dira de Gaulle une certaine idée de la France C'est bien pour conforter une certaine idée de la France, que les intellectuels définiront la particularité de la Nation française, distincte de la Nation allemande : Ernest Renan dans son ouvrage Qu'est- ce que la Nation ? (1882) mais aussi Fustel de Coulanges, dans L'Alsace est-elle allemande ou française ? (1870) s'opposeront à Johann Gottfried von Herder et Johann Gottlieb Fichte. [...]
[...] Ça sera parfois le danger factice, celui que l'on attribue à l'adversaire pour, à travers l'idée nationale, se propulser ou s'affirmer sur la scène politique. Il s'agit donc de comprendre comment la menace, extérieure ou intérieure, envers la patrie a formé l'idée nationale et a fait évolué le concept de la Nation. Le point d'interrogation de ce sujet contraire à une affirmation qu'on pourrait attribuer à l'échiquier politique extrême présente donc un double questionnement. Il s'agit d'une part de comprendre suite à la nature d'une question - en quoi le danger a été formateur de l'idée de la Nation ; et, d'autre part, - suite à un doute qu'on pourrait y voir en quoi ce danger a été réel. [...]
[...] D'une part, c'est la défense contre les menaces extérieures, exprimée dans la doctrine du germanisme dont le postulat se résume à une guerre perpétuelle entre la France menacée et l'Allemagne attaquante. D'autre part, c'est la défense contre les menaces intérieures : le péril représenté par les juifs, les apatrides, les adhérents de cosmopolitisme ou internationalisme, les francs-maçons ou les entreprises étrangères ruinant la production domestique l'anti-France selon Maurras. L'exemple le plus pertinent de tel danger interne, contrée par le fait national, est l'affaire Dreyfus, lors de laquelle la trahison d'un officier juif va servir pour le parti nationaliste d'une base pour délégitimer l'ordre républicain en place. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture