Originalité de la stratégie zapatiste : la Transnationalisation

Résumé du document

Le terme de Transnationalisation vient décrire le développement de comportement qui accompagne les phénomènes d'internationalisation de l'économie et des flux financiers, l'affirmation des institutions internationales ou encore la croissance des intégrations régionales.
On pourrait ainsi donner une définition large de l'activité transnationale comme : « les contacts, les coalitions et les interactions dépassant les frontières étatiques qui ne sont pas contrôlés par les organes de politique étrangère centraux des gouvernements ». Mais comment la caractériser lorsqu'elle s'articule autour de l'idée de contestation nationale, et surtout comment s'exprime la Transnationalisation appliquée à un mouvement social ? Autrement dit, comment expliqué qu'un mouvement social puisse être relayé en dehors de ses frontières nationales. A ce titre, il est important que la Transnationalisation d'un mouvement social se distingue d'une lutte aux enjeux purement internationaux, puisqu'elle prend d'abord appuie sur un contexte nationale aux revendications propre, et qu'elle étend ensuite la contestation à une échelle supérieur, par un appel à la solidarité.

Extraits

[...] Malheureusement, ils ne sont pas parvenus à articuler la gauche alors qu'ils ont multiplié les initiatives qui ont échoué, depuis 1994. Ils ne sont pas parvenus à atterrir sur la scène politique mexicaine. Un jour, les zapatistes sont venus à Paris, en 1995 je crois, à une délégation et tous voulaient les recevoir. Ils y avaient la "guerre" entre plusieurs comités (marxistes, libertaires ) et avec plusieurs personnalités présentes (Touraine, Le Bot Ce qui a provoqué une petite querelle lors de la cérémonie. B.D. : Le mouvement zapatiste n'a jamais été tous les indigènes du Chiapas. [...]

[...] C'est donc en s'appuyant sur un contexte national et des revendications propres que l'EZLN sort de la clandestinité et devient un mouvement social. Cependant, dès le début s'amorce une transnationalisation encore fragile et à construire du mouvement. En effet, la signature de l'ALENA fut comprise comme la volonté des gouvernants d'entrer dans un libéralisme économique, qui avait déjà eu de sérieuses répercussions sur l'économie nationale mexicaine. Ce refus s'est donc structuré contre le néolibéralisme et à ce titre sur un enjeu international. [...]

[...] Voilà quelques éléments pour expliquer le retentissement international du mouvement, qui est retombé depuis quelques années. Charles : Que recouvre le terme zapatisans et peut-on parler d'un réseau zapatisans? B.D. : Ben voilà, ouais, enfin c'est dans la foulée de ce que j'viens de raconter j'pense. Donc je pense que c'est Le Bot (Yvon, éminent chercheur au CNRS et par ailleurs spécialiste de l'Amérique du Sud, tout ça tout ça) qui a utilisé ce mot-là le premier. C'est bien vu je trouve, ca permet de parler de sympathisants zapatistes en utilisant un seul mot. [...]

[...] Il y a tout d'abord une proximité générationnelle de fait. Ensuite, les débats et réponses politiques à ce sujet sont restés très insatisfaisantes relativement à la gravité et à l'importance de tels phénomènes politiques dans une démocratie occidentale. Dans un premier temps nous avons entrepris une délimitation de notre thème de travail en se focalisant sur la nature politique de ce soulèvement ainsi que ce qu'il pouvait révéler d'un point de vue culturel et social. Cependant en faisant l'état de la question, nous nous sommes rendu compte que les publications, monographies et autres supports étaient rares, très peu diversifiées. [...]

[...] Il s'agit donc comme l'a dit Marcos, et Appels à des valeurs et à une symbolique universelle Les différents courants qui composent l'EZLN se réclament tous de près ou de loin de l‘humanisme. La visée universaliste de l'EZLN s'inscrit en faux contre l'individualisme, fer de lance des doctrines néolibérales qu'elle se fixe de combattre. Les écoles zapatistes dispensent des "cours d'humanisme", qui "traite de la philosophie zapatiste. A propos de ces écoles, Gloria Munoz Ramirez, lors d'une enquête au Chiapas, a recueilli le témoignage suivant: l'objectif principal que nous nous fixons est que les jeunes qui achèvent leurs études aient une vision différente de la vie. [...]