L'ouvrage Mondes Nouveaux pose dès la présentation son ambition d'être une référence en temps que « représentation de l'état du monde et de l'état d'une science ». Publié en 1990 après la chute du communisme et l'implosion de l'URSS où les Etats-Unis (EU) victorieux de la guerre froide tendent à occuper une place hégémonique, il est la réalisation de l'expression d'une volonté de réflexion de l'expression sur le monde, l'organisation de ses différents lieux et espaces. L'ouvrage est une synthèse de l'analyse de l'espace mondial des recompositions régionales où la géographie comme science s'exprime par le travail et les recherches de dix géographes co-auteurs. Composé de deux livres, nous nous intéresserons à la première partie du second, intitulé Systèmes Mondes et dirigé par O. Dollfus.
Olivier Dollfus est un géographe français émérite né en 1931 et mort en 2005. Il est l'un des fondateurs de l'université de Paris VII en 1970 où il est professeur. Spécialiste des espaces montagneux, il fonde l'Institut français d'études andines à Lima. Il a publié deux ouvrages majeurs que sont L'Espace géographique en 1970 et Système Monde, celui que nous allons étudier. Il s'agit d'une première expression de la notion de mondialisation. Ainsi O. Dollfus se situe par cette voie dans la suite de Fernand Braudel qui avait décrit les économies mondes mais sans l'approche systémique que Dollfus ajoute. Cette vision du monde est pour l'époque novatrice et elle est toujours l'une de celle qui a le plus d'audience aujourd'hui si bien que l'ouvrage demeure une référence. La mondialisation a en effet été le thème de nombreux essais ou articles. Critiquée ou adulée, elle est un fait que Dollfus est l'un des premiers à avoir analysé.
[...] Ils sont les plus forts tant du point de vue économique que politique ou culturel. Ensuite O. Dollfus présente cette oligopole comme un club aux membres variables (l'Europe seule au XIXème siècle puis celle-ci et les EU puis le Japon et l'URSS) sans règles précises d'admission (elle ne dépend pas de la taille du pays, ni du niveau de vie de ses habitants ni de la place du commerce extérieur). Au contraire, la puissance de ces Etats naît de la combinaison de différents éléments –culturels, politiques, idéologiques, technologiques- et l'auteur d'illustrer ses arguments de la réalité de chacun des oligopoleurs L'auteur étudie dès lors les autres Etats et en distingue cinq groupes qu'il explicite : les pays dans la mouvance des oligopoleurs, les dépendants, les puissances régionales, les non-alignés et les laissé- pour-compte. [...]
[...] Cependant, ces inégalités économiques et techniques se lient à des érosions c'est-à-dire que les différences culturelles (linguistiques, génétiques, politiques) disparaissent au profit d'une homogénéisation. Avec ces constatations, l'auteur propose une autre interprétation de l'organisation du monde actuel qui serait le fait d'un système, modèle d'étude afin de mieux comprendre sa complexité. Ainsi l'entité monde a-t-elle deux entrées, ou deux éléments structurants essentiels, qui expliquent son organisation : la nature, donnée topologique et l'histoire, donnée temporelle de l'action des hommes. Ces sont les mémoires du monde dont O. Dollfus donne des exemples. [...]
[...] Le deuxième chapitre est le second temps. Il s'agit d'une description du monde à l'époque de l'écriture du livre, une typologie et une analyse des comportements des différents groupes qui constituent le système. Enfin, O. Dollfus retrace dans les chapitres 3 et dernier temps de l'argumentation, toutes les étapes que le monde a traversé pour parvenir à un état de système-monde. Il balaye alors toute l'histoire du monde en se focalisant sur l'histoire récente, le XXème siècle, dans le chapitre 4. [...]
[...] Olivier Dollfus clôt le chapitre sur un arrêt sur image du monde du début du XXème siècle dominé par l'Europe mais où pointent des crises, des tensions et des guerres entre les grands. L'analyse historique se poursuit dans le chapitre le temps des accélérations Il analyse successivement les perturbations qu'ont provoquées la première guerre mondiale (les EU, autre puissance dominante), la crise de 1929 (plus d'interventionnisme de l'Etat et nouvelle organisation politique), l'apparition d'un système socialiste (alternative au capitalisme) et la seconde guerre mondiale qui achève d'organiser le monde par la dichotomie entre l'Est et l'Ouest qu'elle implique. [...]
[...] Dollfus justifie enfin son approche géographique de l'étude du système monde : il n'est pas le produit de données seulement géographiques mais également à grande part politique et culturel. Chacun en effet tente d'imposer sa vision d'où le rôle des moyens d'information. L'auteur conclut par le constat que le système monde est fait de luttes pour l'hégémonie où apparaissent des rapports de domination, et il cite Michel Breaud : le système monde englobe une économie mondiale que structurent chaque jour davantage les échanges internationaux et les stratégies des groupe multinationaux : l'imbrication du national, de l'international, du multinational et du mondial est devenue plus étroite que jamais Parvenu ici, Dollfus entame une typologie du monde en quelque sorte. [...]
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