Les Partis politiques et la Démocratie

Résumé du document

Les premiers partis politiques sont apparus avec le régime représentatif au XVIIIe siècle ; ils ont pris la forme qu'on leur connaît avec l'élargissement du droit de suffrage. Associés à la démocratisation, ils ont pourtant suscité une méfiance constante : par définition, incompatibles avec une démocratie directe fondée sur le refus de toute médiation, les partis politiques ont difficilement trouvé leur place dans une démocratie représentative faisant de la médiation son principe. Les pères fondateurs de la démocratie américaine prohibaient ainsi les mandats impératifs et se défiaient des promesses électorales. Les partis politiques sont plus généralement perçus comme les vecteurs de l'intérêt privé et du conflit. Cette tension entre partis politiques et principe démocratique a été au cœur des réflexions théoriques sur le phénomène partisan.

Extraits

[...] Son analyse semble avoir une portée d'autant plus forte qu'elle s'appuie sur l'étude d'un parti (le parti social-démocrate allemand) qui a toujours mis en avant le principe démocratique comme règle de fonctionnement interne. Il montre en effet que l'organisation du parti dément constamment ce principe garantissant la captation du pouvoir par une oligarchie. La position de force qu'occupent les dirigeants au sein de leur parti leur permet d'accaparer certaines ressources qui leur assurent de rester en place pendant un temps long. De plus, ces tendances servent l'organisation elle-même, qui bénéficie ainsi d'une stabilité, d'une notoriété et d'une centralisation de la décision. [...]

[...] Le parti, une entreprise ? A la définition par les valeurs précédemment exposée, des théoriciens, parmi lesquels Max Weber et Joseph Schumpeter, ont opposé une définition qualifiée d'élitiste, qui voit le parti comme une entreprise vouée avant tout aux intérêts des dirigeants, au sein d'une sphère politique conçue comme un marché. Cette conception du parti, aujourd'hui bien établie, traduit la méfiance dont il fait l'objet. Ces auteurs posent l'hypothèse d'une analogie entre les motivations des dirigeants et membres des partis et celles des acteurs économiques. [...]

[...] Ils ont retenu quatre critères. _ Une organisation durable dont l'espérance de vie soit supérieure à celle de ses dirigeants Le parti politique est ainsi distingué des cliques et factions construites sur l'adhésion à une personne, mais aussi des mouvements ad hoc, fondés sur un enjeu particulier, à la disparition duquel ils peuvent ne pas survivre. _ Une organisation locale entretenant des rapports réguliers et variés avec l'échelon national Les partis politiques ne doivent pas être confondus avec les groupes parlementaires dont ils sont, pour certains, historiquement issus, pas plus qu'avec des groupements n'existant qu'à l'échelle locale ou régionale. [...]

[...] Deux hypothèses découlant de la perspective critique peuvent être mentionnées. Selon Daniel Gaxie, la compétition entre les partis est aussi une compétition sociale : un cens caché tend à réserver l'accès au pouvoir aux classes aisées, au détriment des classes dominées exclues du jeu et intégrant cette exclusion (au travers de l'abstention, d'un faible intérêt pour la politique Le phénomène partisan contredit donc la prétention égalitaire des démocraties libérales. D'autre part, cette interprétation consacre le rôle premier de l'entrepreneur politique qui, en créant le parti, créé aussi le groupe social qu'il est censé représenter (il lui donne conscience d'exister en tant que groupe). [...]

[...] Le parti politique reflète les ambivalences de la démocratie plus qu'il ne la menace nécessairement. BIBLIOGRAPHIE : _ Eric Agrikoliansky, Les partis politiques en France au XXe siècle, Paris, Armand Colin, coll synthèse _ Guy Hermet, Julian Thomas Hottinger et Daniel Louis Seiler, Les Partis politiques en Europe de l'Ouest, Paris, Economica _ Hanspeter Kriesi, Les Démocraties occidentales. Une approche comparée, Paris, EConomica _ Michel Offerlé, Les Partis politiques, Paris, PUF, coll Que sais je ? _ Daniel Louis Seiler, Les Partis politiques, Paris, Armand Collin, 1993. [...]