Le terme « parti », au XVIIIe siècle, est synonyme de faction, de division. Très tôt la notion évoque des luttes entres groupes autour d'enjeux considérés comme centraux dans une société. Cette connotation conflictuelle du mot dit probablement quelque chose sur la nature des partis politiques, qui peuvent dès lors apparaître comme le lieu d'expression des conflits d'une société.
On peut envisager, avec Palombara et Weiner, un parti politique comme « Une organisation durable c'est à dire une organisation dont l'espérance de vie politique est supérieure à celle de ses dirigeants en place; une organisation locale bien établie et apparemment durable, entretenant des rapports réguliers et variés avec l'échelon national; la volonté délibérée des dirigeants de prendre et exercer le pouvoir, seuls ou avec d'autres, et non pas simplement d'influencer le pouvoir; le souci enfin de rechercher le soutien populaire à travers les élections ou de toute autre manière ». M. Weber adopte une définition plus extensive, puisque selon lui, « on doit entendre par partis des associations reposant sur un engagement formellement libre ayant pour but de procurer à leurs chefs le pouvoir au sein d'un groupement et à leurs militants actifs des chances idéales ou matérielles de poursuivre des buts objectifs, d'obtenir des avantages personnels, ou de réaliser les deux ensembles ». Pour Weber, comme pour Schumpeter, les partis relèvent de la notion d'entreprise politique en tant que résultat d'une activité de production spécifique. Le marché politique est un lieu abstrait où des agents en concurrence tentent d'échanger des biens politiques contre des soutiens actifs ou passifs. Les partis sont en concurrence pour l'autorité politique, pour prétendre légiférer sur les limites de l'action politique et sur la manière légitime de résoudre les problèmes qui s'imposent.
[...] A ce titre, les partis ont une ambition de mobilisation du corps social. Ils cherchent à s'imposer comme porteurs d'un projet de société ou d'une grande cause, mais aussi comme représentatifs d'une population. Cette mobilisation peut dès lors passer par la traduction des clivages sociaux, c'est à dire leur expression sur la scène politique, la transposition dans la sphère politique des intérêts des groupes résultant de ces clivages. Un clivage est la forme objectivée et atténuée des conflits fondamentaux ayant opposé des groupes ou individus au cours de l'histoire. [...]
[...] Nous entrons donc dans un système de valeurs post-matérialiste, ce qui remet en cause la typologie des clivages. Enfin, il semble difficile de ne concevoir cette insertion des organisations politiques dans les rapports sociaux que sous l'angle des identifications durables à des groupes étendus et complexes tels que les classes sociales. Les transformations des conditions de production et des modes de vie au cours du XXe siècle, la multiplication des groupes d'appartenance restreints, la perte de visibilité des grandes unités de cohésion sociale sont au principe de la pluralité des groupes qui peuvent être activés et sollicités par un parti politique. [...]
[...] 12) Mais les partis ne traduisent pas les clivages sociaux de façon mécanique Les partis politiques ne traduisent pas les clivages sociaux de manière mécanique, non seulement parce qu'à un seul clivage ne correspond pas un seul parti et inversement, mais aussi parce que, par leur rôle d'intégrateur, les partis catalysent, neutralisent et donc transforment ces clivages. 121) Les partis politiques ne sont pas réductibles à un seul clivage. Il est rare que les formations politiques s'attachent à défendre les intérêts d'une seule strate de population ou d'une seule classe sociale. Certes, les partis communistes ou socialistes se sont voulus ouvriers mais leur projet politique était plus large que les seuls horizons d'attente du monde ouvrier. [...]
[...] Ces formations s'efforcent de médiatiser la volonté politique d'un maximum de classes, de couches et de groupes sociaux différents. Ils affichent prudence et pragmatisme idéologique. Dans cette perspective d'un accès au pouvoir par les urnes, leur intérêt stratégique n'est pas en effet de coller trop étroitement aux clivages sociaux; ils risqueraient de s'enfermer dans un ghetto minoritaire tant les sociétés contemporaines sont différenciées et segmentées. Par exemple, il n'y a pas d'avenir majoritaire pour un parti des patrons, des classes moyennes ou des fonctionnaires. [...]
[...] 22) Les partis politiques réalisent l'objectivation des clivages sociaux Les clivages que le parti contribuerait à institutionnaliser semblent exister par eux même sans que le travail de construction politique qui aboutit à leur durcissement soit analysé. En prenant pour une donnée la relation entre un groupe social et un groupe politique, on avalise un discours qui a socialement réussi. En fait, les partis politiques objectivent des groupes sociaux latents pour se poser ensuite comme leur représentant légitime. 221) Le travail d'objectivation Selon P. [...]
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