Dans les années 1930, aux États-Unis commença à se multiplier ce qu'on appelle des sondages d'opinion publique. Au départ si ces derniers s'inscrivaient uniquement dans une logique de marketing, ayant pour but d'anticiper les attentes des acheteurs, très vite ces sondages se sont étendus à la sphère politique, pour devenir très vite l'outil des politiques. Et pour preuve, désormais les sondages d'opinion font partie intégrante de nos campagnes présidentielles, vus comme un enjeu pour les politiques qui veulent toujours « gagner » un peu plus de points d'opinion dans les sondages. Alors donc que la bataille pour l'opinion est de plus en plus vivace, que l'importance qu'on lui accorde est de plus en plus grandissante, on a cependant encore du mal à appréhender ce qu'est réellement l'opinion publique.
Mais comment définirait-on ce qu'on appelle communément « l'opinion publique » ? Si celle-ci est donc bien ancrée dans nos concernassions, le champ censé définir cette opinion est bien loin d'être fixé. Car nombreux sont les auteurs ayant tenté d'appréhender cette notion sans réalité, sans définition concrète. Si donc l'opinion apparaît aux yeux de beaucoup comme difficile à définir, pour certains comme Pierre Bourdieu celle-ci n'existe tout simplement pas. Ce dernier va donc tacher de s'interroger dans un article s'il en existe réellement une, ou est-elle seulement le fruit et l'instrument des politiques voulant nous laisser croire à l'existence d'une pensée générale, commune.
[...] L'opinion publique n'existe alors pas, mais c'est uniquement l'opinion politique de citoyens dits compétents qui est retranscrite par les sondages. Michel Simon expose à cet égard que pour éviter ce défaut des comptes, il y a un nécessaire travail qui doit être opéré sur la formulation de ces questions. Si donc pour Bourdieu, tout le monde n'exprime pas forcément d'opinion, pour certaine comme Donégani, cette affirmation est fausse, le seul fait véridique est que tout le monde n'a pas d'opinion spontanée pour répondre à une question donnée. [...]
[...] Si donc l'opinion apparaît aux yeux de beaucoup comme difficile à définir, pour certains comme Pierre Bourdieu celle-ci n'existe tout simplement pas. Ce dernier va donc tacher de s'interroger dans un article s'il en existe réellement une, ou est-elle seulement le fruit et l'instrument des politiques voulant nous laisser croire à l'existence d'une pensée générale, commune. C'est pourquoi après avoir appréhendé comment celle-ci se constitue, mais surtout sur quels prédicats repose son fondement, nous dégagerons les limites de cette conception, en montrant comment l'opinion n'est qu'un instrument politique, une construction, un artefact pour reprendre l'expression de Bourdieu. [...]
[...] Puisqu'elle est censée être l'exacte représentation de la volonté du peuple, sa retranscription concrète : gouverner avec elle, c'est gouverner de manière pleinement légitime. Car l'on considère le citoyen comme un individu compétent. Compétent au sens où celui-ci est à même, apte à discuter de sa position sur un sujet. Mais également compétent dans le sens où celui-ci est averti, où il détient l'ensemble des informations nécessaire pour pouvoir répondre aux questions qui lui sont posées. Jacques Julliard dans son ouvrage La reine du monde, défendait d'ailleurs une conception novatrice de l'opinion en soulignant l'importance de l'intégrer, l'apprivoiser au jeu démocratique. [...]
[...] C'est pourquoi il faut davantage y voir l'opinion de chacun exprimée et supportée dans la collectivité. D'ailleurs, Rousseau s'est efforcé d'opérer cette distinction entre ces deux conceptions de l'opinion, importante pour notre réflexion dans Du Contrat social. Ainsi, il déclare Il y a bien de la différence entre la volonté de tous et la volonté générale ; celle-ci ne regarde qu'à l'intérêt commun, l'autre regarde à l'intérêt privé, et n'est qu'une somme de volontés particulières. Si donc par opinion on entend celle exprimée au sein d'un collectif, il convient également de définir ce que l'on désigne par le terme public Désigne-t-il ici l'antonymie de ce qui se cantonne à la vie privée, où est- ce le public en tant que masse, peuple ? [...]
[...] Des acteurs qui politisent les questions qu'ils posent et qui par les réponses qu'ils proposent déterminent des réponses interprétées en dehors de l'éthos de classe dans lequel elles sont produites. L'opinion exprimée influence de manières la véritable opinion et la première preuve de cela est l'émergence de ce qu'on appelle le vote utile. Le peuple vote alors pour le candidat ayant obtenu le plus d'intentions de vote et délaisse son vote alternatif pour que son opinion soit utile compte. C'est donc un vote conditionné par ces intentions. Peter Hitchens voyait dans l'enquête d'opinion une manière d'influencer la vraie opinion. [...]
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