Les nouveaux mouvements sociaux menacent-ils le modèle étatiste et économique dominant ?

Résumé du document

Lorsqu'au courant des années 1990, Francis Fukuyama annonçait la fin de l'histoire et la victoire du modèle démocratique et libéral, il ne pensait certainement pas qu'en 2008, nous assisterions à l'une des plus graves crises financières de notre histoire et à une remise en cause globale du système capitaliste mondialisé. Cette crise s'accompagne d'une interrogation sur le véritable rôle de l'Etat moderne. L'Etat est-il délégitimé ? L'Etat est-il dans la mondialisation un acteur comme un autre ? L'Etat est-il toujours le garant et l'unique détenteur de la violence légitime ? Bref, la domination légale rationnelle de l'Etat est-elle en danger ? L'émergence de nouveaux mouvements sociaux contestataires, comme l'altermondialisme ou le terrorisme, tend à nous faire croire que nous assisterions à une remise en question du modèle étatique dominant et de l'économie capitaliste. Cependant, derrière cette évidence apparente se cache en réalité, un phénomène bien plus complexe. Nous assisterions à un double processus de contestation et de renforcement. Comprendre les moyens utilisés par le Centre afin de diffuser et d'enraciner son modèle, nous permettra d'approfondir la thèse d'un renforcement structurel du système mondial.

Extraits

[...] L'émergence de nouveaux mouvements sociaux contestataires, comme l'altermondialisme ou le terrorisme, tend à nous faire croire que nous assisterions à une remise en question du modèle étatique dominant et de l'économie capitaliste. Cependant, derrière cette évidence apparente se cache en réalité, un phénomène bien plus complexe. Nous assisterions à un double processus de contestation et de renforcement. Comprendre les moyens utilisés par le Centre[1] afin de diffuser et d'enraciner son modèle, nous permettra d'approfondir la thèse d'un renforcement structurel du système mondial. [...]

[...] L'explication des origines du capitalisme moderne tend également à séparer Marx et Weber. Pour le premier, le capitalisme s'inscrit dans l'histoire de la lutte des classes, c'est-à-dire qu'à chaque organisation économique s'accompagne une lutte de classes, le communisme puis le socialisme venant créer à terme une société sans classe. Le second, insiste davantage sur les critères culturels. En effet, selon lui, une conduite de vie religieuse particulière comme le protestantisme a permis l'émergence du capitalisme moderne. Cet esprit, cette éthique du capitalisme se trouvent dans les fondements de la doctrine protestante. [...]

[...] Le capitalisme a cette faculté de pouvoir s'adapter à ses propres contradictions, ce qui lui permet encore de survivre aujourd'hui. Par conséquent, malgré une montée du mécontentement des nouveaux mouvements sociaux, force est de constater que ceux-ci contribuent en partie au renforcement du système en place. Au sens de Wallerstein N.Elias, La Dynamique de l'Occident en poche Pocket B.Badie, L'État importé. Essai sur l'occidentalisation de l'ordre politique, Fayard, Paris M.Weber, L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme (1904-1905), traduction par J. Chavy, Plon ; nouvelle traduction par J.-P. Grossein, Gallimard 2003. [...]

[...] Or, aucune grande religion séculière, mise à part le communisme n'est pour l'instant arrivée à déstabiliser durablement le capitalisme. La remise en question de l'ordre en place est donc limitée, faute de cohésion et de dessein crédible. Pis encore, on assiste à un renforcement du capitalisme. Les organisations transnationales sont les idiots utiles du capitalisme dans le sens où elles participent volontairement ou involontairement pour nombre d'entre elles à la reproduction du système mondial. Elles ne veulent pas remettre en cause le système économique, elles s'adaptent à lui et contribuent de ce fait à sa pérennisation. [...]

[...] Les nouveaux mouvements sociaux menacent-ils le modèle étatiste et économique dominant ? Depuis le début du cours, nous avons étudié les processus par lesquels l'État-nation et le capitalisme moderne se sont répandus sur l'ensemble de la planète (surtout les modèles de Marx et de Weber). Selon vous, est-ce que des nouveaux mouvements sociaux et politiques (altermondialisation, terrorisme, conflits ethniques et religieux) remettent en question le modèle économique capitaliste ou la domination légale rationnelle de l'État ? Vous pouvez répondre comme vous voulez, l'important est d'expliquer ce que vous considérez comme les principaux points de l'économie capitaliste et du modèle étatique occidental et comment les nouveaux acteurs sociopolitiques tendent soit à les renforcer soit à les remettre en question. [...]