Pangermanisme, annonciateur, nazisme
Dans Wenn ich der Kaiser wär (« Si j'étais le Kaiser », publié en 1912), Heinrich Class, chef de la Ligue pangermaniste de 1908 à 1939, défend la conception d'un nouvel Etat allemand, destiné à incarner pleinement le « Volk éternel ». En 1920, Hitler rencontre Class et rend un hommage prononcé à son ouvrage. En 1932, le leader pangermaniste rompt tout lien avec le nazisme et condamne fermement Hitler. Cette relation complexe et conflictuelle amène à interroger la relation entre pangermanisme et nazisme. Cette relation complexe et conflictuelle amène à interroger la relation entre pangermanisme et nazisme.
Le pangermanisme est l'expression d'un nationalisme allemand radical, incarné par la Ligue pangermaniste, fondée en 1891 et dissoute en 1933. La fin du mouvement coïncide donc avec l'arrivée au pouvoir des nazis et l'instauration du régime nazi, par des lois limitant les libertés politiques, par des lois antisémites, par l'institution d'un totalitarisme, organisé selon les principes décrits par Hannah Arendt dans Le système totalitaire. Le nazisme est donc à la fois un mouvement, c'est-à-dire une force politique visant à conquérir le pouvoir, d'abord par la force, puis par les élections, et un régime singulier dans l'histoire.
Se demander si le pangermanisme est annonciateur du nazisme amène à s'interroger sur les origines du nazisme et il est évident que cette question a suscité de nombreuses controverses. Comme l'écrit l'historien Wolfang Sauer, « avec le nazisme, l'historien est confronté à un phénomène qui ne lui laisse pas d'autre choix que le rejet », en d'autres termes, l'étude du nazisme interdit la distance objective à l'historien. Les idéologies ont également joué un rôle considérable dans le débat historiographique sur le nazisme puisque la notion de totalitarisme, bien que forgée dès les années 1920, a longtemps été pensée comme un concept de droite, en particulier pendant la guerre froide. On observe d'ailleurs que les deux Allemagne ont longtemps eu deux visions différentes de l'histoire du nazisme.
[...] > Class condamne les tentatives entreprises pour expulser Hitler après le putsch en échec de la brasserie de Munich en 1923. En 1920, Hitler baise la main de Class pour lui rendre hommage en tant qu'auteur de Si j'étais le Kaiser. * Si le radicalisme nationaliste pangermaniste a motivé les conceptions et les imaginaires nazis, le régime nazi ne constitue pas pour autant la réalisation des revendications pangermanistes. Le pangermanisme ne fonde pourtant pas le système totalitaire nazi. Le nazisme est le résultat de combinaisons particulières. [...]
[...] > Les pangermanistes s'appuient sur la géographie, comme les nazis. > Idée de l'expansion développée par Paul Lagarde, dans Ecrits allemands, parus en 1878. Idée par exemple selon laquelle l'Allemagne actuelle est trop petite pour nourrir sa population et qu'elle doit donc s'étendre à l'Est. > Les pangermanistes s'inspirent déjà de Ratzel qui est ensuite repris pour justifier l'espace vital. > Les pangermanistes revendiquent les territoires d'une Grande Allemagne. > A l'Ouest : les PaysBas et le reste de la Lorraine. [...]
[...] L'antisémitisme pangermaniste nourrit l'antisémitisme nazi. > Neutralité officielle sur la question juive. Juifs dans la Ligue, Guillaume II. > Antisémitisme pangermaniste : Gobineau, Essai sur l'inégalité des races humaines, vision de l'histoire universelle comme un processus de dégénérescence par dilution qui propose une de la race par excellence, la race aryenne. Ou aussi George Vacher de Lapouge, L'Aryen et son rôle social. > Nbreux membres de la Ligue qui patronnent la Société Gobineau. > 1912, H. Class, pamphlet pour sauver le peuple allemand en proposant une solution à la question juive. [...]
[...] Le pangermanisme s'incarne dans la Ligue pangermaniste. > La Ligue pangermaniste est fondée suite au départ de Bismarck et aux premières déceptions coloniales de Guillaume II. Naissance difficile. > Traité Allemagne-GrandeBretagne en 1890 qui est interprété comme la fin du projet colonial allemand : Dénonciation des partisans de la colonisation. > Publication dans la presse d'un appel Allemagne réveille toi dans lequel le traité est déclaré contraire à la destinée des générations allemandes futures, affirmation de la lâcheté des libéraux et des sociodémocrates et proclamation du Deutschland über alles. [...]
[...] Le pangermanisme a ainsi nourri l'idéologie, les représentations et les forces du nazisme, par exemple en 1932, lors de la crise, lorsqu'Hitler promet de rendre à l'Allemagne sa place au soleil. Pour autant, il semble nécessaire d'éviter d'adopter une vision théléologique de l'histoire et de voir dans le pangermanisme l'annonciateur du nazisme. Le nazisme est en effet possible seulement dans le contexte singulier de l'après-guerre, de l'humiliation du traité de Versailles, des faillites de la démocratie et république de Weimar et des suites de la crise de 1929. Pour conclure, on peut s'interroger sur l'existence de filiation ou d'infuences réciproques entre le pangermanisme, le panslavisme, le panarabisme, le panafricanisme. [...]
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