Aujourd'hui la pratique des sondages est devenue une véritable institution dans les démocraties libérales pour consulter l'avis populaire dans des domaines très variés tels que l'économie, la politique, le social ou le culturel. Effectivement la définition propre des sondages est celle « d'une enquête ponctuelle réalisée auprès d'un échantillon représentatif de la population étudiée. Les résultats obtenus auprès de l'échantillon sont ensuite extrapolés à la population étudiée ». Ils permettent ainsi à la population de s'exprimer sur un sujet précis. D'où le fait qu'ils soient caractéristiques, comme nous l'avons déjà dit des démocraties libérales et qu'ils soient interdits dans les régimes autoritaires tel qu'en Chine ou au Chili. Aujourd'hui énormément de sondages sont publiés, commentés, appréciés ou dénigrés mais finalement on peut se demander quelle est la vraie valeur de ces sondages, si leur fonction première de représenter la majorité de l'opinion publique est bien réelle. Afin de répondre à cette question, nous verrons tout d'abord les sondages comme outil de consultation des opinions : leurs objectifs et leur influence (I) puis les critiques que l'on peut faire quant aux résultats et aux questions (II).
[...] le Statut social du sondage Le sondage est un atout pour les citoyens dans la mesure où il répond à la logique démocratique de participation du citoyen, ici, participation à la construction de la réalité sociale; mais aussi parce qu'il peut les aider dans leur choix Attention toutefois, parfois le sondage dévie de son objectif principal d'information: il oriente le citoyen, a influence sur lui; cela est particulièrement visible lors des campagnes électorales Le sondage comme outil de participation et d'aide à la décision D'une part, les sondages sont un outil de participation des citoyens. Ils sont abondamment utilisés par les médias et reviennent au cœur des débats dès que s‘annonce une échéance électorale ou référendaire importante. Les sondages renvoient quasi quotidiennement aux téléspectateurs ou aux lecteurs une image, qui se veut miroir, des citoyens donnant leurs préférences majoritaires et leurs attachements minoritaires sur telle ou telle question de société Ils permettent à la société de se donner une représentation d'elle-même à travers des questions, le plus souvent assez simples, et des résultats chiffrés. [...]
[...] Les sondages apportent aux citoyens le sentiment de participer à la représentation sociale. Ce type d'enquête a habitué les citoyens à l'idée qu'ils donnent tous leur avis sur toutes sortes de choses. Les médias deviennent des intermédiaires, au service de l'opinion publique, qui ont pour but de le transmettre pour permettre aux hommes politiques de fonder de façon démocratique leurs actes. L'existence d'une opinion publique unie est donc présumée; rapidement accepté le chiffre censé représenter l'opinion des citoyens est aussitôt adopté dans les conversations comme argument d'autorité. [...]
[...] En d'autres termes, les résultats que nous donnent les sondages et qui sont censés représentés l'opinion publique actuelle ne sont pas toujours aussi véridiques que ce que les centres d'enquête avancent. Ainsi il est utile d'étudier les points faibles des sondages pour comprendre où ils perdent de leur crédibilité. Nous verrons donc tout d'abord la formulation des questions puis celle les réponses La formulation des questions La visée première des sondages est d'avoir des réponses, pour se faire les sondeurs mettent en place une série de questions qui doivent répondre à des règles très spécifiques afin d'éviter toute ambigüité: formulation simple de questions, explications minimales si nécessaire, propositions de réponses dans des questions fermées. [...]
[...] l'opinion publique n'existe pas (P. Bourdieu, 1980) La notion opinion publique est aujourd'hui devenue une notion si banale dans les démocraties que son existence ne semble pas faire de doute. Invoquée en permanence par les différents acteurs de la vie politique - acteurs gouvernementaux, médias, syndicalistes - elle a indiscutablement une réalité sociale. Si on devait définir l'opinion publique, on pourrait en donner la définition suivante: ce serait l'agrégation de l'ensemble des attitudes individuelles, des jugements et des convictions de la majorité de la population adulte d'une société donnée (en général au niveau d'un pays). [...]
[...] L'enquête d'opinion traite l'opinion traite l'opinion comme la somme des opinions individuelles or, dans la réalité sociale, les opinions sont des forces, et les rapports d'opinions reflètent les rapports de force entre ces opinions. Les opinions sont liées à la position dans la hiérarchie sociale. Tous ces aspects des sondages et de la production d'opinion par les individus traduisent la même chose: on part d'opinions très divergentes puisque les individus entre eux sont socialement différents et l'on donne l'illusion qu'il existe une opinion publique unanime. Cela n'est et ne reste que de l'illusion. [...]
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