Par Nations unies, il faut entendre une pluralité d'institutions et, sinon un système rigoureusement hiérarchisé, au moins une « famille ». Au centre, l'O.N.U au sens étroit, fondée en 1945, dont le siège est à New York, et qui dispose de bureaux dans un grand nombre d'États. À la périphérie, une quinzaine d'institutions spécialisées, autonomes mais reliées à l'O.N.U., et compétentes dans différents secteurs, généralement techniques, de la coopération internationale.
La création
Dès avant la fin des hostilités, l'O.N.U. voit le jour, et nombre d'institutions spécialisées suivent, ou sont refondues. La S.D.N. (Société des nations) était morte dans l'impuissance et l'oubli. On veut reprendre l'entreprise, réussir ce qu'elle avait manqué en tenant compte de l'expérience.
De toute manière, l'URSS s'oppose fermement à un retour à la SDN. Roosevelt et Churchill, dans la Charte de l'Atlantique (août 1941) prévoient donc la création d'une nouvelle organisation capable d'assurer la sécurité collective. Il semble que l'initiative ait été largement américaine. L'URSS approuve l'idée en 1943.
Les négociations commencent à Dumberton Oaks en septembre 1944. La plupart des institutions (Assemblée Générale, Conseil de Sécurité) sont acceptées, de même que les membres permanents (la France ne participe cependant pas à la conférence). Ce sont les Etats-Unis qui insistent pour créer un Conseil economique et social (Russes et Anglais préféraient se cantonner à la sécurité).
Deux points restent en suspens : la question du droit de veto et le nombre de voix dont dispose l'URSS à l'Assemblée (elle en réclame 15 du fait des 15 républiques formant l'URSS). Le Congrès américain impose un droit de veto afin de garder le contrôle des interventions américaines militaires. Néanmoins, les Américains prévoit que le veto ne s'applique pas si un des membres du Conseil de Sécurité est impliqué dans l'affaire à juger : Staline refuse catégoriquement. Les « trois Grands » se mettent d'accord à Yalta.
La conférence de San Francisco a lieu d'avril à juin 1945. Signée le 26 juin 1945 par 51 États, membres originaires, la charte de l'O.N.U. établit une organisation qui projette l'image du nouveau monde, puissante, volontaire, optimiste et ambitieuse. L'esprit de Yalta est encore présent, la morale et le réalisme se mêlent. À côté de l'affirmation des principes communs qui avaient justifié la grande alliance des démocraties et de l'Union soviétique contre l'Axe - droits de l'homme, égalité des peuples, condamnation de l'agression, égalité et souveraineté des États, non intervention -, on trouve les bases d'un système de maintien de la paix fondé sur la sécurité collective.
[...] L'usage répété du droit de veto a amené le gouvernement américain à proposer la résolution 377 intitulée Union pour le maintien de la paix qui prévoit qu'en cas de veto répétés au CS, l'Assemblée peut prendre des décisions d'envoi de troupes notamment. Cette résolution ne sera utilisée que trois fois : Suez et Hongrie en 1956, Congo en 1961. L'ONU a clairement pris partie pour le bloc occidental au point qu'il est presque curieux que l'URSS ne se soit pas retirée (elle obtient la tête de Trigvye Lye cependant). [...]
[...] Le veto fonctionne donc comme un fusible. Il déconnecte le mécanisme, et, si celui-ci n'est pas efficace, du moins ne devient-il pas dangereux. Au surplus, face à l'impopularité, auprès des petites puissances, de l'usage du veto, symbole d'un privilège de moins en moins bien accepté, les membres permanents y recourent avec beaucoup de prudence. Ils considèrent son utilisation comme un échec diplomatique, qui souligne leur position minoritaire, voire leur isolement. C'est l'une des raisons pour lesquelles le mécanisme initial conserve son efficacité malgré tout. [...]
[...] Chaque pays essaye de marquer des points plutôt que de discuter. Décolonisation L'ONU réussit à intervenir dans la décolonisation de manière efficace dans le cas de l'Indonésie (1948) où elle obtient un cessez-le-feu et participe au règlement de l'affaire. Dans les autres cas (France et Maghreb), elle se contente de faire pression. Mais par exemple dans le cas de la guerre d'Indochine, l'Assemblée ne s'en occupe pas. Guerre froide : Deux succès : Blocus de Berlin 1949 : Trygvie Lye parvient à négocier secrètement avec les intéressés et désamorce la crise. [...]
[...] La décolonisation modifie profondément la composition de l'ONU puisque le Tiers-monde devient majoritaire à l'Assemblée. Le CS continue d'être paralysé dès qu'un des membres est impliqué (France/Algérie ; Hongrie 1956 ; Vietnam/Etats-Unis). Une affaire majeure cependant : Le Congo : Déclaré indépendant en juin 1960, le Congo doit faire face à une guerre civile et à la sécession du Katanga. Les troupes onusiennes d'interposition sont envoyées en août. Hammarskjold se rend sur place et négocie. Lumumba et l'URSS refusent la médiation du secrétaire général jugé trop pro-katangais mais le CS lui accorde sa confiance. [...]
[...] Sa composition est universelle. Elle associe donc pays en développement et pays industrialisés (ou pauvres et riches suivant une terminologie confuse mais évocatrice). Elle est toutefois largement l'instrument des premiers, et c'est en son sein que se constitua le groupe des 77 qui visait à exprimer la solidarité de leurs intérêts. Les clivages sont ainsi de nature plus économique que politique, même si les pays socialistes se tinrent toujours sur une certaine réserve. Le niveau de développement est cependant un critère qui s'est affiné, et l'existence de sous-catégories comme l'évolution des situations économiques a finalement eu raison de la cohérence du groupe. [...]
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