La pensée de Cornelius Castoriadis mérite qu'on s'y attarde. Dès le départ, le projet de l'intellectuel, dans le contexte de domination idéologique du marxisme, était justement d'élucider les mythes, traquenards de la pensée et contre - vérités de l'idéologie.
Un but souligne l'intimité de son projet avec notre modernité contemporaine : « élucider », objectif que s'assigne tout intellectuel. Dans la période de domination marxiste, où les ramifications bureaucratiques tendent à scléroser la société des pays occidentaux, Castoriadis est l'un des premiers à donner une lecture critique envers non seulement la société marxiste mais aussi la société bureaucratique. Mais plus que cet aspect, l'auteur a cherché par la suite à refonder le monde selon des paradigmes qu'il lui resteront propres : l'altérité, la création, l'être créateur, autant d'axes qui invitent à regarder sereinement en direction des fondements de notre civilisation, résumés en trois mots : le vrai, la pensée, et la démocratie. Plus qu'une analyse supplémentaire de nos fragmentations contemporaines, l'auteur nous invite à la réconciliation avec ce que nous sommes et ce qui nous ait acquis, une sorte de brèche portée dans le sens de l'optimisme.
Après avoir dressé les contours de la première pensée de Castoriadis, celle d'une critique de la bureaucratie, nous pourrons décrire par la suite les actes supplémentaires d'une pensée inventive : ou comment l'homme moderne, autonome dans l'évolution sociale - historique, est plus que jamais amené à réussir sa condition d'être créateur.
[...] Faut-il renoncer à penser ? Il faut renoncer à une science de la société, à un savoir prétendu absolu et universel sur ce qu'est l'homme et son devenir. La raison historique est allée trop loin dans son obsession de la systématisation qui est, selon l'auteur, un véritable délire le délire c'est la théorie d'un seul Il s'agit de penser et d'agir lucidement, sans renier la philosophie, non pas reine des sciences mais taupe dans le labyrinthe des savoirs modernes, la pensée étant supérieure à la raison par sa capacité créatrice. [...]
[...] Contre les idéologies anesthésiantes et les bureaucraties dévoreuses d'Hommes, cette pensée est à apprécier comme une morale ou une utopie, au sens pleinement révolutionnaire, et dans la certitude que tout peut être récupéré sauf une chose : notre propre activité, réfléchie, critique, autonome Bibliographie 1974 La société bureaucratique 1975 L ‘institution imaginaire de la société 1978 Les carrefours du labyrinthe 1978 De l'écologie à l'autonomie 1982 Mélanges BIBLIOGRAPHIE Castoriadis : L'imaginaire radical, Nicolas Poirier, Broché Castoriadis, une introduction, Jean-Louis Prat, La Découverte, coll. Repères L'institution imaginaire de la société, Castoriadis, Seuil Les carrefours du labyrinthe, Tome Castoriadis, Seuil, 1998. [...]
[...] Le marxisme est comme un beau roman mais l'Histoire c'est différent. La providence communiste est une nouvelle aliénation théologique de l'homme. L'idéologie bureaucratique Elle résulte de la domination du scientisme et du positivisme développé au XIXe siècle. Les ramifications scientistes agissent même à tous les niveaux de l'organisation sociale et dans plusieurs directions : - L'application systématique de la science à l'industrie qui engendre une technostructure - La coupure de la signification sociale du progrès technique d'où résulte une absence de finalités de notre société. [...]
[...] Autonomie et création dans le social-historique La pensée héritée : la négation de l'Histoire Le Marxisme est la dernière-née des prétentions philosophiques à vouloir régenter le monde et l'Histoire sous l'angle de la métaphysique. Dans cette pensée héritée, Castoriadis distingue deux moments d'occultation de l'Histoire : - Le moment religieux : l'Histoire et la société n'ont aucune autonomie car elles ont toujours été intégrées dans une économie divine de la création, la question du sens de l'Histoire est résolue dans un ailleurs métaphysique pensé comme perturbation et déchéance. [...]
[...] L'autre et l'identique : l'ouverture au temps Loin d'être le lieu de la répétition de ce qui est identique, le temps est auto altération absolue. Il est ce par quoi existe de l'autre et pas seulement de l'identique, c'est parce qu'il est auto engendrement de l'altérité, ou possibilité d'une origine de l'autre, que le temps est le lieu d'où surgit le nouveau en tant que non-répétition. Qu'est-ce que créer ? Est création ce qui advient indépendamment d'une cause extérieure, ce qui surgit comme nouveau, comme absolument nouveau, la création est poésie, elle fait être à partir de rien, or la pensée traditionnelle sur l'Histoire occulte l'imaginaire ; elle est souvent vue comme répétition, déterminée par un ailleurs ontologique et non pas auto engendrée. [...]
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