Suite à l'échec du référendum sur l'adoption du traité pour une constitution européenne en mai 2005, le Président de la République Jacques Chirac s'est senti obligé de demander à son premier ministre, Jean Pierre Raffarin, alors au plus bas dans les sondages, de démissionner. On peut naturellement se demander si cette démission aurait eu lieu si la côte de popularité du premier ministre avait été plus élevée. Il semblerait que non ; dés lors, cette démission semble apparaître comme un moyen d'apaiser une « opinion publique » défavorable.
L'opinion publique est désormais partout : à la télévision, dans les unes des journaux (cf Le Monde « 62% des Français se déclarent solidaires du mouvement de contestation contre le contrat première embauche»), dans la rue envahie d'enquêteurs (« auriez-vous quelques minutes pour répondre à un sondage ? ») et bien sûr dans la sphère politique. Mais tout d'abord, qu'entendons nous par « opinion publique » ? Selon la définition officielle l'opinion publique serait l'agrégation de l'ensemble des attitudes individuelles, des jugements et des convictions de la majorité de la population adulte d'une société donnée. Quant à savoir si elle existe ou pas, la question peut paraître étrange : si on en parle, si on l'étudie tout le temps cela doit forcément signifier qu'elle existe. Pourtant, l'expression « opinion publique » n'a pas toujours existé. Elle apparaît pour la première fois au XVIIIe siècle et désigne alors l'opinion des parlementaires sur les affaires publiques, opinion qui est rendue publique. On considère alors que l'élite a une opinion formée par la raison, l'intérêt collectif, au contraire du peuple gouverné par ses passions et pulsions. Ce sont le suffrage universel masculin, la multiplication des manifestations de rue à la fin du XIXe et la diffusion d'une presse populaire nationale qui provoqueront l'émergence d'une opinion publique vraiment publique. Quant aux techniques de sondage elles ont vu le jour aux Etats Unis dans le milieu des années 1930.
Devant le caractère relativement récent de cette expression on peut dés lors se demander si l'opinion publique existe réellement : certes, tout le monde ou presque, peut avoir une opinion, mais existe t il une opinion véritablement « collective », telle qu'on puisse dire « le peuple français pense que.. ». Nous sommes dans une démocratie où, normalement, le principal moyen d'exprimer son opinion est le vote or nous assistons depuis quelques années à la montée en puissance du sondage comme nouvel arbitre politique, un arbitre capable de choisir les candidats à une élection ou mettre à bas une loi jugée « indésirable ». Dés lors, que l'opinion publique existe réellement ou pas, devant une telle puissance la véritable question devient quel est l'impact véritable de l'opinion publique (par l'intermédiaire des sondages) sur la vie politique française ?
Il semblerait en fait que l'opinion publique en tant qu'agrégation d'opinions individuelles pas toujours valables, concrètement n'existe pas et soit une illusion savamment entretenue(I). Pourtant, cela serait oublier ce qu'on appelle en économie une prophétie auto réalisatrice : l'opinion publique, en tant que croyance érigée au rang de vérité collective existe car le peuple, les politologues et les hommes politiques y croient(II).
Depuis les années 60, les sondages d'opinion ont envahi la société française et sont devenus la principale source de beaucoup d'études, politiques ou non. Chacun peut avoir une opinion sur un sujet mais la somme de ces opinions est-t-elle assez légitime pour parler d'opinion collective ?
[...] Pourtant, l'expression opinion publique n'a pas toujours existé. Elle apparaît pour la première fois au XVIIIe siècle et désigne alors l'opinion des parlementaires sur les affaires publiques, opinion qui est rendue publique. On considère alors que l'élite a une opinion formée par la raison, l'intérêt collectif, au contraire du peuple gouverné par ses passions et pulsions. Ce sont le suffrage universel masculin, la multiplication des manifestations de rue à la fin du XIXe et la diffusion d'une presse populaire nationale qui provoqueront l'émergence d'une opinion publique vraiment publique. [...]
[...] Chacun peut avoir une opinion sur un sujet mais la somme de ces opinions est-t-elle assez légitime pour parler d'opinion collective ? L'opinion publique en tant qu'agrégation des opinions individuelles est une illusion des masses qui, concrètement, n'existe pas L'opinion publique est elle vraiment une donnée que l'on peut agréger et donc par là, mesurer, ou n'est elle qu'une vaste illusion collective ? A. Stoetzel l'opinion c'est ce que mesurent les sondages : l'opinion publique est mesurable en tant qu'agrégation des opinions individuelles Les instituts de sondages ont réussi à imposer l'idée de leur impartialité et scientificité . [...]
[...] De même, le meilleur moment pour faire enquête sur les jouets reste la période précédant Noël. Les instituts de sondage qui ont fait leur preuve sur les enquêtes à la sortie des urnes vont profiter de ceci pour se déclarer compétents pour des enquêtes d'opinion proprement dites or ce transfert est illégitime. l'effet d'imposition : quand avoir une opinion permet de faire passer une image positive auprès de l'enquêteur et de soi-même Les personnes interrogées n'ont pas nécessairement une opinion constituée sur tous les thèmes du questionnaire mais en acceptant de participer à une enquête, se croient obligées de donner une réponse même si elles en n'en savent strictement rien. [...]
[...] Selon Bourdieu l'opinion publique est un artefact dont la fonction la plus importante consiste à imposer l'illusion qu'elle existe toutes les opinions ne se valent pas . Toute enquête pour un sondage repose sur 3 postulats : tout le monde peut avoir une opinion toutes les opinions se valent il y a un consensus sur les problèmes qui méritent d'être posés Or Pierre Bourdieu montre dans L'opinion publique n'existe pas (1972) que ces postulats fondamentaux sont erronés. Tout d'abord, il est faux de dire que tout le monde peut avoir une opinion : sur certains sujets les personnes n'ont pas d'opinion et ce nombre de non réponse varie en fonction du niveau scolaire, de la formation et de l'intérêt que l'on peut avoir sur la question. [...]
[...] Comment expliquez-vous une telle popularité/impopularité ? Mais la popularité des dirigeants politiques n'est pas la seule pierre de touche des sondages, ceux-ci sont aussi très présents dans tout ce qui touche aux faits de société. 83% des Français sont pour le droit à l'adoption pour les couples homosexuels. L'opinion publique est majoritairement pour l'euthanasie des Français aiment l'idée d'une présidente Pour de plus en plus de questions, l'opinion du peuple français est mise en avant pour résoudre les conflits. L'opinion est même souvent présentée comme progressiste face aux institutions rétrogrades La publication des sondages influence-t-elle le résultat des élections ? [...]
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