Les partis politiques sont l'objet phare de la science politique mais pourtant leur définition n'est pas aisée. On trouve des définitions divergentes, élaborées par différents théoriciens et parmi eux Max Weber, mais aussi La Palombara et Weiner qui élargissent la notion de parti par rapport à M.Weber. Une définition des partis appelle à une typologie des partis, sous-jacente dans cette définition et formulée plus tard par Duverger entre parti de masse et parti de cadre. Pour plus de pertinence, il est plus judicieux de redéfinir le contexte historique de cette définition. Le début XXè siècle est marqué par la modernisation des sociétés occidentales, les conséquences des révolutions industrielles de la fin du XIXème siècle, la confirmation généralisée de l'instauration du régime représentatif en Europe et en Amérique, la démocratie qui s'affirme… mais en 1920, il y a aussi grands changements avec la révolution bolchevique de 1917 qui a une certaine influence sur la science politique, via les différentes analyses des théoriciens. M. Weber choisit volontairement de ne pas accepter le parti bolchevique dans sa définition des partis politiques, ce qui représente un choix personnel qui ne correspond pas à tous les politologues. Il ne pouvait pas non plus se douter de l'évolution et de la prolifération du phénomène du parti unique au XXè siècle. Si tous s'accordent sur le fait qu'il n'y a pas de parti sans élection, elles peuvent selon Sartori, entre autres, ne pas être disputées, contrairement à M.Weber. Il affirme en effet qu'elles sont confirmatives du parti unique au pouvoir, qu'elle marque l'incorporation des partis aux institutions de l'Etat. Dans cette définition, Weber s'intéresse plutôt aux liens qu'entretiennent les partis avec les « fondamentaux » de la démocratie, qui ne doit ici pas être entendue comme la démocratie « originelle », mais au contraire, en tant que régime représentatif démocratique. Car pour les puristes de la démocratie directe, comme Rousseau, qui considèrent que les partis sont des fractions du peuple souverain, et donc nuisible à l'élaboration et l'expression de l'intérêt général. Il faut noter également que le suffrage universel dont M.Weber parle est essentiellement masculin en Europe à cette date. Il est par ailleurs difficile de s'accorder sur un type de scrutin en particulier à cause de la grande diversité à travers l'Europe et les USA (plutôt majoritaire au Royaume-Uni, proportionnel en Italie à partir de 1919). Cependant, on retrouve partout une dynamique d'intégration des exclus du suffrage jusqu'alors, malgré les différences de vitesse selon les pays. Weber emploie un vocabulaire typique du fin XIX/XXè siècle : les « masses » qui représentent l'ensemble de la population des pays qui jusque là ne disposaient pas de droits politiques effectifs. Cette notion est liée à la fois à l'extension du droit de vote, et à l'industrialisation et la modernisation des sociétés occidentales à la fin du XIXè et au début du XXè siècle. Elle renvoie à l'idée de classes sociales (antagonistes pour les marxistes). Weber rassemble dans cette définition les principales idées liées à l'origine des partis, le lien qu'ils entretiennent avec la démocratie et le système représentatif. Les sociétés occidentales ont connu de grands changements au cours du XXè siècle : guerres, phénomènes totalitaires, mais aussi la transformation de la société avec le triomphe du capitalisme et du libéralisme, c'est-à-dire des transformations profondes dans la société et de sa composition. Le terme de masse ne semble plus vraiment adapté, ou il a adopté un visage original. D'autre part, ces transformations ont eu une influence sur les conceptions de la chose politique, sur les comportements des citoyens dans la sphère publique, et notamment vis-à-vis de leur représentation (politique ou non). Les systèmes politiques eux-mêmes ont changé, par exemple la France était à l'époque à la IIIè Rép, aujourd'hui c'est la Vè (et peut-être même touchons-nous à sa fin). Nous assistons dans tous les pays occidentaux à une crise de la représentation donc à une remise en cause directe de la fonction première des partis. Face à ces transformations, à la fois nombreuses et profondes, on peut se demander si la définition que donne Max Weber des partis est toujours d'actualité. Quels sont les éléments de modernité qui étaient déjà présents en 1920 ? Dans quelle mesure les partis sont ils aujourd'hui comme au début du siècle le produit et l'expression de la démocratie, du suffrage universel et de la représentation des masses ? Si les partis st à l'origine issus de la démocratie, du suffrage universel, de la politisation des masses, se sont ils toujours inscrits dans cette dynamique ou s'en sont ils écartés avec les années ? Quels éléments persistent depuis la définition de Weber?
[...] Il est par ailleurs difficile de s'accorder sur un type de scrutin en particulier à cause de la grande diversité à travers l'Europe et les USA (plutôt majoritaire au Royaume-Uni, proportionnel en Italie à partir de 1919). Cependant, on retrouve partout une dynamique d'intégration des exclus du suffrage jusqu'alors, malgré les différences de vitesse selon les pays. Weber emploie un vocabulaire typique du fin XIX/XXe siècle : les masses qui représentent l'ensemble de la population des pays qui jusque là ne disposaient pas de droits politiques effectifs. [...]
[...] Dans une autre dimension, les partis politiques contribuent à la stabilité de la démocratie dans la mesure où ils canalisent par l'incitation au vote et par la décision politique des revendications qui sinon pourraient s'exprimer de manière violente. C'est notamment ce que G.Lavau a nommé la fonction tribunicienne des partis extrêmes en démocratie, autrefois plutôt le Parti Communiste, aujourd'hui plutôt le Front National en France. Les partis ont des fonctions plus manifestes qui participent directement au bon fonctionnement de la démocratie, comme la fonction programmatique, car élaborer un programme politique stable et lisible contribue essentiellement à structurer et mobiliser l'opinion publique. [...]
[...] Roberto Michels, disciple de Max Weber, a mis en lumière la contradiction interne aux partis de masses, en prenant comme objet d'étude le parti social- démocrate allemand (SPD). Ils produisent l'opposé de leur idéaux : une oligarchie. Comme la démocratie partisane suppose la compétition entre les partis pour obtenir des représentants et une stabilité du gouvernement, la sélection du personnel politique se réalise sur des critères de performances liées au fonctionnement parlementaire. De cette manière, ce sont surtout les professionnels de la parole (avocats, professeurs ) qui accèdent à des fonctions politiques importantes. [...]
[...] La démocratie nécessite un lien entre les citoyens devenus égaux en droits et les partis politiques peuvent accomplir ce rôle et au-delà de l'organisation des masses, c'est de la cohésion de la société qu'il s'agit. Ils participent à l'élaboration du sentiment démocratique qui incite au pluralisme, et en termes de communication, selon la théorie de l'information de David Easton élaborée pendant les années soixante, les partis politiques sont le relais des l'information entre le gouvernement et les citoyens. Cependant, malgré le lien essentiel qui lie partis politiques et démocratie, la définition de Max Weber contient également de manière sous-jacente la notion de bureaucratisation des partis, qui a déjà a l'époque conduit à des analyses dénonçant le manque de démocratie interne des partis, argument qui est encore repris aujourd'hui pour dénoncer le fonctionnement de ces institutions politiques. [...]
[...] Nous assistons dans tous les pays occidentaux à une crise de la représentation donc à une remise en cause directe de la fonction première des partis. Face à ces transformations, à la fois nombreuses et profondes, on peut se demander si la définition que donne Max Weber des partis est toujours d'actualité. Quels sont les éléments de modernité qui étaient déjà présents en 1920 ? Dans quelle mesure les partis sont ils aujourd'hui comme au début du siècle le produit et l'expression de la démocratie, du suffrage universel et de la représentation des masses ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture