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Pourquoi s'intéresser au parlementarisme italien ? Résultant d'une constitution qui cherche à affaiblir l'exécutif au profit du législatif afin de faire en sorte qu'un régime similaire au fascisme ne se reproduise pas, le parlement italien se démarque tout d'abord par sa prépondérance dans la vie politique italienne.
Durant tout ce que l'on appelle aujourd'hui, rétroactivement, la première République, c'est-à-dire jusqu'en 1992, les pouvoirs de ce parlement apparaissent en effet considérables ; mais couplée à l'impuissance d'un gouvernement qui ne peut trouver de majorité claire, cette prépondérance parlementaire glisse progressivement vers la partitocratie.
Paradoxalement, c'est ce caractère partitocratique du régime qui assure la stabilité italienne, qui paraît pourtant presqu'impossible lorsqu'on étudie les institutions que la constitution met en place ; on peut faire l'« apologie paradoxale des défaillances du système politique italien » comme l'a fait Olivier Duhamel dans son ouvrage « Les démocraties ». Toutefois cela n'empêche pas les excès d'un tel système, et finalement une déviation vers une démocratie majoritaire, plus « classique », devient nécessaire dans les années 90.
[...] Cette première forme de légitimité est une preuve de la puissance d'un parlement qui semble au premier abord pouvoir capter le pouvoir qui n'a pas été confié à l'exécutif. Comment ce parlement est-il constitué ? La constitution de 1947 a prévu une parfaite égalité entre les deux chambres, qui ont les mêmes pouvoirs et sont notamment élues en même temps, tous les cinq ans, avec le même mode de scrutin. Or, celui-ci est un scrutin proportionnel, qui, si vous vous en souvenez, favorise une meilleure représentativité de la population tout en complexifiant la recherche d'une majorité efficace. [...]
[...] La puissance des partis est encore renforcée par le fait que les chefs des partis possèdent en fait le pouvoir politique dans l'ombre en étant par exemple à la tête d'organismes publics ou parapublics (la 1ère chaîne de télévision revient au parti majoritaire, la seconde au deuxième plus important, etc.), faisant dire à Noberto Bobbio que Le pouvoir est faible, mais le sous-pouvoir est fort C'est cette puissance des chefs des partis et l'alliance omniprésente entre eux qui font en sorte que plutôt que de faire de l'instabilité constitutionnelle du système et de la rotation des ministères la raison des problèmes politiques italiens, il faudrait admettre que c'est davantage la stabilité excessive qui s'y est installée qui peut poser problème En effet, si la partitocratie elle a permis une stabilité de l'Etat, elle a aussi longtemps été responsable de nombre de ses problèmes, comme par exemple la corruption ou les difficultés économiques, un gouvernement partitocratique ne pouvant agir sur les déficits publics. Finalement, dans les années 90, les excès de la partitocratie causent l'essor des ligues extrémistes et régionalistes, qui remettent en cause l'unité Italienne : c'est alors que des mesures sont prises par le parlement. C'est la réforme constitutionnelle de 1993. L'influence de la réforme de 1993 : vers une seconde République ? [...]
[...] Quelles conséquences a ce changement du scrutin ? C'est le début de l'existence d'un parti réellement majoritaire et cohérent au gouvernement. Cette évolution est encore facilitée par le fait que ce mouvement est également accompagné d'une opération nommée mani pulite mains propres, visant à combattre à grande envergure la corruption, et qui remet en cause de nombreux dirigeants des partis, causant la disparition de ceux-ci donc de la pentapartito. C'est le moment d'une nouvelle sorte d'alliance, et c'est Silvio Berlusconi qui le comprend le premier ; en mettant en place une personnification de la politique, il mène le vote parlementaire à un combat entre deux nouvelles formes de coalitions, cette fois une de gauche, une de droite, plutôt que arc républicain contre partis réputés extrémistes (d'ailleurs Berlusconi est allié avec une ligue), ayant chacune à leur tête un leader charismatique. [...]
[...] Quel est le rôle de ce parlement bicamériste dans un Etat où l'exécutif est si peu puissant ? Les différentes fonctions du parlement Le parlement a deux rôles principaux : il légifère, et il contrôle. Il y a un système de navette entre les chambres car les deux doivent avoir accepté une loi pour qu'elle soit entérinée ; cela devrait rendre la vie parlementaire longue et lente, mais il existe également deux autres procédures légales qui favorisent la procédure législative et font en sorte que près de 300 lois sont acceptées chaque année : La leggine: fabrication de petites lois examinées et adoptées selon la procédure de la Commission délibérante, sur simple proposition du Président de la Chambre des communes. [...]
[...] Conclusion : Le pouvoir en Italie, non attribué par la constitution, a longtemps été capté par les chefs de partis, créant une partitocratie qui, certes, a maintenu la cohésion de l'Italie, mais dont les excès ont mené à une réforme du scrutin. Celle-ci effectuée, l'Italie semble bien s'être mise en route vers une démocratie majoritaire. Ce bilan reste toutefois à nuancer : si le mode de scrutin semble bien mener à la majorité au parlement, il faudra pour que cela soit le cas qu'il existe une véritable cohésion entre chaque coalition et son leader, ce qui est certes le cas de l'Italie Berlusconienne, mais qui semble plus complexe à établir à gauche où le territoire politique est plus morcelé. [...]
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